28/02/2013
Peso contre dollar : sauve qui peut ?
Le dollar « blue » ($ au marché noir) a atteint ces dernières semaines un record historique de 1 pour près 8 pesos Argentins, tandis que le taux officiel se situe à 1 pour 5.
La méfiance des Argentins n’a cessé de se renforcer depuis les premières mesures de limitation des changes, mises en œuvre l’année dernière par le gouvernement Kirchner.
Résultat, le peso ne cesse de perdre de sa valeur, les Argentins cherchant à s’en débarrasser le plus rapidement possible, soit via la consommation, soit via la transformation en dollars.
Le marché parallèle du change peut se réjouir… Les transactions vont bon train !
.... Effet collatéral, l’inflation poursuit son envolée.
21:42 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dollar blue, dollar officiel, argentine, dolar blue, inflation, spéculation | Facebook | | |
07/02/2013
La forêt primaire argentine ne cesse de reculer
30 %. C’est ce qui reste aujourd’hui de la forêt « originelle » en Argentine. Les 30 millions d’hectares de « bosques nativos » qui subsistent peuvent impressionner, mais il y a deux cents ans l’Argentine était encore un vrai poumon vert. Si le cas est moins connu et moins patent que celui du voisin Brésilien, qui déforeste allègrement en Amazonie, la situation de l’Argentine n’en reste pas moins alarmante. Greenpeace vient de faire paraître un rapport sur les forêts primaires qui pointe du doigt les bonnes… et surtout les mauvaises conduites !
La loi forestière de 2007
En Argentine, il a fallu attendre fin 2007 pour que soit votée une loi visant à encadrer et limiter les coupes sauvages saignant les forêts. Toutefois, la « ley de Bosques » s’est révélée peu efficace. Greenpeace souligne qu’entre fin 2007 et fin 2012, plus de 1,1 million d’hectares ont été abattus… soit 26 ha/heure pendant 5 ans. L’ONG internationale précise qu’il est impossible de savoir quel pourcentage de cet abattage s’est fait avec des autorisations administratives et quel pourcentage est le fait d’agissements illégaux. Les régions les plus touchées ont été celles de Santiago del Estero, Salta et Formosa.
Le rapport de Greenpeace salue toutefois quelques améliorations notamment dans les provinces du Chaco, de Misiones et San Luis.
Le bilan global de la loi reste malgré tout très négatif. Autre exemple frappant : la loi instaurait via son article 31 la mise en place d’un fonds national pour « l’enrichissement et la conservation » des forêts originelles. Les sommes investies dans ce fonds devaient représentaient au minimum 0,3 % du budget national. Ce financement devait être complété par un prélèvement de 2 % sur les exportations de produits primaires et secondaires provenant de l’agriculture, de l’élevage et du secteur forestier. Or en 2012, sur les 1,9 milliard de pesos qui auraient dû être versés, seuls 267 millions l’ont été !
Pourquoi déforeste-t-on en Argentine ?
L’industrie forestière argentine n’est pas la plus coupable… De fait, la déforestation en Argentine s’explique essentiellement par :
- * La place considérable exigée par la culture du soja, véritable poumon économique depuis 10 ans. De nombreuses voix s’élèvent ainsi contre le remplacement des forêts primaires par du soja OGM… deux visions du monde s’affrontent ici.
- * Le besoin de terres pour l’élevage est l’une des autres causes majeures de la déforestation.
- * Enfin, l’industrie minière, avide d’explorations dans les zones de forêts primaires, est la 3e grande responsable de la disparition de la forêt primaire argentine.
Les conséquences de la déforestation
Outre des conséquences évidentes en matière de biodiversité et d’impact environnemental, la déforestation a un coût humain très important. Les conflits entre industries de l’agroalimentaire ou minières et les peuples originaires ou les communautés paysannes implantés depuis des siècles dans des zones forestières ne cessent de se multiplier.
Greenpeace précise que la déforestation dans des zones traditionnellement habitées ou utilisées par des communautés indigènes ou paysannes contrevient pourtant aux articles 19, 24 et 26 de la « ley de bosques ».
En Patagonie, ce sont notamment les Mapuche qui s’élèvent avec véhémence contre les coupes dévastatrices sur des terres considérées comme ancestrales (et ce des deux côtés de la Cordillère, les Mapuche chiliens étant également très concernés).
