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21/08/2012

Georges Pérec, l'hommage de Buenos Aires

A l’occasion du trentième anniversaire de la mort de Georges Pérec, le théâtre San Martin lui rendait hommage samedi dernier, à travers une performance alliant musique, danse, lecture… et pizza !

georges pérec,hommage,buenos aires,teatro san martinLa scène artistique de Buenos Aires est incroyable. Multiforme, dense, en constant renouvellement, curieuse et exploratrice. Et le meilleur dans l’histoire, elle a un public !

On aurait aimé que la France s’associe à ce si libre hommage à l’auteur génial et fascinant, qu’est Georges Pérec. Mais samedi, au théâtre San Martin, les parrains de l’événement étaient le ministère de la culture de ville de Buenos Aires et le centre culturel d’Espagne à Buenos Aires. Les institutions culturelles françaises n’avaient-elles pas été sollicitées ? Ou ne disposaient-elles pas du budget pour soutenir la manifestation ?

 

Passons sur ce fait curieux et revenons au principal : la performance. La scène installée dans le hall du théâtre est délimitée par des néons. L’inspiration de l’événement est dans l’ouvrage « Espèces d’espaces » écrit par Pérec en 1974. Les musiciens entrent en scène. De leurs instruments s’échappent des souffles, des grincements, des portes qui s’entrouvrent et se referment, des murmures. La dissonance est au sommet. L’espace est-il ouvert ou fermé ? Comment le décrit-on et qu’y fait-on ?

 

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Une danseuse se mêle aux musiciens ; elle rampe sur le sol, saisit un archet, ôte une chaussure au haut bois, vient caresser du pied l’accordéon, voler la partition du chef d’orchestre. Elle glisse, interrompt, occupe le sol, étonne.

Un homme chauve, au crâne rond et reluisant, entre en scène et lit, épuise les lieux inhabitables (« les bidonvilles, les villes bidon ») ; la danseuse bientôt scande. Déjà l’orchestre est sorti des néons pour rejoindre une table où ils s’égaient autour d’une pizza et d’une bouteille de cidre (?).

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Pour finir, l’homme chauve lit une lettre incluse par Pérec dans « Espèces d’espaces ». L’inventaire par un SS d’Auschwitz de la « collecte des plantes destinées à garnir les fours crématoires I et II du camp de concentration d’une bande de verdure ». Les espaces les plus monstrueux peuvent donner lieu à inventaire, à délimitation…

Conclusion oppressante de cet hommage vibrant, auquel la foule a assisté hypnotisée.

 

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 Photos : Isabelle Laumonier