03/09/2012
Accéder aux monnaies étrangères : l'impossible défi argentin
Les mesures visant à limiter l’achat des devises viennent une nouvelle fois d’être resserrées. Désormais, toute personne souhaitant utiliser sa carte de crédit argentine à l’étranger se verra taxer d’un « impôt » de 15% sur chaque opération.
L'enjeu : empêcher l'évasion de capitaux hors d'Argentine
Le gouvernement Kirchner et l’Afip n’en finissent pas d’inventer de nouvelles lois pour tenter de limiter l’évasion de la richesse argentine à l’étranger. En soi, l’effet recherché est positif : conserver les richesses créées en Argentine au sein de ses frontières. Le pays est en effet en proie depuis des décennies à des évasions constantes de capitaux. Le quotidien Pagina 12 cite ce dimanche une étude de Jorge Gaggero, selon lequel les actifs financiers détenus à l’étranger par des Argentins représenteraient 173 milliards de dollars. Une autre étude de l’organisation Tax Justice Network estime quant à elle que ce montant serait de 400 milliards (soit 90% du PIB argentin !).
Les mécanismes actuellement en œuvre pour limiter l’achat de devises doivent notamment permettre à l’administration fiscale de mieux contrôler les ressources réelles des demandeurs de monnaie étrangère, et les inciter à conserver leurs capitaux en Argentine.
Les limites de ces mesures : problème de cibles et développement du marché noir
Le problème est que cette politique aboutit à de véritables privations de libertés et semble toucher in fine les mauvaises cibles. Un professeur d’université argentin nous racontait récemment qu’il cherchait désespérément à obtenir des euros, pour pouvoir aller en France, où il est invité comme intervenant à un colloque. L’Afip a refusé de lui en vendre sous le prétexte que ses revenus n’étaient pas suffisants (peu importe par ailleurs le fait que l’université de rattachement apportait directement la contribution financière…). Quant à utiliser la carte de crédit, elle coûterait un surplus de 15% sur l’ensemble des achats effectués. La seule solution restant envisageable : le marché noir.
La nouvelle mesure : 15% de + pour les opérations par carte de crédit
De fait, il ne s’agit pas réellement d’un nouvel impôt puisque le gouvernement présente cette mesure comme un paiement par anticipation sur l’impôt intitulé « Ganancias y bienes personales ». Autrement dit, lors de la déclaration d’impôt, il serait possible de déduire les 15 % versés.
Si certains doutent de la possibilité réelle de récupérer ses 15%, il faut aussi signaler que les citoyens argentins de ne payant pas cet impôt (comme par ex. ce professeur d’université, ses ressources n’étant pas assez élevés), ils n’auront eux aucun moyen de récupérer quoi que ce soit…
Cette mesure concernera également les achats par carte de débit et par internet.
Ricardo Echegaray, responsable de l’AFIP, a déclaré simplement : “Nous préférons que tous passent leur été en Argentine”… Le concept de choix et de liberté, passe, quant à lui, aux oubliettes…
> en savoir plus sur cette nouvelle charge de 15%
02:07 Publié dans Economie argentine, Vie quotidienne en Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charge 15%, carte de crédit, devise, argentine, marché des devises, marché noir, retrait à l'étranger, achats à l'étranger, acheter des devises en argentine | Facebook | | |
11/08/2012
Le Subte va-t-il reprendre ?
C'est la question que se posent tous les Porteños depuis une semaine déjà. Les salariés du métro sont en effet grave depuis samedi dernier, et autant dire que cela se remarque "en ville". Car une mégalopole telle que Buenos Aires sans métro, c'est un peu comme une voiture à laquelle il manquerait une roue... ça n'avance pas !
En temps normal, 1 million de personnes voyagent chaque jour par le subte. Voilà donc 7 jours que pour se déplacer, ce million se reporte ou sur l'auto, ou sur les collectivos. Et les rues deviennent soudain cauchemardesques ! Le moindre déplacement s'effectue maintenant en 3 fois plus de temps que d'habitude.
Au coeur du conflit : les salaires des employés de Metrovia. L'entreprise jette la faute sur le gouvernement de Buenos Aires (Macri), qui le jette lui-même sur l'Etat, qui lui a transféré il y a peu la gestion du métro...
En attendant, ça insulte avec force dans les rues de Buenos Aires. Et quand le métro reviendra, l'ambiance risque d'être chaude encore quelques jours... Sur Facebook circule déjà un message populaire incitant à prendre le subte sans payer pendant une semaine.