Dans le nord de l’Argentine, ce sont les communautés Wichí, Quom y Mocoví, habitant la province du Chaco, qui sont les plus touchées.
Même si l’urgence est manifeste, il semble que les intérêts économiques continuent pour l’heure de prévaloir…
22:55 Publié dans Economie argentine, Société argentine - questions sociales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : déforestation, argentine, greenpeance, bosques nativos, forêts primaires argentines, chaco, soja, soja ogm, mapuche, communautés indigènes, bosque andino-patagonico | Facebook | | |
29/12/2012
Fin d'année animée !
L’année 2012 tire à sa fin… et ces dernières semaines en Argentine ont encore été l’occasion de nombreux rebondissements.
Expropriation de La Rural
En avril, l’expropriation d’YPF, la société pétrolière argentine qui avait été vendue à l’espagnole REPSOL sous l’ère Menem, avait fait couler beaucoup d’encre… Cristina Kirchner a remis le couvert en cette saison de fêtes.
Le 20 décembre, le gouvernement annonçait l’expropriation de « La Rural », un centre d’exposition (connu essentiellement pour son salon de l’agriculture) situé en plein Palermo, l’un des quartiers chic de Buenos Aires. Pour de nombreux commentateurs, il s’agissait là pour le gouvernement de rappeler son pouvoir, alors qu’il venait d’essuyer un échec important avec le report de l’application de la loi des médias.
Le gouvernement Kirchner a toujours été opposé aux très puissants lobbys agricoles argentins, qui n’ont pas manqué de protester vertement lors de l’annonce de l’expropriation.
Revers du gouvernement dans sa lutte contre le groupe Clarin
Le 7D (7 décembre) aurait dû être un jour de triomphe pour le gouvernement. Ce jour-là, devait voir la dissolution du « monopole » du groupe Clarin, propriétaire du quotidien Clarin mais aussi d’une véritable nébuleuse de médias.
Le quotidien Clarin est le journal le plus populaire d’Argentine ; associé à la myriade d’autres journaux, de radios, de canal de télé qu’il possède, il se présente comme la voix de l’opposition au kirchnérisme.
Grâce à de nombreuses actions en justice et semble-t-il de forts appuis au sein du pouvoir judiciaire, le groupe Clarin est parvenu à faire reporter la loi.
L’opposition entre le gouvernement et le groupe Clarin n’a cessé d’enfler depuis 2008, date à laquelle les bonnes relations entretenues entre les Kirchner et Clarin ont soudain pris fin… pour une raison inconnue (les relations entre Hector Magnetto, co-propriétaire de Clarin et Nestor Kirchner étaient jusque là excellentes, les deux hommes ayant de nombreux tête-à-tête).
Aujourd’hui, c’est une véritable guerre verbale et judiciaire que se livrent et Ernestina Herrera de Noble, propriétaire majoritaire de Clarin.
Le quotidien Clarin est le journal le plus populaire d’Argentine ; associé à la myriade d’autres journaux, de radios, de canal de télé qu’il possède, il se présente comme la voix de l’opposition au kirchnérisme.
L’histoire de Clarin et ses relations avec le pouvoir sont particulièrement compliquées. Il est généralement reconnu que Clarin était très proche de la dictature. En 2002, les Grands-mères de la place de mai ont d’ailleurs porté plainte contre Herrera de Noble, en l’accusant d’avoir adopté des enfants de disparus (ce qui a été infirmé par des tests ADN, en octobre 2012).
La saga judiciaire Kirchner-Clarin se poursuivra en 2013… Qui aura le dernier mot ?
20:31 Publié dans Economie argentine, Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la rural, expropriation, clarin, herrera de noble, magnetto, nestor kirchner, cristina kirchner | Facebook | | |
27/10/2012
La liberté dans les serres des vautours...
Insolite, exotique, ou juste tristement actuelle ? Cette nouvelle a fait la Une de tous les journaux argentins cette semaine. Un hedge fund proche du milliardaire Paul Singer a fait main basse sur la frégate Libertad, l’un des joyaux de la marine argentine… dans le port de Tema au Ghana ! Un point sur cette histoire rocambolesque.
La frégate Libertad : un vrai butin
C’est un fameux 3 mâts…, comme dit la rengaine. Le Libertad est un vaisseau-école appartenant à la marine argentine. Achevé en 1963, il a accueilli au total plus de 11 000 marins qui se sont formés à son bord. Ce bateau à voile croise les eaux du globe tout au long de l’année et participe régulièrement à des régates de prestige.
