24/01/2012
Quand une enfant de 11 ans doit devenir mère
-Opinion-
La mère d’une fillette de 11 ans violée avait demandé à un hôpital d’Entre-Rios (province au nord de Buenos Aires) la mise en place d’un protocole d’avortement non répréhensible (l’avortement est illégal en Argentine sauf cas très particuliers, telle qu’une grossesse suite à un viol). L’hôpital a estimé que la justice devait être saisie, pour obtenir une autorisation, ce qui en soi est déjà un abus de pouvoir, la législation étant très précise sur le sujet (cf. art.86 du code pénal).
Le cas a pris des proportions inattendues, notamment en raison de la prise de position du ministre de la santé de la province qui a estimé qu’une grossesse à 11 ans pouvait tout à fait être menée à terme, sans risques sur la santé de la mère. Un point de vue partagé par une équipe médicale ayant examiné l’enfant.
Que la grossesse soit issue d’un viol n’a jamais été un point évoqué, comme si le crime initial n’avait que peu d’importance.
Les organisations de défense du droit à l’avortement légal et des droits de l’enfant se sont aussitôt très fortement mobilisées… autant que les puissants lobbies anti-avortement.
Finalement, le 19 janvier, la famille de la fillette a décidé de retirer sa demande. Celle-ci mènera donc la grossesse à son terme. Selon les ONG qui soutenaient la demande de la mère, la famille a cédé à d’intenses pressions de la justice et des équipes médicales, foncièrement pro-vie.
L’histoire de cette fillette met en perspective la très délicate question de l’avortement en Argentine, et en Amérique latine. Aucun pays du continent ne dispose actuellement d’une loi pour l’avortement légal. Elle soulève également la question du pouvoir de l’Eglise dans ces pays.
La défense d’un fœtus à tout prix, parce qu’il représente une vie, au mépris du corps qui le porte, et qui dans ce cas précis n’est, ni physiquement ni mentalement, prêt à le recevoir est une abherration totale. En pensant sauver une vie, n'en met-on pas 2 en danger ?
Extrait de l'Article 86 du code pénal “El aborto practicado por un médico diplomado con el consentimiento de la mujer encinta, no es punible: 1º. Si se ha hecho con el fin de evitar un peligro para la vida o la salud de la madre y si este peligro no puede ser evitado por otros medios; 2º. Si el embarazo proviene de una violación o de un atentado al pudor cometido sobre una mujer idiota o demente. En este caso, el consentimiento de su representante legal deberá ser requerido para el aborto”.
En savoir plus sur ce sujet :
- Infonews: Autre cas de viol et d'avortement qui secoue le pays
- ONG Abortolegal : Abus de pouvoir sur la mère de l'enfant
(la photo de cette tribune vient du site Abortolegal)
- Cosecha roja : De cela on ne cause pas à General Campos [ville où habite la fillette]
- La razon : Retrait de la demande d'avortement
14:01 Publié dans Société argentine - questions sociales | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
18/01/2012
Inflation 2011 en Argentine
On l’attendait, l’Indec l’a fait. L’institut de statistiques argentin vient de publier le taux d’inflation 2011. Selon cet institut, la hausse des prix aurait été en 2011 de 9,5 %, un taux que les observateurs qualifieront d’étrangement bas… Non pas qu’il soit en bas en valeur absolue, mais que la réalité semble toute autre. Et de s’interroger : quand les statistiques officielles reflèteront-elles enfin ce que chacun peut constater chaque jour ? Le consommateur, lui, pensera surtout : quand les prix arrêteront-ils enfin de grimper ?
Cela fait désormais près de 8 ans que les prix ne cessent de s’emballer. Si l’Indec annonce presque chaque année un taux d’inflation inférieur à 10%, de nombreux organismes qui évaluent l’inflation argentine l’estime entre 20 et 30% par an.
En octobre dernier, le FMI en la personne de Christine Lagarde avait d’ailleurs tapé du poing sur la table, et annonçait qu’il ne reconnaissait pas la validité des perspectives de croissance économiques argentines, telles que présentées par le gouvernement de Cristina Kirchner, et ce en raison de l’inflation dissimulée.
