30/10/2011
Grand Buenos Aires : plus de 500 000 personnes vivent dans les villas
L’ONG « Un techo para mi pais » a présenté au début du mois le résultat de ses recherches sur les bidonvilles (« villas ») dans le Grand Buenos Aires. Il en ressort que la conurbation compte aujourd’hui 854 villas où vivent plus de 500 000 personnes.
L’étude a particulièrement attiré l’attention sur le fait que 35% de cet habitat informel se développe dans le lit des fleuves et se retrouve ainsi inondé en cas de pluie, d’où une précarité accrue des populations y vivant.
22% des villas se sont par ailleurs implantées en marge des décharges, d’où elles tirent l’essentiel de leur « survie ».
Consulter le rapport complet d'Un techo para mi Pais
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06/10/2011
Une vision macro : l’inégalité en Amérique latine
Dans un supplément du dimanche 2 octobre du quotidien Pagina 12, l’économiste argentin Bernardo Kliksberg revient dans un article intitulé « Scandale éthique de notre temps » sur un phénomène qui gangrène l’Amérique latine : l’inégalité.
Il y a en effet dans ce continent une distorsion très importante entre les plus pauvres et les plus riches, ce que mesure le coefficient de Gini. La carte accessible à ce lien traduit en couleur les niveaux de coefficient : plus le coefficient est élevé, plus l’inégalité est importante (couleurs : violette, rose, orange, rouge). On constate que l’Amérique latine présente des niveaux d’inégalité particulièrement élevés (tout comme les Etats-Unis, par ailleurs).
L’une des faces les plus visibles de l’inégalité est la grande pauvreté qui touche une partie non-négligeable de la population sud-américaine. Les statistiques révèlent ainsi que :
- 53 millions de personnes en Amérique latine souffrent de sous-nutrition (sur une population totale d’environ 600 millions), alors même que les caractéristiques géographiques et naturelles du continent devraient lui permettre de nourrir jusqu’à trois fois sa population
- 50 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable
- Seuls 49% des garçons et 55% des filles terminent le niveau secondaire (au Nicaragua, au Honduras et au Guatemala, seuls 30% des enfants finissent le secondaire)
Il faut toutefois noter que, conscients de l’importance de l’éducation, quelques pays latino-américains ont mis en place des lois, voire des articles dans leur Constitution, pour fixer un budget plancher à l’éducation : le Costa-Rica et l’Argentine se sont ainsi engagés à y consacrer 6% de leur PNB.
Le partage des richesses est bien sûr au cœur des inégalités. D’après les données du professeur Klinksberg, les 10% les plus riches gagnent en moyenne, en Amérique latine, 30 fois plus que les 10% les plus pauvres (la différence va jusqu’à 60, en Colombie). En Norvège, ce coefficient est de 6.
L’inégalité a une autre dimension, celle du genre. Un seul chiffre suffit : les femmes, à niveau de responsabilité égale, gagnent 30% de moins que les hommes. Ce qui n’empêche cependant pas les femmes d’avoir une visibilité publique. Aujourd’hui, 3 pays d’Amérique du Sud sont présidés par des femmes : l’Argentine de Cristina F. Kichner, le Brésil de Dilma Roussef et enfin le Costa-Rica de Laura Chinchilla.
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Focus Argentine
L’inégalité en Argentine s’est particulièrement creusée suite à la crise financière de 2001, qui a plongé
dans la banqueroute un grand nombre de foyers argentins et provoqué une explosion de la pauvreté, visible dans l’apparition des cartoneros ou le développement des « villas » (bidonvilles en plein centre ville : le plus connu, la villa 31, mais voir également la villa de Chacarita). Cependant, l’inégalité était déjà présente auparavant, attribuable à une présence trop faible de l’Etat, aux crises économiques récurrentes, à une société civile souvent mal organisée et ne disposant pas de moyens suffisants pour se faire connaître.
photo:Villa 31
En matière de société civile, la situation a beaucoup évolué, comme en témoigne l’organisation à la Rural (le palais des expos de Buenos Aires) de la manifestation Exposolidaria la semaine passée. Meilleure coordination, meilleure visibilité, la société civile semble désormais prête à jouer un véritable rôle de levier social.
Parmi les raisons qui expliquent le maintien d’un niveau d’inégalité élevé en Argentine, on peut citer :
- une corruption qui reste étendue
- un système judiciaire peu efficace
- un marché du travail, miné par le travail au noir (40% du marché total), d’où une faible couverture sociale.
Il est à noter qu’aujourd’hui le salaire minimum argentin est de 2300 pesos (env.385 euros) en inadéquation, avec les niveaux de prix actuels (à noter cependant que ce salaire minimum a été augmenté en 2011 de 25% pour faire face à l’inflation, et qu’il est aujourd’hui le salaire minimum le plus élevé d’Amérique latine.)
16:35 Publié dans Economie argentine, Société argentine - questions sociales | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
04/10/2011
La belle et la dette
Cristina Kirchner (photo) doit en rêver : cette dette de 173 milliards de dollars, que l’Argentine doit aussi bien à des entreprises privée, à des organismes internationaux, qu’à des agences du secteur public argentin.
