03/08/2012
Une vision française de l’Argentine… en 1937
Le 25 mai 1937 s’ouvre à Paris l’Exposition Internationale « Arts et techniques dans la vie moderne ».
Comme c’est le cas lors des expositions universelles, de nombreux pays étrangers sont invités et participent à travers des pavillons dédiés. L’Argentine, qui est alors la première puissance –et de loin- en Amérique du Sud, s’installe dans le Pavillon du Froid (aujourd’hui disparu).
A cette occasion est éditée une brochure consacrée au pays, où sont présentés son histoire, sa géographie et ses différents secteurs économiques… La consulter 75 ans après est particulièrement intéressant. Elle traduit non seulement l’excellente situation économique et financière dans laquelle se trouvait alors l’Argentine, mais elle apporte également un témoignage de valeur sur la vision qu’avait la France de ce pays plein de promesses.
La brochure contient en effet les citations de plusieurs intellectuels français de l’époque. On y retrouve systématiquement un optimisme marqué sur l’avenir de l’Argentine, et la place qu’elle pourra tenir dans la « civilisation latine » (une notion tombée en déshérence). Voici un florilège :
« Je vois à l'Argentine une importance de premier ordre dans l'avenir de la civilisation latine. C'est elle la principale puissance espagnole du continent triangulaire. Elle est à la fois riche de pouvoir temporel et de précision latine, intimement augmentée et revivifiée par ce que les traites de ce pays ont d'illimité et d'éternel. L'Argentine est déjà l'une des plus grandes puissances économiques du monde actuel. Nul doute qu'elle n'ait d'ores et déjà place parmi les Etats créateurs de civilisation. e puissant peuple qui s'est créé de Jujuy la tropicale jusqu'au froid Détroit de Magellan et l'un des représentants les plus complexes de l'humanité présente. Peut-être sera-t-il un jour si l'Europe continue ses guerres fratricides, le conservatoire et l'abri de la pensée occidentale ». Luc Durtain, écrivain voyageur (et visionnaire ! 2 ans avant la seconde guerre mondiale).
« Revenant de Buenos Aires j'ai l'impression nette que l'Argentine est partie pour un grand destin. Il lui appartient avec les qualités un peu anglo-saxonnes qui frappent en elle, de rénover le génie latin par ce qu'elle est appelée à lui infuser d'américanisme ». André Lichtenberger, historien essayiste
« Je crois que l'importance de l'Argentine sera, dans l'avenir de la civilisation, très grande, parce que c'est un pays neuf, dégagé des querelles qui affaiblissent l'Europe, qu'il a assimilé les cultures anciennes de celle-ci et où elles pourront se développer en toute liberté ». André Maurois, romancier essayiste
Un point toutefois n’apparaît pas clairement, c’est l’émetteur de la brochure. Avait-elle été commanditée par l’Argentine, auquel cas on peut y trouver des airs de propagande ? Ou avait-elle été écrite par une institution française à destination du grand public ?
Quoi qu’il en soit, la brochure illustre un âge d’or de l’Argentine, qui certes avait sérieusement souffert de la crise de 29, mais avait reconquis, un peu moins de 10 ans après, sa puissance économique.
On ne peut s’empêcher de sourire en lisant la phrase suivante : « Les valeurs argentines bénéficient sur tous les marchés de la grande faveur des capitalistes. Le NY Herald tribune n'écrivait-il pas récemment : "La stabilité de l'Argentine en fait la Mecque des capitaux étrangers". »
Les temps changent !
Merci à Patricio Pouchulu qui m’a permis l’accès à ce document.
Cette image - certes de médiocre qualité- montre l'état des chemins de fer argentins en 1937. Il n'en reste presque plus rien.
23:41 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : argentine 1937, chemins de fer, argentine, civilisation latine, puissance économique, exposition internationale 1937, pavillon du froid | Facebook | | |
01/08/2012
Le Vénézuéla intègre le Mercosur
Après avoir signé un protocole d’adhésion en juillet 2006, le Vénézuéla est entré hier de plain-pied dans le Mercosur. Cristina Kirchner, Dilma Roussef et Pépé Mujica ont célébré hier Hugo Chavez ce nouveau pas vers une intégration régionale renforcée.
Alors que dans les pays dits développés, Hugo Chavez est le plus généralement considéré comme un dictateur « hors la loi », il représente en Amérique du Sud l’émancipation face aux puissances étrangères, dont les visées néo-colonialistes ne cessent d’être dénoncées par les populations latinos.
