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03/04/2012

2 avril 2012 : il y a 30 ans, la guerre des Malouines

9 de julio.JPG
Voilà près de 6 mois que le sujet des Malouines est constamment présent dans l’agenda de Cristina Kirchner. Et pourtant aujourd’hui, date anniversaire du début de la guerre, à Buenos Aires, c’est le calme plat.

L’avenue 9 de Julio est encore encombrée des gradins et des barrières installées pour la course de Grand Tourisme qui a eu lieu deux jours plus tôt. Des pneux sont amoncelés devant la Casa Rosada. Et les drapeaux qui flottent au-dessus de l’avenue de mai célèbrent juste le retour d'une grande compétition automobilie dans les rues porteñas.


soberania.JPGFinalement, ce sont encore les murs et les journaux qui parlent le plus des îles du Sud-Atlantique. Comme toujours, des affiches réclamant la souveraineté de l’Argentine sur les Malouines sont présentes ici et là. La « perle perdue »fait la Une de tous les quotidiens (mais depuis combien de semaines déjà ?). En passant devant un bar, j’aperçois Cristina sur un écran de télévision, mais la salle est vide. 

 

croix des vétérans.JPGIl n’y a que sur la place de Mai que les Vétérans non-reconnus de la guerre continue de crier injustice. Ils ont installé sur une des pelouses des croix pour leurs compagnons tombés au combat. Quelques passants  viennent discuter avec eux. Mais aujourd’hui les plus nombreux sur la place de mai sont bel et bien les pigeons.

 

 

 

Face à la Casa Rosada, un panneau en anglais vient toutefois rappeler que l’Argentine reste aux abois.

 

message en anglais.JPG

 

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17/03/2012

Un triste anniversaire : les 20 ans de l’attentat contre l’ambassade d’Israël en Argentine

20 ans - attentat ambassade israel buenos airs.jpgLe 17 mars 1992, une bombe détruisait intégralement l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, provoquant la mort de 29 personnes et en blessant plus de 200 autres.

Cette attaque anti-israélienne en Amérique du Sud constituait une tragique première.

Deux ans plus tard, l’Argentine était une nouvelle fois la cible d’une attaque terroriste anti-juive. Le siège de l’organisation mutuelle juive AMIA en était la cible ; 85 personnes y perdirent la vie.

Les longues enquêtes qui suivirent les deux attentats ne purent aboutir à des résultats clairs. Iran, Hezbollah ou djihad islamique, plusieurs pistes ont été explorées, mais la justice n’est jamais parvenue à définir les responsabilités.

Le fait que ces 2 attaques se soient produites en Argentine s’explique avant tout par la très importante communauté juive du pays. En fait, celle-ci, estimée à plus de 200 000 personnes, est la plus importante d’Amérique du Sud.

L’histoire de la communauté juive en Argentine, même si elle a au quelques antécédents au XVIe s., a réellement commencé à la fin du XIXe s., avec l’arrivée de très nombreux Ashkénazes, fuyant les persécutions  en Europe de l’Est et en Russie. Si la plupart s’établirent dans la capitale, quelques groupes s’installèrent dans les provinces de Santa Fe et Entre Rios, où ils fondèrent des exploitations agricoles (ce qui donna lieu à la naissance du « gaucho judio »).

Au XXe siècle arrivèrent ensuite des Juifs du Maghreb puis à partir des années 20, de très nombreux personnes fuyant l’Allemagne. Cette vague d’immigration se prolongea jusqu’en 1945.

La communauté juive a apporté à l’Argentine de très nombreux scientifiques et artistes, tels que le prix Nobel de médecine César Milstein,  le chef d’orchestre Daniel Barenboim, le pianiste Lalo Schifrin, l’écrivain Juan Gelman, l’économiste Bernardo Kliksberg,...

*
Depuis les tragiques événements de 1992 et 1994, la plupart des institutions juives de Buenos Aires sont placées sous surveillance et disposent généralement de barrière de protection, empêchant à toute voiture de s’en approcher. A l’emplacement de l’ancienne Ambassade se trouve aujourd’hui une place du souvenir.

15/03/2012

L’Argentine en voie de vénézuelisation ?

On sait que Cristina Kirchner entretient des liens cordiaux, avec son homologue Hugo Chavez. Au point de s’en inspirer très directement ? Hier, les gouverneurs des provinces du Chubut et de Santa Cruz, kirchnéristes convaincus, ont retiré à l’entreprise espagnole Repsol, 4 exploitations de gisement de pétrole.