Le lundi 26 septembre, le réveil a dû être un peu plus agité que d’habitude, car les Etats-Unis ont décidé de taper du point sur la table et annoncé qu’à partir de maintenant ils s’opposeraient à tout nouveau prêt accordé à l’Argentine, au sein de la Banque Interaméricaine de développement (BID) et de la Banque Mondiale.
Il faut dire que l’Argentine a un lourd passif derrière elle avec la crise de 2001 qui l’avait mise à terre et rendue incapable d’honorer ses paiements. Mais depuis la situation s'est toutefois améliorée, notamment en ce qui concerne la dette extérieure qui s'est stabilisée à 38% du PNB, contre 71% en 2005 (source). L'agence Standard's & Poors a, mi-septembre, qualifié cette dette de stable.
Mais ce que l’on sait moins, c’est que de nombreux litiges perdurent en matière de règlements de dettes: les Etats-Unis ont ainsi fait remarquer que l’Argentine détenait le record des litiges non réglés (18 sur 42) auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI ou ICSID). De plus, elle refuse toujours de régler trois versements auxquels elle a été condamnée (notamment dans un contentieux qui l'opposait à Vivendi).
Si la posture américaine n’a pas d’impact véritable au niveau de la BID (cette décision prise unilatéralement ne peut entraîner l’arrêt des prêts, dans une institution où l’Argentine détient une participation de 11,18%), mais au niveau de la Banque Mondiale où les pays développés sont bien plus représentés, cette décision pourrait avoir plus de poids.
D’autant plus que l’Argentine a mauvaise presse ces derniers temps auprès des institutions de Bretton Woods. La semaine précédente, le FMI de Christine Lagarde, a de manière publique précisé qu’elle ne pouvait faire confiance aux statistiques économiques transmises par le gouvernement argentin, en particulier en ce qui concerne les chiffres de l'inflation.
Face à cette accusation, le gouvernement argentin avait vite fait de s’emporter contre le FMI et critiquer une nouvelle fois ses prévisions. A un moins à peine des prochaines élections présidentielles, où Crisitina F. Kirchner est donnée largement gagnante, si celle-ci peut défendre son bilan en matière de dettes (de nombreux Argentins la soutiendront sur les questions litigieuses de non-remboursement), l'ombre de l'inflation pourrait-elle, quant à aller, jouer un rôle décisif ?
Banque Mondiale et FMI : deux structures honnies
La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire international sont bien connus en Argentine… et surtout bien détestés ! Les plans d’ajustement structurels qu'ils ont imposés dans les années 80-90 ont en effet contribué à une détérioration de la situation économique à travers une politique de privatisations, de dérégulation financière et commerciale, etc. qui ont abouti à la crise dramatique de 2001.
19:56 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
03/10/2011
Microcrédit : le grand inconnu argentin
Il fallait être très attentif à la presse de ces deux dernières semaines pour trouver des échos de la manifestation organisée le 13 septembre dernier par la Banque Provincia, et plus précisément son entité Provincia Microempresas. Pourtant la manifestation était de taille : 10 000 personnes rassemblées au Luna Park (l’équivalent de Bercy ou du Zénith), pour fêter l’octroi du 20 000e microcrédit à une petite entreprise.
La banque n’a pourtant pas lésiné sur l’événement : remise du prix par le gouverneur de la province (Daniel Scioli, soutien de CFK), show de Valéria Lynch (site officiel de la chanteuse, très élégant ;-) etc .
Source photo : Tres lineas
Et si l’on en croit les chiffres et les témoignages, Provincia Microempresas est un beau succès : lancée en 2009, avec 8 succursales, elle en compte aujourd’hui 62, et les clients semblent tous satisfaits. Un comité des clients a même été monté sur facebook (pour l'instant, il se félicite uniquement du spectacle du 13 septembre!)
Il faut préciser que le service de microcrédit proposé par Provincia Microempresas se concentre, comme son nom l’indique sur les entreprises, et n’accorde pas de microprêt à la consommation (ces prêts qui au cours des derniers mois ont provoqué de profonds scandales dans l’univers de la microfinance).
Ce qui est étonnant, c’est que malgré le succès apparent de cette manifestation, la microfinance en Argentine reste un sujet très largement méconnu. Interrogeant les personnes de mon entourage sur leurs connaissances à ce sujet, aucune ne connaissait le terme-même de microfinance.
Doit-on y voir le reflet de :
1° la jeunesse des structures actives en microfinance en Argentine ? La microfinance est bien plus développée dans les pays plus pauvres du continent latino-américain (Bolivie, Pérou, Nicaragua… A noter toutefois que le secteur de la microfinance est très développée au Mexique)
2° la méfiance générale des Argentins à l’égard du secteur bancaire et financier ? La crise de 2001 n’en a pas fini de laisser de traces. Les banques restent considérées la plupart du temps comme des « voleuses ».
Le chemin est donc encore long avant de faire éclore un secteur mature, disposant d’une bonne visibilité, et efficaces dans son appui aux clients.
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Quelques autres acteurs de la microfinance en Argentine :
> Red Argentina de instituciones de microcredito (RADIM)
> PlaNetFinance Argentina
20:40 Publié dans Economie argentine, Société argentine - questions sociales | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |