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28/12/2011

Cristina Kirchner bientôt opérée d'un cancer de la thyroïde

C'est la nouvelle qui sera sans doute la plus commentée en cette semaine d'entre-fêtes.

CFK, Cristina Kirchner, cancer de la thyroïde

La Casa rosada a fait savoir que la présidente argentine serait opérée le 4 janvier d'un cancer de la thyroïde. Aucun métastase n'ont été détectés, et les pronostics sont très favorables, ce type de cancer présentant un très bon taux de guérison.

Après son opération, Cristina Fernandez de Kirchner s'accordera une période de convalescence de 20 jours. C'est le vice-président Amado Boudou qui assurera l'intérim.


> Plus d'info sur la Nacion et Pagina 12

 

edit 7 janvier 2012 : suite à l'opération, un porte-parole de CFK a fait savoir que les cellules incriminées n'étaient finalement pas cancéreuses... voir l'article du NYT "Cancer diagnosis was wrong"

19/12/2011

La CELAC bientôt plus forte que l’UE ?


Le sigle CELAC n’est sans doute pas aussi connu que l’UE… Pourtant se cache derrière une communauté économique dont le pouvoir croît de façon permanente, tiré avant tout par un moteur rugissant : le Brésil. Tandis que l’Union Européenne est fortement ébranlée par la crise internationale, la CELAC peut-elle profiter des faiblesses des puissances occidentales pour renforcer son pouvoir sur la scène internationale et devenir un pôle économique majeur ?

celac.jpgLa CELAC est la communauté des Etats latino-américains et caribéens. Ce groupe a été fondée en février 2010, lors d’une réunion des gouvernants des pays latino-américains, à Playa del Carmen au Mexique. L’objectif principal de la CELAC est d’accélérer l’intégration économique des pays latino-américains et caribéens, mais également de renforcer la coopération politique entre ses différents membres.

CHIFFRE : le commerce interrégional dans la zone CELAC ne représente que 16% des échanges commerciaux des pays de la zone. Autrement, les pays de la CELAC réalisent plus des 4/5e de leur import/ export avec des pays non latino-américains (avant tout avec les Etats-Unis).

Les trois grandes puissances économiques de la CELAC sont le Brésil, le Mexique et l’Argentine ; toutefois sur le terrain politique, d’autres voix se font entendre avec vigueur, c’est notamment le cas de Hugo Chavez (Venezuela) et de Evo Morales (Bolivie).

Le premier sommet de la CELAC s’est tenu les 2 et 3 décembre derniers à Caracas (Venezuela). A l’ordre du jour, un sujet forcément d’actualité : comment la Communauté des Etats latino-américains et caribéens peut-elle affronter la crise économique mondiale ?

En 2010, le taux de croissance moyen sur la zone CELAC était de 4,9%, une performance qui doit faire briller d’envie les yeux européens et nord-américains. Toutefois, si la région résiste bien à la crise économique mondiale, elle doit faire face à une baisse des exportations, et une diminution sensible des flux de capitaux.

C’est pourquoi les gouvernants de la zone ALC ont insisté lors du sommet sur une nécessaire solidarité, permettant de faire front avec plus de poids. Le président colombien, Santos, a pour sa part affirmé : "Ce siècle pourrait être celui de l’Amérique latine si nous jouons bien nos cartes".

Cette opinion a été partagée par Cristina Kirchner pour qui les pays d’Amérique latine ont aujourd’hui « une opportunité historique de [se] convertir en acteurs majeurs du XXIe siècle ».
(Pagina 12, 3 décembre)



  • 1. La CELAC et la crise économique mondiale


Pour certains dirigeants latino-américain, tels qu’Hugo Chavez ou Evo Morales, la crise économique mondiale est le signe patent de l’échec du capitalisme. L’Amérique latine doit ainsi, à leurs yeux, être pionnière dans l’édification d’une nouvelle voie. C’est notamment ce qu’a affirmé le président bolivien : "Il faut asseoir les bases d’un nouveau modèle, le socialisme, le néosocialisme, le “bien vivre”, le socialisme du 21e siècle, peu importe le nom qu’on lui attribue".

