30/10/2011
Grand Buenos Aires : plus de 500 000 personnes vivent dans les villas
L’ONG « Un techo para mi pais » a présenté au début du mois le résultat de ses recherches sur les bidonvilles (« villas ») dans le Grand Buenos Aires. Il en ressort que la conurbation compte aujourd’hui 854 villas où vivent plus de 500 000 personnes.
L’étude a particulièrement attiré l’attention sur le fait que 35% de cet habitat informel se développe dans le lit des fleuves et se retrouve ainsi inondé en cas de pluie, d’où une précarité accrue des populations y vivant.
22% des villas se sont par ailleurs implantées en marge des décharges, d’où elles tirent l’essentiel de leur « survie ».
Consulter le rapport complet d'Un techo para mi Pais
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28/10/2011
Les démons argentins (2)
Il faut vivre en Argentine pour comprendre à quel point la dictature militaire est encore une réalité quotidienne. Près de 30 ans après la chute du gouvernement Videla et l’arrivée de la démocratie, il ne se passe pas une seule journée sans que les journaux n’évoquent les Disparus, soit à travers des encarts publiés par les familles, soit à travers des articles sur les recherches d’enfants volés aux opposants assassinés, soit à travers les interventions des mères de la Place de Mai, soit à travers les procès des anciens persécuteurs.
Mercredi s’est précisément achevé le procès du capitaine Alfredo Astiz, qui avait sévi à l’Ecole de mécanique de l’armée (ESMA), connue de sinistre manière pour avoir été l’un des plus terribles centres de torture, durant la dictature. Jugé en même temps que 11 autres militaires pour 86 cas de victimes, il a écopé tout comme les autres accusés de la condamnation à perpétuité. Pleurs et cris de « joie » se sont alors fait entendre dans la salle d’audience où étaient venues en masse des familles de disparus.
Parmi les très nombreux crimes dont Astiz a été reconnu coupable, la torture et l’assassinat de deux religieuses françaises, Léonie Duquet et Alice Domon, en 1977, crime pour lequel la France en 1990 l'avait condamné à la perpétuité, par contumace.
Mercredi, l’avocate des familles des religieuses, Maître Sophie Thonon, s’est réjouie de cette avancée significative dans « la lutte contre l’impunité ». Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a également salué ce verdict qui fait « honneur à l’Argentine ».
>>Lire l’article du Nouvel obs sur ce thème.
Photo : Alice Domon et Léonie Duquet
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Les démons argentins (1)
Dans un livre sorti la semaine passée « Grey Wolf : the escape of Adolf Hitler », deux auteurs britanniques reviennent sur une thèse très répandue en Argentine, et déjà soutenue par le journaliste argentin Abel Basti: Hitler ne serait pas mort en 1945, mais aurait atteint le littoral argentin en sous-marin, avec Eva Braun, et serait ensuite installé en Patagonie (à Bariloche).
Dans « Grey Wolf », les auteurs affirment que les témoignages de personnes ayant vu Hitler en Argentine, ainsi que certains documents historiques (plans de fuite, etc), ne laissent pas de place au doute. Hitler serait mort à 67 ans après avoir tranquillement élevé ses deux filles…
De fait, contrairement à ce qu’on a pu voir récemment avec les cas Ben Laden et Khadafi, jamais il n’a été retrouvé de traces tangibles du corps d’Hitler, et le crâne possédé par l’armée russe et présenté comme celui d’Hitler, a révélé dans une analyse récente qu’il était celui d’une jeune fille.
Qu’Hitler ait ou non survécu en Argentine, cette théorie s’appuie toutefois sur un fait réel et bien connu : celui de la présence de très nombreux Nazis en Argentine (spécialement en Patagonie), où ils purent s’installer grâce à la « bienveillance » de Péron.
Les ouvrages d’Abel Basti sur ce thème :
> Bariloche Nazi (2004)
> Hitler en Argentina (2006)
> El exilio de Hitler
Maison de Bariloche où aurait vécu Hitler selon Basti
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24/10/2011
Suspense 0, mais fiesta a full!
Hier soir, alors que les résultats provisoires des élections présidentielles en Argentine tombaient peu à peu, 54% pour Cristina Fernandez de Kirchner, la foule convergeait vers la place de Mai, siège du palais présidentiel, la Casa Rosada.
Dans une ambiance extrêmement festive, les partisans du kirchnérisme se retrouvaient autour des groupes de musiques et autres fanfares convoqués par des groupes de militants. Les drapeaux fleurissaient comme une prairie printanière, et les vendeurs de quilmès, de pancho, ou de chori pouvaient se remplir les poches. Tout le monde riait, tout le monde paraissait heureux. Ce résultat couru d’avance confirmait les chiffres de la primaire: Cristina a écrasé la concurrence, c’est parti pour un 2e mandat ! Derrière, Hermès Binner et Raoul Alfonsin ont à peine fait bonne figure (17 et 13% des votes), tandis que les 4 autres candidats se partageaient les miettes.
A se fondre hier dans la foule de la plaza de Mayo, on pouvait mesurer la force de Cristina qui a littéralement conquis la jeunesse, en usant avec habileté de son image « à la Evita », du rôle joué par son mari feu président Kirchner considéré comme le Sauveur dans l’Argentine en déroute post-2001, et égalemennt des résultats économiques probants du pays au cours de son premier mandat.