00:02 Publié dans Vie quotidienne en Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grève du métro, buenos aires, metrovia, subte | Facebook | | |
17/05/2012
David Trézeguet à River Plate : le carton plein !
Voilà quelques semaines déjà que les supporters de River n’ont plus que ce nom à la bouche : David Trézeguet. Et d’affirmer bien haut et fort l’ « argentinité » du Champion du monde 1998. C’est que depuis son arrivée à River Plate début janvier, le joueur franco-argentin réalise de très belles performances… Et au bout, c’est sans aucun doute le retour en Ligue 1 qui attend River.
Il existe à Buenos Aires de nombreuses équipes de foot, mais les plus prestigieuses sont Boca Juniors et River Plate, rivales devant l’éternel. Et puis en 2011, catastrophe intersidérale (au moins pour les supporters !), River, après une mauvaise saison est reléguée en 2e ligue. Du jamais vu dans l’histoire du club.
L’enjeu pour les dirigeants est donc en 2011-2012 d’effacer cette humiliation et de faire remonter l’équipe au maillot blanc et rouge, dans la division qui est la sienne. Or, au vu des résultats récents du club, ils semblent bien partis, et l’arrivée de David Trézeguet n’y serait pas pour rien.
Les liens qui unissent Trézeguet au club sont particuliers. Né à Rouen de parents argentins, il repart vivre à Buenos Aires à l’âge de 2 ans et y reste jusqu’à ses 18 ans. Au cours de cette enfance argentine, il devient aficionado de River dont il suivra toujours l’évolution…. Jusqu’à en devenir joueur, aujourd’hui, à l’âge de 34 ans !
Après 10 années à la Juventus, et un passage plus récent (et peu réussi) au Bani Yas de Dubaï, « Trézegol » était attendu de pied ferme à Buenos Aires… Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les espoirs porteños n’ont pas été déçus ! Auteur de 10 buts en 15 matchs, le joueur fait sensation.
Et déjà dans les conversations des Porteños, on s’inquiète de savoir si le buteur restera l’an prochain. La rue prétend que le club n’aurait pas les moyens financiers de le retenir… Mais qu’elle se rassure, Trézeguet a signé un contrat de 2 ans et pourra donc encore faire vibrer le stade de River !
21:38 Publié dans Vie quotidienne en Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david trézeguet, river plate, but, football argentin | Facebook | | |
22/02/2012
Dramatique accident de train à la station Once de Buenos Aires
La gare de Once n’en a donc pas fini avec les tragédies. Située en plein centre-ville de Buenos Aires, elle avait été en 2004 sous le feu des projecteurs, après un terrible incendie dans la boîte de nuit Cromañon, installée dans un local contigu à la gare. 194 personnes avaient péri la veille de la Saint-Sylvestre.
Ce matin, c’est en pleine heure de pointe, qu’un train entrant en gare a semble-t-il connu une défaillance au niveau de son système de freins. Le train de la ligne Sarmiento qui reliait la ville de Moreno (banlieue ouest de Buenos Aires) au centre de la capitale, a donc fini sa course contre l’un des quais de la station, tous les wagons venant ensuite s’encastrer les uns dans les autres. A l’heure actuelle 49 morts et plus de 600 blessés sont à déplorer, ce qui fait de cet accident ferroviaire le 2e le plus grave de l’histoire du pays.
Ce dramatique accident en plein coeur de Buenos Aires survient à peine quelques mois après une collision entre un bus et un train, à l’un des passages à niveau de la capitale. L’accident avait fait 11 morts et 200 blessés.
Les transports ferroviaires argentins sont marqués par un niveau de vétusté très élevé, une maintenance des voies questionnable, et une absence manifeste de travaux d’ampleur pour sécuriser les passages des trains dans les villes.
Alors qu’au tournant du XXe s., l’Argentine était le pays d’Amérique du Sud le plus avancé en matière de développement ferroviaire, peu à peu le train a été délaissé au profit des omnipuissants colectivos et micros (bus de ville ou longue distance). Le dramatique accident de ce matin va-t-il enfin faire avancer la réflexion sur ces infrastructures, essentielles pour des milliers et des milliers de porteños ?
>> L'accident de train de Once dans la presse argentine :
Pagina 12
La Razon
Clarin
19:26 Publié dans Vie quotidienne en Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : accident, train, once, buenos aires, linea sarmiento, infrastructures, tragédie ferroviaire | Facebook | | |
01/01/2012
Vroum-vroum.... Jour J pour le Dakar 2012 !