Pour pouvoir quoi qu’il en soit affronter la crise, la CELAC compte s’appuyer sur plusieurs dispositifs. Au cours du Sommet de Caracas, les dirigeants des pays latino-américains ont notamment convenu de la mise en place de nouveaux outils au sein de l’UNASUR.

Parmi les mesures à développer pour lutter contre la crise : la création d’un fonds de réserve, la dédollarisation du commerce interrégional, la protection des monnaies victimes d’attaques spéculatives (un sujet qui touche particulièrement le peso argentin).

De plus, le projet de Banco del Sur a été remis à l’ordre du jour. La Banque du Sud est une banque régionale de développement portée sur les fonds baptismaux en 2007, mais jamais mise en œuvre de manière effective. Les pays à l’intiative du projet sont l’Argentine, la Bolivie, le Venezuela et l’Equateur. Si l’Uruguay apportait prochainement son appui financier comme cela a été évoqué à Caracas, la Banque du Sud pourrait enfin devenir réalité.
 
Nota bene : la Banque du Sud se veut une alternative au FMI et à la Banque Interaméricaine de développement (BID), qui représentent pour les pays fondateurs de Banco del Sur, les bras financiers du capitalisme international dans la région.

Enfin, à l’occasion du sommet de la CELAC, Dilma Roussef, présidente du Brésil et Cristina Kirchner ont annoncé la création du Mécanisme d’Intégration Productif (MIP), dont l’objectif est d’approfondir les relations commerciales entre les deux pays. L’ambassadeur argentin au Brésil soulignait ainsi : "Quand le Brésil croît, l’Argentine croît" (Pagina 12, 3 décembre)


  • 2. Les sujets politiques évoqués lors du sommet de la CELAC


Plusieurs sujets sensibles ayant trait à la coopération d’ordre politique ont été également évoqués à Caracas :

-    CFK est revenue sur le sujet des îles Malouines (Malvinas), qu’elle a présentées comme "dernière enclave coloniale du monde". Le conflit diplomatique entre Argentine et Royaume-Uni autour des Malouines/ Falklands ne semble pas prêt de s’achever. Cristina Kirchner est soutenu par la CELAC dans ses revendications. Un incident diplomatique entre Uruguay et Royaume-Uni au sujet des Iles Malouines vient d'ailleurs d'avoir lieu, l'Uruguay refusant que des bateaux de pavillon "Falklands" entrent dans ses ports.

-    La lutte contre le narcotrafic a également tenu le haut de l’affiche, sujet qui tient particulièrement à cœur à Santos, le président colombien.

-    Le très délicat dossier de l’accès de la Bolivie à la mer, dossier porté à bout de bras par Evo Morales, président bolivien, qui compte bien se faire entendre par son homologue chilien, Sebastian Piñera. Pour rappel, la Bolivie a perdu son accès à la mer en 1883, suite à la Guerre du Pacifique qui l’opposa au Chili. Un traité d’amitié de 1904 validait de manière définitive les nouvelles frontières péruviennes et chiliennes. Le Pérou, allié à la Bolivie perdit également une partie de son territoire lors de cette guerre.


Avec la naissance de la CELAC, les pays d’Amérique latine et Caraïbe marquent leur volonté de ne plus dépendre des Etats-Unis, comme c'était le cas au sein de l'Organisation des Etats Américains (OEA). 

Reste à voir si ce nouvel organisme va peu à peu s'imposer sur la scène mondiale ou se transformer en coquille vide.

**

 

Quelques données économiques de la CELAC
population : environ 600 millions d’habitants
taux de croissance du PIB en 2010 : 4,9 %
taux de pauvreté : 32 %



Pour plus d'infos :
> Le monde : L'Amérique latine sans tutelles
> RFI : Naissance de la CELAC
> Un site très complet d’informations (en français) sur les pays de l’UNASUR : http://www.unasur.fr/

04/11/2011

Prête à s’en-cannes-ailler

Cristina Fernandez de Kirchner est aujourd’hui à Cannes, où vient de s’ouvrir le sommet du G20 sur fond de tragédie grecque et hystérie mondiale (la criiiiiiiiise).