L’inflation en Argentine est à ce point un sujet récurrent de discussion qu’il existe un site web éponyme ! Sur la page http://www.tasadeinflacion.com.ar, on est ainsi régulièrement informé de l’état de l’inflation, ce phénomène que d’aucuns appelleraient un fléau. Une autre page baptisée inflation réelle, http://www.inflacionverdadera.com/, contrebalance les statistiques officielles.
Le sujet de l’inflation est tout à fait sérieux, toutefois il est permis de rire lorsque l’on lit dans le Pagina 12 du 14 janvier la phrase suivante : « En décembre [2011], selon l’Indec, les biens qui ont le plus augmenté sont la carotte, la laitue, et le taxi » ! Imaginons la scène chez le primeur : « Vous me donnerez 1 kilo de carottes, deux laitues, et 400 g de taxi » ;-)
De fait, nous l’avions signalé sur ce blog, les prix du taxi à Buenos Aires ont augmenté en fin d’année de 26%. Excusez du peu.
Mais c’était là sans compter sur une autre sympathique augmentation, celle du métro, qui a eu lieu il y a quelques jours de cela. Avec le transfert de la gestion du Subte, du gouvernement national au gouvernement local (de Macri), le prix est passé du jour au lendemain de 1,10 peso à 2,50 pesos. Taux d’inflation de 127%, qui dit mieux ? Bien qu’effectivement le prix des transports publics semblât de plus en plus déconnecté des niveaux de prix pratiqués dans les autres secteurs de l’économie, cette augmentation brutale a eu une répercussion immédiate : les métros se sont vidés et les organisations politiques, sociales et syndicales ont annoncé à Macri un véritable bras de fer (dont on peut toutefois penser qu’il sera perdu, la justice ayant déjà fait savoir qu’elle soutenait le gouvernement de Buenos Aires).
Une chose est certaine, l’inflation ronge toujours plus le pouvoir d’achat de la classe moyenne argentine, à tel point qu'on peut se demander si elle n'est pas en voie d'extinction.
04:04 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inflation, argentine, indec, classe moyenne | Facebook | | |
08/01/2012
Les Malouines/ Falklands : d’une guerre à une autre ?
30 ans après la guerre des Malouines, les tensions restent vives entre la Grande-Bretagne et l’Argentine, qui continue de revendiquer la souveraineté sur ces îles situées à 480 km de ses côtes. Les derniers mois ont été émaillés de nombreux incidents et Cristina Fernandez de Kirchner ne semble pas prête à abdiquer. La possibilité d’un nouveau conflit armé est-elle tout à fait exceptée ?
Les Malouines ont une histoire singulière. Découvertes en 1592 par John Davis, elles ont porté presque autant de noms que le nombre de navigateurs qui passèrent au large ou y posèrent le pied ! En 1690, le capitaine Anglais John Strong les baptise Falklands, nom qu’elles conservent aujourd’hui pour les Britanniques. Toutefois, c’est le nom que lui donna en 1764 Louis-Antoine de Bougainville , en référence à Saint-Malo (port d’attache de l’expédition), qui s’imposa dans le monde hispanophone sous la forme « Malvinas ».
Après une histoire tumultueuse –les Malouines sont tour à tour françaises, espagnoles, anglaises, puis argentines- le 3 janvier 1833, la souveraineté britannique est déclarée sur ces îles sans résistance argentine (le capitaine José Maria Pinedo alors en poste, ne s’estimant pas disposer des ressources nécessaires pour lutter contre l’armée britannique).
Depuis lors, la question des « Malvinas » a occupé l’espace public argentin jusqu’au « point culminant » de 1982, lorsque les militaires au pouvoir à Buenos Aires décidèrent de prendre d’assaut les Malouines. La guerre ne dura que quelques semaines ; elle fit 635 victimes du côté argentin, 255 du côté anglais, et se solda par une victoire britannique.
