27/08/2012
L'Amérique latine avec Assange
La décision de l’Equateur d’accorder l’asile politique à Julian Assange est intéressante à plus d’un titre.
Ce petit pays latino-américain s’engage par sa décision dans une confrontation politique avec l’Angleterre, et bien sûr, derrière cela avec les Etats-Unis qui souhaitent l’extradition du fondateur de Wikileaks. Cette situation aurait été impensable il y a encore quelques années, lorsque l’Amérique latine n’était que l’arrière cour de leur géant et tout-puissant cousin nord-américain.
Rafaël Correa, le président équatorien, fait partie de ces présidents latino, à l’instar de Hugo Chavez, Evo Morales, Pepe Mujica ou Cristina Kirchner, qui revendiquent haut et fort la fin de l’asservissement latino aux intérêts des pays riches. En fonction depuis 2007 Correa se présente comme un "bolivarien", souhaitant mettre un œuvre un "socialisme du XXIe siècle ".
Aujourd’hui l’Amérique latine cherche non seulement à s’ériger en puissance régionale, mais rejette également un système capitaliste qu’elle met au banc des accusés : responsable de la crise financière et économique mondiale, coupable des retards de développement dans la région (en raison de l’exploitation du sous-continent par les forces économiques et politiques du « premier monde »), et génératrice des inégalités les plus profondes.
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Photo : Reuters
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21/08/2012
Georges Pérec, l'hommage de Buenos Aires
A l’occasion du trentième anniversaire de la mort de Georges Pérec, le théâtre San Martin lui rendait hommage samedi dernier, à travers une performance alliant musique, danse, lecture… et pizza !
La scène artistique de Buenos Aires est incroyable. Multiforme, dense, en constant renouvellement, curieuse et exploratrice. Et le meilleur dans l’histoire, elle a un public !
On aurait aimé que la France s’associe à ce si libre hommage à l’auteur génial et fascinant, qu’est Georges Pérec. Mais samedi, au théâtre San Martin, les parrains de l’événement étaient le ministère de la culture de ville de Buenos Aires et le centre culturel d’Espagne à Buenos Aires. Les institutions culturelles françaises n’avaient-elles pas été sollicitées ? Ou ne disposaient-elles pas du budget pour soutenir la manifestation ?
Passons sur ce fait curieux et revenons au principal : la performance. La scène installée dans le hall du théâtre est délimitée par des néons. L’inspiration de l’événement est dans l’ouvrage « Espèces d’espaces » écrit par Pérec en 1974. Les musiciens entrent en scène. De leurs instruments s’échappent des souffles, des grincements, des portes qui s’entrouvrent et se referment, des murmures. La dissonance est au sommet. L’espace est-il ouvert ou fermé ? Comment le décrit-on et qu’y fait-on ?
Une danseuse se mêle aux musiciens ; elle rampe sur le sol, saisit un archet, ôte une chaussure au haut bois, vient caresser du pied l’accordéon, voler la partition du chef d’orchestre. Elle glisse, interrompt, occupe le sol, étonne.
Un homme chauve, au crâne rond et reluisant, entre en scène et lit, épuise les lieux inhabitables (« les bidonvilles, les villes bidon ») ; la danseuse bientôt scande. Déjà l’orchestre est sorti des néons pour rejoindre une table où ils s’égaient autour d’une pizza et d’une bouteille de cidre (?).
Pour finir, l’homme chauve lit une lettre incluse par Pérec dans « Espèces d’espaces ». L’inventaire par un SS d’Auschwitz de la « collecte des plantes destinées à garnir les fours crématoires I et II du camp de concentration d’une bande de verdure ». Les espaces les plus monstrueux peuvent donner lieu à inventaire, à délimitation…
Conclusion oppressante de cet hommage vibrant, auquel la foule a assisté hypnotisée.
Photos : Isabelle Laumonier
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17/08/2012
Chômage en Argentine : tout est sous contrôle ?
L’Indec, le fameux institut des statistiques argentin, annonce que le taux de chômage à la fin du 1er trimestre 2012 se situe à 7,1%. Les données ne sont pas encore disponibles pour la période avril-juin.
Quand l’on sait que l’Indec évalue généralement à environ 9 % l’inflation par an, quand elle est de constatation publique, proche de 25 %, on peut se demander quelle est la réelle situation du « désemploi ».
La difficulté principale pour mesurer le chômage provient du fait que le marché du travail argentin se caractérise par un pourcentage très élevé de travail au noir, estimé à environ 35 % par l’Indec (mais le chiffre le plus couramment repris évoque 50 % de travail non déclaré). La méthodologie de l’Indec s’appuie donc sur des enquêtes, dites enquêtes de foyers.
La plupart des journaux s’accordent à dire que si le niveau de chômage a pu, de fait, se maintenir à un taux réellement bas jusqu’à fin mars 2012, la situation depuis s’est détériorée. Les employeurs sont en particulier confrontés à la question de la forte inflation qui entraîne dans sa foulée des hausses de salaires importantes (mécanisme institutionnalisé ici).
De plus, la situation économique particulièrement confuse, liée aux freins aux importations, aux problèmes de devises, commence à peser significativement dans le comportement des acteurs économiques, qui rechignent de plus en plus à créer de l’emploi stable.
Les prochains chiffres officiels de l’Indec sont à surveiller de près. Il faudra peut-être y rajouter 2 à 3 points pour être proches de la réalité… Et prendre en compte la forte instabilité et précarité du marché du travail actuel.
Toutefois, si l’on compare la situation actuelle en Europe, il n’est pas étonnant que les Espagnols ou les Argentins installés en Espagne depuis 2001, préfèrent tenter leur chance de ce côté-ci de l’Atlantique. Le mouvement entamé dès 2010 ne s’est toujours pas interrompu. « Se dio vuelta la tortilla »…
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11/08/2012
Le Subte va-t-il reprendre ?
C'est la question que se posent tous les Porteños depuis une semaine déjà. Les salariés du métro sont en effet grave depuis samedi dernier, et autant dire que cela se remarque "en ville". Car une mégalopole telle que Buenos Aires sans métro, c'est un peu comme une voiture à laquelle il manquerait une roue... ça n'avance pas !
En temps normal, 1 million de personnes voyagent chaque jour par le subte. Voilà donc 7 jours que pour se déplacer, ce million se reporte ou sur l'auto, ou sur les collectivos. Et les rues deviennent soudain cauchemardesques ! Le moindre déplacement s'effectue maintenant en 3 fois plus de temps que d'habitude.
Au coeur du conflit : les salaires des employés de Metrovia. L'entreprise jette la faute sur le gouvernement de Buenos Aires (Macri), qui le jette lui-même sur l'Etat, qui lui a transféré il y a peu la gestion du métro...
En attendant, ça insulte avec force dans les rues de Buenos Aires. Et quand le métro reviendra, l'ambiance risque d'être chaude encore quelques jours... Sur Facebook circule déjà un message populaire incitant à prendre le subte sans payer pendant une semaine.
00:02 Publié dans Vie quotidienne en Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grève du métro, buenos aires, metrovia, subte | Facebook | | |
06/08/2012
Del Potro sauve l'honneur ! Ouvre-t-il la voie ?
Ouf, l'Argentine respire... C'est qu'elle commençait à avoir peur du 0 pointé.
A l'issue de la première semaine des Jeux Olympiques, les médailles étaient désespérement absentes, quand Juan Martin del Potro a finalement débloqué le compteur hier, en remportant la médaille de bronze en tennis, à l'issue d'un match qui l'opposait à Novak Djokovic.
Le Tandilense n'a pas démérité. Il avait failli frôler l'exploit en demi contre Federer, mais s'est finalement incliné après un 3e set épique conclu à 19-17.
Si l'on regarde le tableau des médailles aujourd'hui, on constate que l'Amérique latine est quelque peu à la peine. Tous pays confondus (Amérique centrale et du sud; Caraïbes exceptées), l'Amérique latine atteint 20 médailles et devance ainsi d'une petite longueur l'Afrique qui n'en compte pour l'heure que 14.
Même le grand émergent régional, le Brésil, fait pâle figure avec seulement 8 médailles... Il y a encore fort à faire si le pays compte éblouir par ses performances lors de la prochaine olympiade qui aura lieu à Rio.
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04/08/2012
L'Argentine tourne la page du corralito
Ce vendredi 3 août, l'Argentine a terminé de rembourser une partie des dettes qu'elle avait contractées en 2001, pour faire face à la plus grande faillite financière de son histoire. Le gouverment a en effet versé ce jour plus de 2 milliards de dollars à divers créditeurs nationaux et étrangers, qui disposaient de coupons baptisés Boden 2012.
Cette mesure est hautement symbolique. Le gouvernement de Cristina Kirchner souhaite faire du "corralito" de 2001, quand l'Etat avait gelé tous les avoirs bancaires argentins, un "simple" mauvais souvenir.
Dans un contexte actuel tendu, ce dernier remboursement (suivi avec un compte à rebours) est pour l'Argentine une façon de célébrer sa souveraineté, face aux puissances économiques étrangères, mais aussi face aux institutions internationales.
Il faut d'ailleurs souligner que la fin du paiement des Boden intervient après la fermeture du bureau permanent du FMI à Buenos Aires, en mai dernier. Les institutions de Bretton Woods n'étant ici pas en odeur de sainteté, ce départ avait été fêté comme une forme de "victoire" de l'Argentine sur les grands financiers internationaux. Bien que le FMI ait alors présenté cette décision comme une mesure de restriction budgétaire, nombreux sont les observateurs à l'avoir considérée comme une conséquence logique des très mauvaises entretenues avec l'Etat argentin.
Et pendant ce temps-là, de nombreux Argentins continuent de courir après ces si chers dollars...
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