Côté Argentine, un rendez-vous de ce G20 est particulièrement attendu : la réunion qui aura lieu demain entre la présidente fraîchement réélue et Barack Obama. En effet, cet événement n’a rien d’anodin.

cfk-obama-2.jpgLes relations bilatérales Argentine-Etats-Unis sont tendues depuis quelques années, la Maison Blanche n’ayant pas été une fervente supportrice des mandats Kirchner, dont la politique économique notamment est très éloignée du néo-libéralisme américain.

(photo: CFK et Obama en 2009)

 


La tornade Wikileaks n’a ensuite pas amélioré les choses en exposant au grand jour quelques câbles diplomatiques à la fois méprisants et très soupçonneux à l’égard des hôtes de la Casa Rosada. L’administration diplomatique américaine s’interrogeait notamment sur les soucis intestinaux de Nestor et sur la santé mentale de Cristina (est-elle sous Valium ?!) ; CFK était même présentée comme une possible va-t-en guerre dans un contexte de tensions avec l’Angleterre sur des forages de pétrole aux Malouines.

Au-delà de ces échanges diplomatiques révélés, le dialogue argentino-américain est compliqué par la question de la dette argentine. Les Etats-Unis ont récemment refusé l’octroi de nouveaux crédits à l’Argentine via la Banque Interaméricaine de développement.

Bref. CFK était loin d’être en odeur de sainteté.

Oui, mais voilà, elle vient d’être triomphalement réélue, faisant d’elle l’une des personnalités politiques incontournables du Cône Sud. Il va falloir donc oublier ces incidents wikileaks et ces divergences plus fondamentales en matière économique et idéologique. Mais qu’est la politique, sinon une histoire de petits arrangements ?

Ben Rhodes, conseiller de la Maison Blanche, a précisé que le rendez-vous de Cannes serait l’occasion d’évoquer “[les] intérêts communs en termes de croissance économique et de sécurité des Amériques, ainsi que la coopération sur des thèmes globaux, l’Argentine étant partie prenante du G20 et de nombreuses autres institutions où les deux pays partagent des intérêts communs ».

 

Yep, Bro’, demain, ça va dealer grave !

> Les cables wikileaks concernant l'Argentine

> Composition du G20

28/10/2011

Les démons argentins (2)

Il faut vivre en Argentine pour comprendre à quel point la dictature militaire est encore une réalité quotidienne. Près de 30 ans après la chute du gouvernement Videla et l’arrivée de la démocratie, il ne se passe pas une seule journée sans que les journaux n’évoquent les Disparus, soit à travers des encarts publiés par les familles, soit à travers des articles sur les recherches d’enfants volés aux opposants assassinés, soit à travers les interventions des mères de la Place de Mai, soit à travers les procès des anciens persécuteurs.

Mercredi s’est précisément achevé le procès du capitaine Alfredo Astiz, qui avait sévi à l’Ecole de mécanique de l’armée (ESMA), connue de sinistre manière pour avoir été l’un des plus terribles centres de torture, durant la dictature. Jugé en même temps que 11 autres militaires pour 86 cas de victimes, il a écopé tout comme les autres accusés de la condamnation à perpétuité. Pleurs et cris de « joie » se sont alors fait entendre dans la salle d’audience où étaient venues en masse des familles de disparus.

Parmi les très nombreux crimes dont Astiz a été reconnu coupable, la torture et l’assassinat de deux religieuses françaises, Léonie Duquet et Alice Domon, en 1977, crime pour lequel la France en 1990 l'avait condamné à la perpétuité, par contumace.

Léonie Duquet et Alice Domon

Mercredi, l’avocate des familles des religieuses, Maître Sophie Thonon, s’est réjouie de cette avancée significative dans « la lutte contre l’impunité ». Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a également salué ce verdict qui fait « honneur à l’Argentine ».

>>Lire l’article du Nouvel obs sur ce thème.

Photo : Alice Domon et Léonie Duquet

24/10/2011

Suspense 0, mais fiesta a full!