Que s’est-il donc passé à Tema ?
Le port de Tema est situé à l’est d’Accra, la capitale du Ghana. Début octobre, alors que la frégate Libertad y avait accosté, un juge ghanéen a accédé à la demande du fonds NML, basé aux îles Caïman, d’interdire à la frégate de repartir et d’en prendre possession. Durant 3 semaines, la totalité de l’équipage, soit plus de 330 marins, sont restés à son bord, jusqu’à ce que 280 d’entre eux soient finalement rapatriés par vol Air France, ce jeudi 25 octobre, à Buenos Aires. Le commandant et 40 hommes sont toujours sur le navire.
Mic-mac financier et liberté sacrifiée
Le fonds NML souhaite s’accaparer le navire au nom des dettes que lui doit l’Etat argentin. En effet, ce hedge fund avait acheté en 2000, 370 millions de dollars de bons du trésor argentin ; une somme que l’Etat n’a jamais remboursé après le désastre financier 2001, qui s’était traduit par un défaut de paiement.
Depuis l’immobilisation de la frégate militaire dans le port de Tema, Cristina Kirchner s’en est très violemment prise à ce « fonds vautours ». De fait, de nombreux actifs argentins sont régulièrement la cible de gros créditeurs, qui cherchent à tout prix à récupérer leur mise, perdue en 2001.
Le magazine Forbes raconte qu’en 2007, Elliott Capital (dont NML est une filiale) avait tenté de mener une action judiciaire contre l’avion présidentiel argentin qui devait effectuer des opérations de maintenance aux Etats-Unis. En 2009, c’est le stand de l’Argentine au salon du Livre de Francfort ainsi que des œuvres d’art, qui ont failli être saisies.
Eternelle et terrible question de la dette… quand des fonds privés finissent par étrangler des Etats. On touche ici à ce qu’a de plus dévastateur la finance internationale. Paradis fiscaux, fonds rapaces… A qui profite le système ? En attendant, la Liberté est à l’ancre, victime sacrificielle placée sur l’autel du dieu Argent.
02:20 Publié dans Economie argentine, Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fonds vautour, fonds rapaces, nml, elliott capital, frégate liberté, marine argentine, cristina kirchner, port de tema, frégate liberté retenue | Facebook | | |
04/10/2012
L'Argentine dans les médias européens
Un séjour de 3 semaines en France m’a donné envie de regarder ce que pensait de l’Argentine la presse quotidienne européenne. L’actualité de ce pays lointain, voire « exotique », est-elle bien relayée ? Quels sont les sujets qui retiennent l’attention des journalistes ?
Pas de suspense inutile : l’Argentine est très peu présente dans les médias européens, sauf dans la presse espagnole, qui suit toujours de très près ce qui se passe en Amérique latine.
Au cours des dernières semaines, voici les sujets qui ont été traités dans quelques pays du Vieux Continent.
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- En France…
Le Monde a signalé le rapprochement Argentine-Iran.
« La présidente argentine tend la main aux Iraniens »
Libé est revenu sur le « match » Cristina Kirchner contre Christine Lagarde … La présidente du FMI menace la présidente argentine d’exclure son pays de l’institution internationale, si les statistiques officielles de l’inflation argentine ne sont pas corrigées. Une chose est claire… personne ne croit en les chiffres officiels de l’Indec, mais en attendant Cristina se défend bec et ongles.
« Kirchner au FMI : l’Argentine ne cèdera à aucune menace ».
- En Angleterre…
The Guardian nous parle de culture digitale en Argentine et des attaques de mouettes sur les baleines au large de la péninsule Valdés.
- En Allemagne...
Le très sérieux FAZ nous parle de la Ford Falcon, auto mythique, star des rues argentines ; et sur un ton tout aussi léger, le Süddeutsche Zeitung nous fait découvrir Buenos Aires et ses charmes touristiques.
- En Espagne…
On fait écho à l’actu chaude.
Les manifestations des forces navales et de gendarmerie à Buenos Aires sont ainsi couvertes par El Pais, tout comme le malaise croissant de la classe moyenne.
El Mundo nous parle d’une plainte déposée par Repsol contre YPF pour concurrence déloyale et du match Argentine-Brésil organisé à Resistencia (province du Chaco, Argentine) et annulé, faute d’électricité dans le stade.
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L’Argentine reste globalement une terre lointaine aux problèmes éloignés. Les manifestations récentes de la « préfecture navale » et de la gendarmerie sont peut-être un « simple » mouvement social comme un autre, mais elles devraient être relevées au moins comme le symbole d’une montée progressive de l'hostilité face au gouvernement Kirchner.
Bien que les revendications de ces forces armées soient avant tout salariales (elles réclament un salaire minimum de 7000 pesos ; pour rappel le salaire minimum en Argentine est de 2700 pesos), leur présence dans les rues de Buenos Aires ont amené certains commentateurs à parler de tentative de « coup d’Etat ».
L’Argentine n’a décidément rien de tranquille… Mais l’Europe, déjà bien empêtrée dans ses propres problèmes, ne s’intéresse guère à sa lointaine cousine d’outre-Atlantique.
18:13 Publié dans Economie argentine, Politique argentine, Société argentine - questions sociales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : relations iran-argentine, fmi et argentine, culture digitale argentine, baleines argentine, manifestation forces armées argentine, ypf repsol, salaire minimum argentine | Facebook | | |
03/09/2012
Accéder aux monnaies étrangères : l'impossible défi argentin
Les mesures visant à limiter l’achat des devises viennent une nouvelle fois d’être resserrées. Désormais, toute personne souhaitant utiliser sa carte de crédit argentine à l’étranger se verra taxer d’un « impôt » de 15% sur chaque opération.
L'enjeu : empêcher l'évasion de capitaux hors d'Argentine
Le gouvernement Kirchner et l’Afip n’en finissent pas d’inventer de nouvelles lois pour tenter de limiter l’évasion de la richesse argentine à l’étranger. En soi, l’effet recherché est positif : conserver les richesses créées en Argentine au sein de ses frontières. Le pays est en effet en proie depuis des décennies à des évasions constantes de capitaux. Le quotidien Pagina 12 cite ce dimanche une étude de Jorge Gaggero, selon lequel les actifs financiers détenus à l’étranger par des Argentins représenteraient 173 milliards de dollars. Une autre étude de l’organisation Tax Justice Network estime quant à elle que ce montant serait de 400 milliards (soit 90% du PIB argentin !).
Les mécanismes actuellement en œuvre pour limiter l’achat de devises doivent notamment permettre à l’administration fiscale de mieux contrôler les ressources réelles des demandeurs de monnaie étrangère, et les inciter à conserver leurs capitaux en Argentine.
Les limites de ces mesures : problème de cibles et développement du marché noir
Le problème est que cette politique aboutit à de véritables privations de libertés et semble toucher in fine les mauvaises cibles. Un professeur d’université argentin nous racontait récemment qu’il cherchait désespérément à obtenir des euros, pour pouvoir aller en France, où il est invité comme intervenant à un colloque. L’Afip a refusé de lui en vendre sous le prétexte que ses revenus n’étaient pas suffisants (peu importe par ailleurs le fait que l’université de rattachement apportait directement la contribution financière…). Quant à utiliser la carte de crédit, elle coûterait un surplus de 15% sur l’ensemble des achats effectués. La seule solution restant envisageable : le marché noir.
La nouvelle mesure : 15% de + pour les opérations par carte de crédit
De fait, il ne s’agit pas réellement d’un nouvel impôt puisque le gouvernement présente cette mesure comme un paiement par anticipation sur l’impôt intitulé « Ganancias y bienes personales ». Autrement dit, lors de la déclaration d’impôt, il serait possible de déduire les 15 % versés.
Si certains doutent de la possibilité réelle de récupérer ses 15%, il faut aussi signaler que les citoyens argentins de ne payant pas cet impôt (comme par ex. ce professeur d’université, ses ressources n’étant pas assez élevés), ils n’auront eux aucun moyen de récupérer quoi que ce soit…
Cette mesure concernera également les achats par carte de débit et par internet.
Ricardo Echegaray, responsable de l’AFIP, a déclaré simplement : “Nous préférons que tous passent leur été en Argentine”… Le concept de choix et de liberté, passe, quant à lui, aux oubliettes…
> en savoir plus sur cette nouvelle charge de 15%
02:07 Publié dans Economie argentine, Vie quotidienne en Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charge 15%, carte de crédit, devise, argentine, marché des devises, marché noir, retrait à l'étranger, achats à l'étranger, acheter des devises en argentine | Facebook | | |