30 ans après, les slogans pro-Malouines fleurissent sur les murs, les « Malvinas argentinas » sont un nom de rue répandu, et les « vétérans de la guerre » non-reconnus continuent de réclamer des indemnités à travers une occupation très visible de la Plaza de Mayo.
Au plan diplomatique, les derniers mois de 2011 ont été tendus entre l’Argentine et le Royaume-Uni.
Courant novembre, la nouvelle annoncée de l’arrivée du prince William sur le sol des Falklands (en février-mars 2012) a constitué un premier incident de taille, la présidente argentine, considérant que la venue du futur roi n’était rien d’autre qu’une provocation.
Puis en décembre, lors du sommet de la CELAC, CFK a reformulé ses revendications sur les Malouines, soutenues en cela par la plupart des dirigeants latino-américains. Quelques jours plus tard, le 20 décembre, les pays membres du Mercosur ont annoncé qu’ils refuseraient désormais l’entrée de leur port à tout bateau battant pavillon des Falklands.
source photo : Daniel Marie
Enfin, le Ministères des Affaires Etrangères argentin, Hector Timmerman, écrivait le 3 janvier dans une tribune de Pagina 12 que "la question des Malouines est un cas particulier d’usurpation de la souveraineté, qui mutile l’intégrité territoriale de l’Argentine". Comme CFK, lors du sommet de la CELAC, il présentait les Malouines comme l’un des derniers relents de la colonisation. De fait, les Malouines font partie des 16 territoires non-autonomes qu’étudie annuellement le Comité des 24 des Nations-Unies (dédié à la décolonisation).
Dans cette même tribune, Hector Timmermann faisait une allusion rapide à la question pétrolière et s’attardait sur l’usage militaire fait des Iles Malouines, les Britanniques y pratiquant des tirs de missile d’après ses dires.
Il faut savoir que l’un des enjeux principaux qui réside aujourd’hui autour des Malouines est lié aux gisements pétroliers situés dans ses eaux territoriales. Ainsi les revendications argentines ne sont-elles pas seulement une forme de déclaration d’amour pour ces quelques km2 carrés de terres battues par les vents.
De son côté, le Royaume-Uni a toujours mis en avant au cours des discussions concernant les Malouines/ Falklands la volonté des habitants de rester sous le drapeau britannique.
En 2013, l’"occupation" britannique des Malouines atteindra son 180e anniversaire. Ce chiffre tout rond, et sinistre pour l’Argentine, pourrait-il être l’occasion d’une percée belliqueuse ?
Car il n’aura évidemment pas échappé au gouvernement de Cristina Kirchner que le gouvernement Cameron a effectué des coupes budgétaires sévères en matière de défense*, ce qui pourrait constituer une véritable tentation d'attaque...
*Le 30 décembre 2011, le Royaume-Uni a rendu public des documents jusque-là classés confidentiels, qui montrent que des mises en garde contre une possible invasion argentine avaient été adressées à Margaret Thatcher, dans un contexte de diminution budgétaire pour la défense navale britannique (source : Buenos Aires Herald 31 décembre 2011)
Sources d'info sur les Malouines/ Falklands
> Lire la page en espagnol de Wikipedia sur les Malouines (très clairement orientées pro-britanniques : "Luego de la guerra, los isleños obtuvieron la plena ciudadanía británica, su estilo de vida fue mejorando por las inversiones que hizo Gran Bretaña y la liberalización de las medidas económicas que habían estado paralizadas para evitar conflictos con la Argentina. En la Argentina el resultado de la guerra tuvo entre sus efectos evitar definitivamente una eventual guerra con Chile y desencadenó el fin de la dictadura militar y el regreso a la democracia."