Hier soir, alors que les résultats provisoires des élections présidentielles en Argentine tombaient peu à peu, 54% pour Cristina Fernandez de Kirchner, la foule convergeait vers la place de Mai, siège du palais présidentiel, la Casa Rosada.

casa rosada eleccion CFK

Dans une ambiance extrêmement festive, les partisans du kirchnérisme se retrouvaient autour des groupes de musiques et autres fanfares convoqués par des groupes de militants. Les drapeaux fleurissaient comme une prairie printanière, et les vendeurs de quilmès, de pancho, ou de chori pouvaient se remplir les poches. Tout le monde riait, tout le monde paraissait heureux. Ce résultat couru d’avance confirmait les chiffres de la primaire: Cristina a écrasé la concurrence, c’est parti pour un 2e mandat ! Derrière, Hermès Binner et Raoul Alfonsin ont à peine fait bonne figure (17 et 13% des votes), tandis que les 4 autres candidats se partageaient les miettes.

A se fondre hier dans la foule de la plaza de Mayo, on pouvait mesurer la force de Cristina qui a littéralement conquis la jeunesse, en usant avec habileté de son image « à la Evita », du rôle joué par son mari feu président Kirchner considéré comme le Sauveur dans l’Argentine en déroute post-2001, et égalemennt des résultats économiques probants du pays au cours de son premier mandat.
Viktoria Kristina
Mais hier, lorsque Cristina est apparue sur une scène placée au milieu de la place, ce n’est pas de son bilan dont elle a parlé. Non, ce qu’elle a scandé c’est son amour pour son pays, sa patrie (un mot récurrent dans son allocution), son défunt mari, son peuple… Devant la foule déchaînée, CFK a rappelé avec des larmes dans la voix que ce qu’elle vivait dépassait ses rêves, et que la jeunesse ici présente représentait tout pour elle, et surtout un avenir radieux ! La foule applaudissait de façon intense, et reprenait en coeur "Cristina, Cristina!". Moment d’émotion étrange, à la limite du culte de la personnalité…

Mais effectivement l’avenir s’annonce radieux pour Cristina Fernandez de Kirchner, car non seulement elle a conquis ce 2e mandat avec un résultat écrasant, mais son parti le Front pour la Victoire, a gagné hier aux législatives organisées simultanément, le nombre de sièges suffisant pour retrouver la majorité perdue lors des élections passées.

De quoi appliquer sans difficulté aucune les politiques de son choix… et de quoi entretenir les discours des opposants sur les possibles dérives d’un gouvernement sans entrave !

L’avenir permettra de juger.

> Consulter les résultats des élections présidentielles argentines + législatives & gouverneurs


Photos : Isabelle Laumonier

18/10/2011

Petits mots, grandes intentions

A J-5 des élections, quelques slogans ou jingles de la campagne public des candidats retiennent l’attention.

Francisco de Narvaez n’y va pas par 4 chemins et assène aux électeurs :
"Solo en las urnas, podes hacer justicia por mano propia."
> Seulement dans les urnes tu peux te faire justice toi-même

Le recours à l’expression « justicia por mano propia » intervient dans le cadre d’une campagne largement orientée vers les questions d’insécurité et de criminalité. En précisant que cette justice par soi-même ne peut se faire que dans les urnes, de Narvaez ne cherche-t-il pas au contraire à dire aux électeurs qu’il est prêt à prendre tous les moyens nécessaires pour éradiquer la violence ?

Autre candidat, autre communication plus joviale Alberto Rodriguez Saa, qui a lancé une « cumbia » (chanson pop) de campagne, au refrain optimiste :
"Alberto es una masa, te da una casa!"
> Alberto est genial, il te donne une maison !

 

edit 19.10 : Rodriguez Saa a un programme solide pour contribuer au développement de l'Argentine. Non seulement, il offre des maisons, mais aussi le Wi-Fi gratuit pour tous. Il a le bras long Alberto... Photo : affiche électorale vue hier dans la rue.

wifi.JPG

 

 

Enfin, Cristina dont la victoire est assurée, nous prend par les sentiments et signe une magnifique affiche de campagne du slogan « La force de l’amour », où on la voit étreindre son défunt mari et ex-président Nestor.

A-campagne Cristina.JPG

Et si pour la présidentielle française 2012, Nicolas Sarkozy proposait « La force de la paternité », avec Nico junior dans ses bras ?
edit 19.10 : bon, en fait la photo sera avec Nicolette !