Voici déjà 3 ans que le Paris-Dakar, désormais nommé "Dakar", se déroule en Amérique du Sud, les menaces terroristes au Sahel ayant mis fin au parcours traditionnel du célèbre rallye créé par Thierry Sabine. Et on peut dire que l'Amérique du Sud se réjouit de cette translation continentale !
Non seulement, le public est au rendez-vous, mais les différents pays de la région se bousculent pour que le Dakar passent aussi chez eux. Pour l'édition 2012, le parcours s'élancera de Mar del Plata, traversera l'Argentine puis le Chili, avant de s'achever au Pérou. La Bolivie, l'Uruguay et le Brésil ont déjà fait savoir qu'ils étaient intéressés pour les prochaines éditions (source : AFP repris par 20 minutes)
Le Dakar reste un événement très populaire et constitue également une manne économique pour les pays traversés. Toutefois, le rallye a toujours ses virulents détracteurs, non seulement pour ce qu'il est dans son essence-même (.... pollution liée au CO2, sport de riches qui s'exhibent dans des contrées plus pauvres -argument "anti-colonial" qui était particulièrement mis en avant en Afrique, mais qui peut s'appliquer également sur certaines zones du tracé latino-américain), mais aussi pour les dommages écologiques qu'il engendre (déforestation, érosion massive des sols par les passages massifs des voitures, camions, quads et motos), voire les dommages archéologiques qu'il provoque comme certains l'ont affirmé.
Pour cette 4e édition du Dakar en Amérique du Sud, sont engagées 188 motos, 33 quads, 174 autos, et 77 camions.
Face aux attaques des défenseurs de l'environnement ou du patrimoine historique, les organisateurs du Dakar assurent que le tracé est élaboré en coordination avec les autorités des pays concernés et visent toujours à éviter toutes les zones de biodiversité (cf. déclaration du Dakar de 2010)
>> edit 3 janvier 2012 : le Dakar 2012 est déjà endeuillé, frappé par 2 tragédies. La mort du pilote-moto argentin Jorge Martinez Boero au cours de la première étape, et le décès dans un crash d'avion d'un père et son fils qui suivait le Dakar en altitude.
16:53 Publié dans Economie argentine, Vie quotidienne en Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dakar 2012 | Facebook | | |
16/12/2011
Subventions gouvernementales en baisse : adios subsidios ?
Dans l’article « Coût de la vie en Argentine », nous avions signalé les prix très bas de certains services publics (électricité, gaz, eau, et transport), du fait des subventions très élevées accordées par le gouvernement.
Cette situation est toutefois en train d’évoluer. En ce qui concerne électricité, eau et gaz, certains quartiers considérés comme les plus riches de la capitale (Puerto Madero, Barrio Parque, Recoleta) tout comme les quartiers privés et les countries (nom donné aux zones résidentielles fortunées en dehors du centre ville), n’auront désormais plus accès aux largesses gouvernementales. Certaines tours résidentielles de Palermo sont également visées par cette mesure.
Dans d’autres zones (Belgrano, Nuñez, etc), les habitants sont appelés à se déclarer volontaires pour la perte de la subvention.
Par ailleurs, certaines grandes entreprises qui touchaient ces subventions (conséquence de 2001 : pour relancer l’industrie argentine, l’Etat a apporté un soutien massif aux entreprises), en seront désormais privées, entre autres les entreprises de l’industrie agrochimique, du gaz, du biodiesel, les entreprises minières et pétrolières.
Une des grandes questions qui se pose aujourd’hui est de savoir si l’Etat doit réduire ses subventions en direction des entreprises de transport. Aujourd’hui circuler dans Buenos Aires ne vaut rien (entre 1,10 pesos le trajet en métro et 1,25 pesos le trajet en bus), car l’Etat soutient de manière massive les entreprises privées en charge de ces services. Cette situation profite à tous, car le niveau de vie moyen argentin reste assez faible. Or, autant la suspension des subventions à des particuliers ou secteurs de l’économie aux revenus très élevés est peu contestée, autant la plupart des 13 millions de porteños voient d’un très mauvais œil la hausse des prix de leur moyen de transport.
Comment Cristina Kirchner et Amado Boudou vont poursuivre leur coupe de subventions est donc une question à suivre de près.
Une chose est sûre ; l’Etat argentin doit commencer à limiter ses dépenses, qui ont joué un rôle important dans l’inflation constante depuis quelques années, sans pour autant rogner sur le pouvoir d’achat des habitants. Dur défi à relever !
18:19 Publié dans Economie argentine, Vie quotidienne en Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : subventions, subsidios, gaz, eau, buenos aires | Facebook | | |