> Film de Peter Kominsky (1987), « La guerre des Malouines » disponible en 4 parties sur dailymotion :
(très intéressant documentaire avec des images d’époque et de nombreux témoignages de personnes ayant pris part à la guerre)
> La guerre des Malouines sur le Forum « Au militaire »
> Pour une vision des Malouines / Falklands par ceux qui y vivent (le site n’est plus mis à jour, mais donne de nombreuses infos sur l’histoire des îles)
> Site argentin sur les « Malvinas argentinas »
> Autre site argentin : Malvinense (bien à mis à jour)
> Fondation des Vétérans des Malouines
20:55 Publié dans Histoire argentine, Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guerre des malouines, faklands, celac, mercosur, comité des 24, cfk, hector timerman, prince william | Facebook | | |
06/01/2012
Juliette Binoche à Iguazu pour le tournage d'"Un singe sur l'épaule"
L'actrice française Juliette Binoche était en Argentine il y a peu pour tourner des scènes du film "Un singe sur l'épaule", dirigé par Marion Laine et librement adapté du roman de Mathias Enard "Remonter l'Orénoque".
Dans le cadre exceptionnel des chutes d'Iguazu et de la forêt tropicale (qui ont été le cadre il y a plusieurs années du chef d'oeuvre de Roland Joffé, "Mission"), Marion Laine a terminé le tournage de ce film qui relate l'histoire tourmentée de deux chirurgiens amoureux.
Juliette Binoche partage l'affiche de ce film avec l'acteur vénézuélien Edgar Ramirez (vu dans Carlos de Olivier Assayas).
Sortie prévue d'"Un singe sur l'épaule" : automne 2012.
Photo : Chutes d'Iguazu, Isabelle Laumonier
23:39 Publié dans Divers Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : juliette binoche, un singe sur l'épaule, iguazu, chutes, marion lainé | Facebook | | |
Les Argentins optimistes (ou pas !) pour 2012
Une enquête Gallup-Université de Palermo, en date d’août 2011, avait révélé que 84% des Argentins se sentaient heureux. En ce début d’année 2012, on doit ajouter à cet état de bonheur, un optimisme de taille. D’après un sondage Haime y Asociados réalisé fin 2011, 60% des Argentins estiment que pour 2012 le pays va dans la bonne direction.
A la question de savoir quels sont les problèmes qui perdurent, l’insécurité est le thème récurrent (en tête des préoccupations depuis longtemps) suivi du niveau des prix (qui devance le chômage). Selon Hugo Haime, sociologue en charge de l’enquête, la question de l’inflation reste toutefois pour les personnes interrogées quelque chose de certes « ennuyeux » mais non « déterminant ».
Pourtant l’enquête révèle que pour l’année 2012, 45% de la population pense pouvoir tout juste couvrir ses dépenses et 9% prévoit déjà d’être dans le rouge. Seul 11% de la population argentine pense épargner en 2012.
Plusieurs questions se posent donc :
- L’inflation est-elle un phénomène aussi négligeable que semble le dire le sociologue Hugo Haime ? N’est-elle pas la cause des difficultés budgétaires des foyers argentins ?
- Les Argentins sont-ils une population essentiellement consumériste ? (la consommation aux dépens de l’épargne). Ils couvriraient donc tout juste leurs besoins du fait d’un niveau de dépenses élevés.
- La question du confort matériel est-elle absente des préoccupations argentines ? Malgré un niveau d’inflation élevé et une qualité de vie qui en souffre, l’optimisme resterait de mise, si l’on en croit l’enquête.
A moins que… ce sondage soit tout simplement commandité par le gouvernement ?
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03/01/2012
Incendie dans le Parc Torres del Paine
Le Chili lutte depuis le mardi 27 décembre contre un incendie qui ravage le Parque Nacional Torres del Paine, parc situé à la frontière de l'Argentine et considéré comme l'un des joyaux naturels chiliens.
23 000 ha de forêt primitive sont déjà parties en fumée et la sécheresse du parc à cetté époque de l'année ne facilite pas le travail des pompiers.
A l'heure actuelle, 4 des 6 principaux foyers seraient maîtrisés.
L'incendie serait dû à la négligence d'un touriste.
> En savoir plus sur le site de Clarin
> Voir ci-dessous une vidéo amateur
15:18 Publié dans Divers Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |