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11/05/2012

La présidente des Grands-mères de la place de mai en conférence à Paris

estella carlotto.jpgCe lundi 14 mai à 16h30, à l'institut des Amériques, Estela Carlotto, l'emblématique présidente des grands-mères de la place de mai donnera une conférence sur le thème :

"La situation des droits de l'homme en Argentine. Passé et présent".

Pour les Parisiens, voilà une occasion d'écouter une personnalité incontournable de la scène des droits de l'homme en Argentine !

Contact : Diana Quattrochi-Woisson - dwoisson@u-paris10.fr

10/05/2012

L’Argentine signe une vraie avancée en matière de droits des transsexuels

Conservatrice sur bien des sujets, en particulier sur l’avortement qui n’est toujours pas légal, l’Argentine se montre toutefois bien plus progressiste, en ce qui concerne les droits des communautés gay et transsexuelle.

senat argentin.jpgIl y a 2 ans déjà, elle avait été le premier pays d’Amérique latine à reconnaître le mariage homosexuel. Hier, une nouvelle avancée significative a été votée, à travers l’approbation par le Sénat d’une loi sur l’ « identité du genre ». Désormais, toute personne née de sexe féminin ou masculin pourra demander un changement auprès de l’administration, pour l’établissement de nouveaux papiers conforme à son identité sexuelle. Par ailleurs, les opérations chirurgicales conduisant au changement de sexe seront désormais possibles, sans demande d’autorisation préalable à la justice.

Il est à noter que le Sénat a également ratifié hier une loi sur la « mort digne » : désormais les patients en phase terminale pourront choisir de poursuivre ou non les traitements thérapeutiques.

>  en savoir plus sur la « ley de identidad de genero »

ley de identidad de genero.jpg

17/03/2012

Un triste anniversaire : les 20 ans de l’attentat contre l’ambassade d’Israël en Argentine

20 ans - attentat ambassade israel buenos airs.jpgLe 17 mars 1992, une bombe détruisait intégralement l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, provoquant la mort de 29 personnes et en blessant plus de 200 autres.

Cette attaque anti-israélienne en Amérique du Sud constituait une tragique première.

Deux ans plus tard, l’Argentine était une nouvelle fois la cible d’une attaque terroriste anti-juive. Le siège de l’organisation mutuelle juive AMIA en était la cible ; 85 personnes y perdirent la vie.

Les longues enquêtes qui suivirent les deux attentats ne purent aboutir à des résultats clairs. Iran, Hezbollah ou djihad islamique, plusieurs pistes ont été explorées, mais la justice n’est jamais parvenue à définir les responsabilités.

Le fait que ces 2 attaques se soient produites en Argentine s’explique avant tout par la très importante communauté juive du pays. En fait, celle-ci, estimée à plus de 200 000 personnes, est la plus importante d’Amérique du Sud.

L’histoire de la communauté juive en Argentine, même si elle a au quelques antécédents au XVIe s., a réellement commencé à la fin du XIXe s., avec l’arrivée de très nombreux Ashkénazes, fuyant les persécutions  en Europe de l’Est et en Russie. Si la plupart s’établirent dans la capitale, quelques groupes s’installèrent dans les provinces de Santa Fe et Entre Rios, où ils fondèrent des exploitations agricoles (ce qui donna lieu à la naissance du « gaucho judio »).

Au XXe siècle arrivèrent ensuite des Juifs du Maghreb puis à partir des années 20, de très nombreux personnes fuyant l’Allemagne. Cette vague d’immigration se prolongea jusqu’en 1945.

La communauté juive a apporté à l’Argentine de très nombreux scientifiques et artistes, tels que le prix Nobel de médecine César Milstein,  le chef d’orchestre Daniel Barenboim, le pianiste Lalo Schifrin, l’écrivain Juan Gelman, l’économiste Bernardo Kliksberg,...

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Depuis les tragiques événements de 1992 et 1994, la plupart des institutions juives de Buenos Aires sont placées sous surveillance et disposent généralement de barrière de protection, empêchant à toute voiture de s’en approcher. A l’emplacement de l’ancienne Ambassade se trouve aujourd’hui une place du souvenir.

03/02/2012

Qui est l’Argentin ?

(suite de la synthèse de l'ouvrage de Pierre Kalfon, Argentine)


Qui est-il cet individu d’Amérique latine qui se présente souvent comme Européen ? Dans un schéma amusant, Pierre Kalfon résume très bien les mélanges nombreux qui ont donné naissance à l’Argentin et à son tempérament sans pareil (cliquez sur l'image, pour la voir en grand).

DSCN9423.JPGS’y croisent les influences indiennes, espagnoles, françaises, italiennes, juives, le caractère du gaucho...

Le rêve du président Sarmiento (1868-1874) de  faire venir en Argentine une colonisation anglo-saxonne et nordique a bien échoué ! Car à la fin du XIXe, ce sont les Napolitains qui arrivent en masse et font apparaître le « type italo-argentin »

« Tournant le dos à ses voisins [avec la cordillère], orientée vers un Sud qui ne conduit nulle part, tendue, splendide et sourde aux confins du monde, l’Argentine est une île »... et ses insulaires, très souvent d’une étonnante superbe, pour ne pas dire arrogance ! Pierre Kalfon, souligne à raison (c’est encore le cas) que l’ "Indio" est méprisé par l’Argentin de souche européenne.

Au-delà du métissage qui donne naissance au « criollo », l’Argentin dispose de traits de caractères spécifiques. Kalfon le dit pragmatique et nonchalant, un trait qui n’a point changé ! L’Argentin de 2012 est toujours aussi débrouillard et orienté vers les solutions pratiques ; quant à sa nonchalance, Kalfon la fait remonter à l’accès "simplisimo" à la nourriture. Pendant très longtemps, l’Argentin pour ainsi dire n’a qu’à se pencher pour trouver à manger… de la viande par kilo !

Mais l’Argentin est un « type » complexe. Pierre Kalfon parle d’une inquiétude métaphysique, qui engendre une certaine paresse, symbolisée par  l’expression « Total, par qué ? » au final, ça sert à quoi ?

Il s’appuie notamment sur le fameux livre de Raul Scalabrini Ortiz El hombre que esta solo y espera
 (L’homme qui est seul et attend/espère). Cet ouvrage paru e 1931 connut un extraordinaire succès et trace un très intéressant portrait psycho-social du porteño. Car parmi tous les Argentins, l’habitant de Buenos Aires est un cas particulier. Le porteño (qui représente aujourd’hui 1/3 de la population) a un comportement distinct.

C’est un homme foncièrement urbain mais marqué par « l’esprit de la terre », par l’esprit de cette pampa, immense territoire aux horizons et aux cieux sans fin, qui lui font prendre conscience de la finitude face au passage du temps, et ont tendance à l’inciter à l’inaction.

C’est aussi un homme seul (et comment peut-on se sentir plus seul que dans la pampa), mais qui cherche constamment à échapper à la solitude et au silence. C’est pour cela, selon Pierre Kalfon, pour oublier cette condition, que la radio [et aujourd’hui, on peut rajouter la télé !] est partout à bloc, y compris dans les lieux publics. C’est aussi pour cela que le porteño a tendance à vouloir partout se fondre dans la foule, celle de la Ville, celle des vacances. Mar del Plata surgit comme paroxysme de ce comportement grégaire : s’agglutiner pour ne plus sentir sa solitude.

C’est un homme d’improvisation et non de plan, un homme qui suit son instinct. Le porteño ne pense pas, il sent. Il méprise la vanité de l’intellectuel.

Ce que ne dit pas Kalfon, c’est l’analyse faite par Scalabrini Ortiz de l’influence des capitaux étrangers sur le caractère porteño. L’habitant de Buenos Aires a développé une méfiance instinctive face au capitalisme mondial, et Scalbarini Ortiz n’hésite pas à dénoncer les hommes politiques argentins qui s’y associent en pensant que le pays leur appartient. Ce trait est particulièrement intéressant, car il est toujours aussi vif aujourd’hui. Il suffit de voir l’opinion générale des Argentins, vis-à-vis des Etats-Unis et d’institutions, tels que le FMI et la Banque mondiale.

Le porteño se présente ainsi comme un nationaliste anti-impérialiste… et c’est peut-être aussi pour cette raison que le sujet des Malouines reste aussi sensible auprès de la population.

Au final, le porteño est un homme conscient de la fragilité de ce qui l’entoure, et qui malgré sa solitude, porté par el « esperitu de la tierra », se réconforte dans le bavardage amical dans un café ; il réhumanise la vie grâce au langage.

N’est-ce pas exactement ça le charme argentin ? Cette parole tendue en permanence ?
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Autre trait distinct de l’Argentin : c’est une personne qui s’en remet souvent au hasard. Pierre Kalfon pointe ainsi le nombre extraordinaire de kiosques de loterie… toujours visibles aujourd’hui ! Une attitude qui peut s’expliquer notamment par les multiples soubresauts du pays ; demain est imprévisible, incalculable. Il faut juste espérer (que les choses s’arrangent)
Peut-être en raison des multiples troubles qu’a connus le pays, « personne ne fait confiance à personne », ce qui ne simplifie pas forcément les relations de business !  Kalfon qui anticipe là les questions interculturelles soulignent l’importance pour les entreprises étrangères, d’avoir leur avocat argentin pour « faciliter » les négociations !


Selon l'auteur, l’Argentin souffre de ce que le pays aurait dû être et qu’il n’est pas devenu. Et à dire vrai, nombreux sont les Argentins que j’ai rencontrés (ceux des générations anciennes toutefois) qui se montrent assez amers sur l’histoire de leur pays.
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Evidemment, la vision de Kalfon sur l’Argentin ne pouvait éviter le dimanche, consacré à l’asado ou au football, deux « passions » si ancrées dans l’âme argentine.


Finalement, la seule analyse du livre qui ne tient peut-être plus aujourd’hui, c’est celle qui concerne la relation de l’Argentin à l’Eglise. Kalfon décrit l’Argentine comme un « pays païen ». Sans doute n’avait-il pas prévu l’extraordinaire essor des Eglises évangélistes.

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40 ans après sa sortie, on peut estimer que le portrait tiré par Kalfon est toujours d'actualité, l'Argentin fidèle à son essence !

24/01/2012

Quand une enfant de 11 ans doit devenir mère

-Opinion-

La mère d’une fillette de 11 ans violée avait demandé  à un hôpital d’Entre-Rios (province au nord de Buenos Aires) la mise en place d’un protocole d’avortement non répréhensible (l’avortement est illégal en Argentine sauf cas très particuliers, telle qu’une grossesse suite à un viol). L’hôpital a estimé que la justice devait être saisie, pour obtenir une autorisation, ce qui en soi est déjà un abus de pouvoir, la législation étant très précise sur le sujet (cf. art.86 du code pénal).

Le cas a pris des proportions inattendues, notamment en raison de la prise de position du ministre de la santé de la province qui a estimé qu’une grossesse à 11 ans pouvait tout à fait être menée à terme, sans risques sur la santé de la mère. Un point de vue partagé par une équipe médicale ayant examiné l’enfant.
Que la grossesse soit issue d’un viol n’a jamais été un point évoqué, comme si le crime initial n’avait que peu d’importance.

Cartel-de-la-campaña-por-el-aborto-legal.-2011-630x280.jpgLes organisations de défense du droit à l’avortement légal et des droits de l’enfant se sont aussitôt très fortement mobilisées… autant que les puissants lobbies anti-avortement.

Finalement, le 19 janvier, la famille de la fillette a décidé de retirer sa demande. Celle-ci mènera donc la grossesse à son terme. Selon les ONG qui soutenaient la demande de la mère, la famille a cédé à d’intenses pressions de la justice et des équipes médicales, foncièrement pro-vie.

L’histoire de cette fillette met en perspective la très délicate question de l’avortement en Argentine, et en Amérique latine. Aucun pays du continent ne dispose actuellement d’une loi pour l’avortement légal. Elle soulève également la question du pouvoir de l’Eglise dans ces pays.

La défense d’un fœtus à tout prix, parce qu’il représente une vie, au mépris du corps qui le porte, et qui dans ce cas précis n’est, ni physiquement ni mentalement, prêt à le recevoir est une abherration totale. En pensant sauver une vie, n'en met-on pas 2 en danger ?


Extrait de l'Article 86 du code pénal “El aborto practicado por un médico diplomado con el consentimiento de la mujer encinta, no es punible: 1º. Si se ha hecho con el fin de evitar un peligro para la vida o la salud de la madre y si este peligro no puede ser evitado por otros medios; 2º. Si el embarazo proviene de una violación o de un atentado al pudor cometido sobre una mujer idiota o demente. En este caso, el consentimiento de su representante legal deberá ser requerido para el aborto”.

 

En savoir plus sur ce sujet :
- Infonews: Autre cas de viol et d'avortement qui secoue le pays
- ONG Abortolegal : Abus de pouvoir sur la mère de l'enfant
(la photo de cette tribune vient du site Abortolegal)

- Cosecha roja : De cela on ne cause pas à General Campos [ville où habite la fillette]
- La razon : Retrait de la demande d'avortement



06/01/2012

Les Argentins optimistes (ou pas !) pour 2012

Une enquête Gallup-Université de Palermo, en date d’août 2011, avait révélé que 84% des Argentins se sentaient heureux. En ce début d’année 2012, on doit ajouter à cet état de bonheur, un optimisme de taille. D’après un sondage Haime y Asociados réalisé fin 2011, 60% des Argentins estiment que pour 2012 le pays va dans la bonne direction.

A la question de savoir quels sont les problèmes qui perdurent, l’insécurité est le thème récurrent (en tête des préoccupations depuis longtemps) suivi du niveau des prix (qui devance le chômage). Selon Hugo Haime, sociologue en charge de l’enquête, la question de l’inflation reste toutefois pour les personnes interrogées quelque chose de certes « ennuyeux » mais non « déterminant ».

Pourtant l’enquête révèle que pour l’année 2012, 45% de la population pense pouvoir tout juste couvrir ses dépenses et 9% prévoit déjà d’être dans le rouge. Seul 11% de la population argentine pense épargner en 2012.


Plusieurs questions se posent donc :

- L’inflation est-elle un phénomène aussi négligeable que semble le dire le sociologue Hugo Haime ? N’est-elle pas la cause des difficultés budgétaires des foyers argentins ?

-  Les Argentins sont-ils une population essentiellement consumériste ? (la consommation aux dépens de l’épargne). Ils couvriraient donc tout juste leurs besoins du fait d’un niveau de dépenses élevés.

-    La question du confort matériel est-elle absente des préoccupations argentines ? Malgré un niveau d’inflation élevé et une qualité de vie qui en souffre, l’optimisme resterait de mise, si l’on en croit l’enquête.

A moins que… ce sondage soit tout simplement commandité par le gouvernement ?