Le pétrole, le point sensible de l’Argentine

puits-pétrole.jpgL’Argentine, depuis plusieurs mois, met tout en œuvre pour équilibrer sa balance commerciale. On a déjà parlé ici de l’entrée en vigueur de la Declaracion Jurada Anticipada, mesure protectionniste, qui met les importateurs dans une situation extrêmement délicate, puisque les stocks pour l’heure ne rentrent plus ou au compte-goutte.
Voici que désormais le gouvernement s’attaque à la question de l’énergie. Il est vrai qu’en matière énergétique, l’Argentine est nettement déficitaire. En 2012, les importations énergétiques pourraient s’élever à 9 milliards de dollars.

Dès son investiture en octobre, Cristina avait pointé du doigt la chute de la production et les trop faibles niveaux d’investissement des entreprises pétrolières installées en Argentine. Hier, Repsol/ YPF en a donc fait les frais. Le gouverneur de Santa Cruz, Daniel Peralta, a ainsi affirmé : « Aujourd’hui, nous venons pour dire stop aux politiques qui nous ont conduits au chômage et à l’inégalité sociale, qui ont retiré des ressources aux provinces et aux municipalités. Aujourd’hui, les habitants de Chubut et de Santa Cruz, nous venons dire qu’il faut récupérer la souveraineté en matière d’énergie ». (source : El Pais)

Le lancinant problème d’YPF

YPF (Yacimientos petroliferas fiscales) a été créée en 1922. Cette entreprise publique argentine avait pour objectif l’exploitation des ressources pétrolières du pays. Dans les années 90, sous l’ère Menem marquée par un vaste mouvement de privatisation, YPF fut transformée tout d’abord en Société Anonyme, avant d’être totalement privatisée, à travers la vente à l’espagnol Repsol pour 9 milliards de dollars.

Instalaciones-YPF.jpgPour la majorité des Argentins, YPF devrait retourner dans le giron national. Autant dire que la décision prise hier par les gouverneurs de Chubut et de Santa Cruz est donc extrêmement populaire…

Il reste à savoir comment les 2 provinces comptent opérer pour améliorer les niveaux de production sur les gisements retirés à Repsol.

Quelles sont les ressources naturelles de l’Argentine en matière d’énergie ?

L’Argentine dispose de plusieurs types de ressources naturelles, en matière énergétique :
-    Des gisements de pétrole et de gaz. Les principaux gisements de pétrole argentins exploités aujourd’hui se trouvent dans le Nord-Ouest (NOA), à Cuyo, Neuquen, dans le Golf de san Jorge et en territoire austral.
-    De puissants fleuves : Parana, Uruguay, … capables de produire de l’énergie hydroélectrique,
-    Des régions extrêmement ensoleillées, telles que Cuyo, la Puna, la Cordillère orientale, aptes  fournir de l’énergie solaire,
-    Des zones très venteuses, comme l’immense Patagonie
-    Un littoral avec de fortes amplitudes de marées qui permettraient la mise en œuvre d’énergie marémotrice
-    Et enfin des volcans, qui peuvent être utilisés sous forme d’énergie géothermique

Source

Atucha.jpg

Il est à noter que l'énergie renouvelable ne semble pas une priorité argentine...En revanche, pour lutter contre le déficit énergétique, l’Argentine semble miser sur l’énergie nucléaire. La politique nucléaire de l’Argentine s’est développée à partir des années 50, avec la création de la Commission Nationale de l’Energie Atomique.

Il n’existe à l’heure actuelle que 2 centrales en Argentine : Atucha 1, dans la province de Buenos Aires, et Embalse, dans la province de Cordoba. Un projet Atucha 2 est en cours de construction, mais connaît de nombreux retours dus à des problèmes économiques et à la très ferme protestation de nombreux Argentins qui s’élèvent contre la construction d’une centrale près d’une ville de 14 millions d’habitants.

L'image internationale de l’Argentine bientôt ou déjà ternie ?

La décision des gouverneurs de Chubut et de Santa Cruz est une mesure particulièrement agressive. Repsol/ YPF a d’ailleurs annoncé que tous les moyens légaux seraient envisagés pour que cette annonce ne soit pas suivie des faits.

L’Argentine vit à l’heure actuelle un durcissement sévère de sa politique à l’égard des entreprises étrangères, souvent accusées de tous les maux. S’il est sans doute vrai que certaines ont pu spéculer contre le pays, ou contribuer à une évasion très significative de devises, on peut toutefois se demander si l’attitude très belliqueuse de Kirchner et de ses supporters sera in fine bénéfique au pays.

Dans un contexte déjà très marqué par les constantes déclarations et revendications sur les Malouines (dont il faut rappeler que le pétrole est l’un des enjeux),  il y a fort à parier que l’image internationale de l’Argentine risque de se dégrader de manière sérieuse.

10/02/2012

Malouines, l’Argentine ne désarme pas

Dans un précédent post, nous faisions état du regain de tensions visible dès 2011, entre l’Argentine et le Royaume-Uni, au sujet des Malouines (Falklands). Le sujet n’a depuis cessé d’occuper le devant de la scène.
Après avoir convaincu ses partenaires du Mercosur d’empêcher l’accès de leurs ports aux bateaux battant pavillons « Falklands », l’Argentine chercherait à bloquer l’unique vol qui relie chaque semaine les Malouines au continent. Le vol est opéré par LAN et assure la liaison Punta Arenas (Chili) – Port Stanley (Malouines), en passant par l’espace aérien argentin.

Le « blocus commercial », imposé du fait de l’impossibilité pour les bateaux d’effectuer l’aller-retour entre les îles et la côte atlantique, limite déjà l’approvisionnement pour certaines denrées. Si, de fait, le vol de LAN devenu l’unique accès au continent est désormais coupé, la situation pourrait très rapidement devenir compliquée pour les habitants des Malouines.

blocus économique,malouines,argentine,falklands,militarisation,conflit,hms dauntlessAlors que cette année coïncide avec le 30e anniversaire de la guerre, Cristina Fernandez de Kirchner fait des Malouines un sujet brûlant… et feu de tout bois ! L’annonce concernant le vol de LAN est intervenue suite à l’envoi par la marine anglaise d’un de ses bateaux de guerre les plus modernes, le HMS Dauntless (photo), dans les eaux territoriales des Falklands. La présidente argentine a très fermement condamné la présence de ce navire militaire, ce à quoi le gouvernement Cameron a répondu que le HMS Dauntless était dans l’Atlantique Sud pour 6 semaines, dans le cadre d’exercices prévus depuis des mois. L’arrivée de ce navire, à bord duquel se trouve le Prince William, était en effet connu depuis le dernier trimestre 2011.

Il y a fort à parier que le gouvernement Kirchner va continuer d’intensifier ses prises de position diplomatiques en faveur des Malouines dans les semaines à venir. Le conflit avait été déclenché le  2 avril 1982 ; le 2 avril 2012 pourrait donc être le point d’orgue de la campagne kirchnériste.

 

Et pendant ce temps-là, comment va l’économie argentine ? Protectionnisme et contrôle des devises renforcés, baisse drastique des subventions publiques, inflation permanente…

En savoir plus :
-    Les Malouines souffrent déjà du blocus commercial (La Nación)
-    Londres craint le blocus économique argentin aux Malouines (RPP, Pérou)
-    [CFK] Aux Nations-Unies contre la militarisation des Iles (Pagina 12)

05/02/2012

Réforme de la Constitution argentine, CFK va-t-elle aller jusqu’au bout ?

constitucion-argentina.gifQuand l’on commence à vouloir modifier la constitution d’un Etat pour rester plus longtemps au pouvoir, les citoyens peuvent commencer à s’inquiéter pour le respect de la démocratie… Il faut par exemple demander aux Sénégalais ce qu’ils en pensent.

Or voilà que les kirchnéristes nous parlent d’un rêve de Cristina éternelle. La réforme de la Constitution souhaitée par le parti au pouvoir fait beaucoup jazzer ces derniers jours. La politique argentine n’est-elle pas en train de virer au culte de la personnalité aux dépens des idées et programmes ?

Ojo ! sujet sensible à suivre.


08/01/2012

Les Malouines/ Falklands : d’une guerre à une autre ?

30 ans après la guerre des Malouines, les tensions restent vives entre la Grande-Bretagne et l’Argentine, qui continue de revendiquer la souveraineté sur ces îles situées à 480 km de ses côtes. Les derniers mois ont été émaillés de nombreux incidents et Cristina Fernandez de Kirchner ne semble pas prête à abdiquer. La possibilité d’un nouveau conflit armé est-elle tout à fait exceptée ?

Les Malouines ont une histoire singulière. Découvertes en 1592 par John Davis, elles ont porté presque autant de noms que le nombre de navigateurs qui passèrent au large ou y posèrent le pied ! En 1690, le capitaine Anglais John Strong les baptise Falklands, nom qu’elles conservent aujourd’hui pour les Britanniques. Toutefois, c’est le nom que lui donna en 1764 Louis-Antoine de Bougainville , en référence à Saint-Malo (port d’attache de l’expédition), qui s’imposa dans le monde hispanophone sous la forme « Malvinas ».

carte - malouines.gifAprès une histoire tumultueuse –les Malouines sont tour à tour françaises, espagnoles, anglaises, puis argentines- le 3 janvier 1833, la souveraineté britannique est déclarée sur ces îles sans résistance argentine (le capitaine José Maria Pinedo alors en poste, ne s’estimant pas disposer des ressources nécessaires pour lutter contre l’armée britannique).