CFK s’est félicitée de cet élargissement du Mercosur, qui selon elle devrait conforter la région « en matière d’énergie, de minéraux, de richesse alimentaire, de science et de technologie ». En marge du congrès la présidente argentine a d’ailleurs signé avec son homologue vénézuélien un accord de partenariat entre YPF, récemment nationalisé, et la compagnie pétrolière PVDSA. Objectif, travailler ensemble sur l’exploitation des vastes réserves de la « ceinture de l’Orénoque ». Ces réserves, dont la taille serait exceptionnelle, présentent toutefois de grandes difficultés de traitement, d’où l’intérêt d’un partenariat permettant de multiplier les investissements.
Il ne s’agit toutefois pas d’un accord exclusif, bien loin de là. En début d’année, Chavez avait déjà signé un accord avec le Pérou, et auparavant, avec la Chine et la Russie… qui, elles, ne sont jamais taxées de néo-colonialisme par le leader vénézuélien.
Quant au Mercosur, sera-t-il réellement renforcé par cette intégration, cela reste à voir. Le bloc souffre de nombreuses dissensions en ses rangs derrière des masques souriants : Argentine et Brésil sont toujours plus protectionnistes, et par ailleurs le groupe doit faire face au coup d’Etat au Paraguay. Le Mercosur a pour l’instant décidé de la suspension du pays.
04:01 Publié dans Divers Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vénézuela, mercosur, coup d'etat paraguay, réserves de pétrole orénoque, accord ypf pvdsa | Facebook | | |
19/07/2012
Starbucks et ses gobelets argentins...
Starbucks vient de créer la polémique en Argentine en s’excusant sur son compte Facebook, de devoir recourir à des gobelets de confection argentine, ses stocks de gobelets habituels étant épuisés.
Si l’on peut penser que Starbucks a surtout voulu s’excuser auprès de ses clients, de bousculer temporairement leurs habitudes, le message a fait beaucoup plus de remous que la marque de Seattle aurait pu l’imaginer.
Le message du géant américain du café, est apparu comme une preuve supplémentaire des errances du capitalisme à tout-va. Des milliers d’internautes ont réagi en accusant Starbucks de vouloir profiter du pays, sans participer aucunement au développement de l’industrie nationale.
Dans un contexte économique tendu, marqué par un protectionnisme renforcé (la rupture de stock de Starbucks étant vraisemblablement liée aux restrictions sur les importations), cette erreur de communication ne pouvait que faire parler d’elle !
Toutefois, voilà qui n’influera sans doute pas sur les résultats de la firme : déjà 51 Starbucks existent en Argentine, et l’objectif à fin 2012 se situe entre 65 et 70 succursales. Tant qu’il y aura des amateurs de Frappucino et de sofas moelleux…
04:58 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : starbucks, vasos, gobelet, argentine | Facebook | | |
L'Argentine en mots et en images
Envie de découvrir l’Argentine sur papier ou sur écran ? Voici deux conseils pour cet été !
A lire : Mapuche, de Caryl Férey
Cet auteur français qui s’était déjà aventuré sur des terres lointaines avec Zulu et Haka, vous embarque cette fois-ci dans un polar haletant, dont l’essentiel de l’action se joue dans un Buenos Aires assez sombre, marqué par la violence, la corruption et les séquelles sanglants de la dictature de Videla. C’est l’occasion, pour ceux qui ne connaissent pas bien cette période noire du pays, de découvrir ce pan d’histoire tragique et récente. Le cœur du livre, la question des enfants des disparus, est une question d’actualité permanente. Les grands-mères de la place de mai continuent encore de lutter pour que soient identifiés les enfants volés aux disparus il y a 30 ans et adoptés à l’époque par les familles proches du régime militaire.
Sur son site, Caryl Férey propose de beaux extraits sonores de Mapuche. A écouter !
A voir : Elefante blanco, de Pablo Trapero
Trapero est l’un des grands réalisateurs argentins actuels. Dans Elefante blanco, il met en scène la star absolue du cinéma argentin, Ricardo Darin, que de nombreux spectateurs ont pu découvrir dans le film couronné aux Oscars « Dans ses yeux ».
Elefante blanco est le surnom d’un hôpital gigantesque, jamais terminé, situé au cœur d’un des bidonvilles de Buenos Aires, la villa 15, aussi connue sous le nom de Ciudad Oculta. On suit dans le film la vie de deux prêtres, Ricardo Darin et Jérémy Rénier, qui cherchent à pacifier la villa et à ouvrir de nouveaux horizons à ses habitants, en particulier aux enfants. L’environnement est très dur, marqué par le trafic de drogues et les tueries entre gangs rivaux…
Les bidonvilles sont un phénomène ancien à Buenos Aires. L’un des plus grands, la villa 31, est situé en plein centre ville, aux portes du terminal d’omnibus et non loin du quartier chic de Recoleta. La crise de 2001 a également contribué au développement de nouvelles villas, dans différents barrios de Buenos Aires. Ces zones de précarité gangrénée par la violence sont un témoignage de l'inégalité extrême qui caractérise la société argentine.
Voir la bande-annonce d’Elefante blanco
La sortie en France est annoncée… prochainement ! Surveillez les programmes de vos cinés !
04:29 Publié dans Culture argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : elefante blanco, pablo trapero, mapuche, caryl ferey | Facebook | | |
02/06/2012
Les Argentins, fous du dollar
Comme nous l'indiquions dans la note précédente, la relation de l'Argentin avec le dollar est basée sur une idée simple : la monnaie nord-américaine est systématiquement considérée comme plus fiable que le peso.
La vidéo ci-dessous (en espagnol) fait la comparaison entre l'attitude des Argentins et des Brésiliens face au dollar : édifiant !
Une donnée particulièrement intéressante mentionnée dans ce reportage est la suivante : en Argentine, chaque habitant fait circuler / an, en moyenne 1300 Us$ contre 8, au Brésil.
A la question "si je vous propose 4 pesos ou 1 dollar, que préférez-vous ?", il semblerait qu'il n'y ait aucun doute sur la réponse majoritaire : le dollar !
18:38 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : argentin et dollar, dollarisation de l'économie argentine | Facebook | | |
Trouver des dollars en Argentine, le défi impossible !
C’est LE sujet dont tout le monde parle en ce moment : comment mettre la main sur des billets verts ? Le gouvernement de CFK qui depuis la fin de l’année dernière avait mis en place des mesures de restriction à l’achat de devises, a cette fois-ci quasiment totalement asséché le robinet. Autrement dit, toute personne disposant de pesos argentins se trouve désormais dans l’impossibilité d’échanger son argent c ontre la monnaie américaine… et la situation pour l’euro et le real n’est guère plus reluisante. Dépensez argentin… ou ne dépensez rien !
La question qui se pose est donc de savoir comment l’on a abouti à une situation aussi extrême ?
Le gouvernement argentin doit faire face à des besoins en dollars très importants en 2012
S’il devient si compliqué d’accéder au dollar, c’est que les besoins du pays sont très importants cette année… et les caisses pas assez remplies.
Le gouvernement doit en effet faire face à un triple phénomène cette année :
- Il doit rembourser les obligations financières, qui avaient été souscrites après la crise de 2001 (les Bonden 2012 et les coupons PBI). Montant estimé : 6 milliards $
- De nombreuses entreprises argentines ont contracté des dettes en dollars. Si le pays ne les laisse pas effectuer ces versements, ces entreprises pourraient connaître la faillite. Montant estimé : 4 milliards
- La demandes des particuliers peut difficilement descendre en-dessous des 6 milliards de $ par an.
Or et c’est ici que le bât blesse, l’excédent commercial (en provenance essentiellement des ventes de soja) ne devraient pas dépasser cette année 11,5 milliards de dollars; alors que les besoins s'éléveront approximativement à 16 milliards.
Le gouvernement se retrouve ainsi dans une situation extrêmement complexe, à laquelle il répond en bloquant le plus d’accès possibles aux dollars… encourageant ici l’apparition d’un marché parallèle.
L’hyper protectionnisme (avec freins aux importations) + un marché du dollar asséché = une équation économique dont les résultats sont certains : la décroissance de l’économie argentine.
L’Argentin et le dollar
L’Argentine est un pays coutumier de l’inflation, voire de l’hyperinflation. La confiance en la monnaie nationale n’étant pas au rendez-vous, entreprises et particuliers ont tendance à se tourner vers ce qu’ils considèrent comme une monnaie refuge : le dollar. De nombreuses opérations ne s’effectuent ainsi que dans la monnaie nord-américaine, notamment dans l’immobilier et le tourisme.
>> Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez le très bon article de Iprofesional.com (source de l’article)
18:21 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : argentine, dollars, acheter des dollars en argentine, protectionnisme, marché des devises | Facebook | | |