Mais hier, lorsque Cristina est apparue sur une scène placée au milieu de la place, ce n’est pas de son bilan dont elle a parlé. Non, ce qu’elle a scandé c’est son amour pour son pays, sa patrie (un mot récurrent dans son allocution), son défunt mari, son peuple… Devant la foule déchaînée, CFK a rappelé avec des larmes dans la voix que ce qu’elle vivait dépassait ses rêves, et que la jeunesse ici présente représentait tout pour elle, et surtout un avenir radieux ! La foule applaudissait de façon intense, et reprenait en coeur "Cristina, Cristina!". Moment d’émotion étrange, à la limite du culte de la personnalité…
Mais effectivement l’avenir s’annonce radieux pour Cristina Fernandez de Kirchner, car non seulement elle a conquis ce 2e mandat avec un résultat écrasant, mais son parti le Front pour la Victoire, a gagné hier aux législatives organisées simultanément, le nombre de sièges suffisant pour retrouver la majorité perdue lors des élections passées.
De quoi appliquer sans difficulté aucune les politiques de son choix… et de quoi entretenir les discours des opposants sur les possibles dérives d’un gouvernement sans entrave !
L’avenir permettra de juger.
> Consulter les résultats des élections présidentielles argentines + législatives & gouverneurs
Photos : Isabelle Laumonier
20:49 Publié dans Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cfk, cristina kirchner, elections, casa rosada, hermés binner | Facebook | | |
20/10/2011
Freud, Lacan, Jung... & l'Argentine
L’Argentine n’est certes pas le berceau de la psychologie et de la psychanalyse, mais elle n’en est pas moins aujourd’hui l’un de ses terreaux les plus féconds. Selon un article de 2010 publié dans la Nación, le pays comptait 50 000 diplômés du cursus de psychologie, dont 38 000 pratiquaient leur métier à Buenos Aires. Preuve de l’importance des « psy » dans la capitale argentine, un des quartiers de la ville, autour de la Plaza Güemes, est surnommé « Villa Freud » ou « Palermo sensible », tant la densité des praticiens y est élevée.
Villa Freud
Par ailleurs, la faculté de psychologie de l’université de Buenos Aires comptabilisait en 2006 le chiffre faramineux de 16 706 étudiants inscrits. L’offre universitaire est à la mesure de la demande : il existe à Buenos Aires plus de facs de psychologie que de sciences dures et sur le territoire argentine, pas moins 150 cursus en psychologie sont dispensés. Ceci n’est pas sans irriter certains, tel que le physicien et philosophe Mario Bunge, auteur de l’article pré-cité paru dans la Nación. Il regrette amèrement l’engouement pour cette discipline qu’il estime si peu rigoureuse.
D’où vient donc cette « passion argentine » ? Pour Bunge, il faut remonter aux années 30, lorsque les kiosques du métro se mirent à vendre pour 3 francs six sous des œuvres de Freud. Selon le physicien, c’est à partir de là que s’abattit sur le pays une « nuit psychanalytique ».
Mais si Freud a tant plu, n’est-ce pas parce que la recherche de soi-même, la volonté de se comprendre font partie des gènes argentins? Pays d’immigrés européens, marqué par la question de l’identité ; pays à l’histoire complexe, instable, plongeant sa population dans l’incertitude quasi-permanente (qu’elle soit économique ou politique), l’Argentine offrait aux disciplines d’analyse de l’esprit un terrain conquis.
L’un des corollaires à l’engouement pour les disciplines « psy » est la place très importante des médecines dites parallèles en Argentine. Le pays est ainsi l’un des pionniers en ce qui concerne l’art-thérapie et la danse-thérapie.
Pour rebondir en conclusion sur les propos très négatifs de Mario Bunge à l’égard des disciplines « psy », il faut admettre que l’Argentine souffre d’un réel déficit en matière de recherche et développement industriel et technologique, ce qui constitue un vrai frein pour son développement économique.
Ne faut-il y voir l’un des effets du goût si prononcé pour l’analyse de l’esprit et la recherche du bient-être ?
Photo : le rayon psy à l'Ateneo
22:22 Publié dans Société argentine - questions sociales | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
18/10/2011
Petits mots, grandes intentions
A J-5 des élections, quelques slogans ou jingles de la campagne public des candidats retiennent l’attention.
Francisco de Narvaez n’y va pas par 4 chemins et assène aux électeurs :
"Solo en las urnas, podes hacer justicia por mano propia."
> Seulement dans les urnes tu peux te faire justice toi-même
Le recours à l’expression « justicia por mano propia » intervient dans le cadre d’une campagne largement orientée vers les questions d’insécurité et de criminalité. En précisant que cette justice par soi-même ne peut se faire que dans les urnes, de Narvaez ne cherche-t-il pas au contraire à dire aux électeurs qu’il est prêt à prendre tous les moyens nécessaires pour éradiquer la violence ?
Autre candidat, autre communication plus joviale Alberto Rodriguez Saa, qui a lancé une « cumbia » (chanson pop) de campagne, au refrain optimiste :
"Alberto es una masa, te da una casa!"
> Alberto est genial, il te donne une maison !
edit 19.10 : Rodriguez Saa a un programme solide pour contribuer au développement de l'Argentine. Non seulement, il offre des maisons, mais aussi le Wi-Fi gratuit pour tous. Il a le bras long Alberto... Photo : affiche électorale vue hier dans la rue.
Enfin, Cristina dont la victoire est assurée, nous prend par les sentiments et signe une magnifique affiche de campagne du slogan « La force de l’amour », où on la voit étreindre son défunt mari et ex-président Nestor.
Et si pour la présidentielle française 2012, Nicolas Sarkozy proposait « La force de la paternité », avec Nico junior dans ses bras ?
edit 19.10 : bon, en fait la photo sera avec Nicolette !
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