Depuis lors, la question des « Malvinas » a occupé l’espace public argentin jusqu’au « point culminant » de 1982, lorsque les militaires au pouvoir à Buenos Aires décidèrent de prendre d’assaut les Malouines. La guerre  ne dura que quelques semaines ; elle fit 635 victimes du côté argentin, 255 du côté anglais, et se solda par une victoire britannique.

30 ans après, les slogans pro-Malouines fleurissent sur les murs, les « Malvinas argentinas » sont un nom de rue répandu, et les « vétérans de la guerre » non-reconnus continuent de réclamer des indemnités à travers une occupation très visible de la Plaza de Mayo.

Au plan diplomatique, les derniers mois de 2011 ont été tendus entre l’Argentine et le Royaume-Uni.
Courant novembre, la nouvelle annoncée de l’arrivée du prince William sur le sol des Falklands (en février-mars 2012) a constitué un premier incident de taille,  la présidente argentine, considérant que la venue du futur roi n’était rien d’autre qu’une provocation.
malvinas_argentinas (Daniel Marie).jpg
Puis en décembre, lors du sommet de la CELAC, CFK a reformulé ses revendications sur les Malouines, soutenues en cela par la plupart des dirigeants latino-américains. Quelques jours plus tard, le 20 décembre, les pays membres du Mercosur ont annoncé qu’ils refuseraient désormais l’entrée de leur port à tout bateau battant pavillon des Falklands.

                                                                            source photo : Daniel Marie

Enfin, le Ministères des Affaires Etrangères argentin, Hector Timmerman, écrivait le 3 janvier dans une tribune de Pagina 12 que "la question des Malouines est un  cas particulier d’usurpation de la souveraineté, qui mutile l’intégrité territoriale de l’Argentine". Comme CFK, lors du sommet de la CELAC, il présentait les Malouines comme l’un des derniers relents de la colonisation. De fait, les Malouines font partie des 16 territoires non-autonomes qu’étudie annuellement le Comité des 24 des Nations-Unies (dédié à la décolonisation).

Dans cette même tribune, Hector Timmermann faisait une allusion rapide à la question pétrolière et s’attardait sur l’usage militaire fait des Iles Malouines, les Britanniques y pratiquant des tirs de missile d’après ses dires.

Il faut savoir que l’un des enjeux principaux qui réside aujourd’hui autour des Malouines est lié aux gisements pétroliers situés dans ses eaux territoriales. Ainsi les revendications argentines ne sont-elles pas seulement une forme de déclaration d’amour pour ces quelques km2 carrés de terres battues par les vents.

falkland islands.jpgDe son côté, le Royaume-Uni a toujours mis en avant au cours des discussions concernant les Malouines/ Falklands la volonté des habitants de rester sous le drapeau britannique.

En 2013, l’"occupation" britannique des Malouines atteindra son 180e anniversaire. Ce chiffre tout rond, et sinistre pour l’Argentine, pourrait-il être l’occasion d’une percée belliqueuse ?

Car il n’aura évidemment pas échappé au gouvernement de Cristina Kirchner que le gouvernement Cameron a effectué des coupes budgétaires sévères en matière de défense*, ce qui pourrait constituer une véritable tentation d'attaque...

*Le 30 décembre 2011, le Royaume-Uni a rendu public des documents jusque-là classés confidentiels, qui montrent que des mises en garde contre une possible invasion argentine avaient été adressées à Margaret Thatcher, dans un contexte de diminution budgétaire pour la défense navale britannique (source : Buenos Aires Herald 31 décembre 2011)



Sources d'info sur les Malouines/ Falklands

> Lire la page en espagnol de Wikipedia sur les Malouines (très clairement orientées pro-britanniques : "Luego de la guerra, los isleños obtuvieron la plena ciudadanía británica, su estilo de vida fue mejorando por las inversiones que hizo Gran Bretaña y la liberalización de las medidas económicas que habían estado paralizadas para evitar conflictos con la Argentina. En la Argentina el resultado de la guerra tuvo entre sus efectos evitar definitivamente una eventual guerra con Chile y desencadenó el fin de la dictadura militar y el regreso a la democracia."

> Film de Peter Kominsky (1987), « La guerre des Malouines » disponible en 4 parties sur dailymotion :
(très intéressant documentaire avec des images d’époque et de nombreux témoignages de personnes ayant pris part à la guerre)

> La guerre des Malouines sur le Forum « Au militaire »

> Pour une vision des Malouines / Falklands par ceux qui y vivent (le site n’est plus mis à jour, mais donne de nombreuses infos sur l’histoire des îles)

>  Site argentin sur les « Malvinas argentinas »

> Autre site argentin : Malvinense  (bien à mis à jour)

> Fondation des Vétérans des Malouines