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08/11/2013

Aristote Onassis : une fortune d’origine… argentine !

Il est né dans le petit village de Karatass (près d’Izmir), a construit un empire considérable en tant qu’armateur et a été l’amant et époux de deux femmes icônes du 20e siècle (Maria Callas et Jackie Kennedy)…

La « légende » » d’Aristote Onassis est bien connue, mais qui sait que le milliardaire a commencé l’édification de sa fortune sur les rives du Rio de la Plata ?

Ari Onassis bureau.jpg

 

C’est en effet à Buenos Aires, où il est arrivé à l’âge de 17 ans, que le célèbre armateur grec Ari Onassis a fait ses armes d’entrepreneur et réussi ses premiers coups d’éclat.

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06/04/2013

La question mapuche en Argentine

 

Peuples originaires Argentine.pngEn Argentine, vivent une trentaine de peuples appelés « peuples originaires », autrement dit descendant des civilisations précolombiennes. Ils représentent environ 600 000 personnes (recensement mené en 2004-2005 par l’Indec). Les Mapuches sont les plus nombreux d’entre eux, avec une population d’environ 114 000 personnes, dont les deux tiers vivent dans la province de Neuquèn.

Toutefois, les organisations indigènes estiment que ces chiffres sont inférieurs à la réalité, nombreux étant ceux choisissant de dissimuler leurs origines par peur d’être discriminés.

Du fait de leur nombre, les Mapuche constituent sans aucun doute le peuple originaire le plus connu ; c’est aussi un de ceux qui luttent le plus. Tout voyageur ayant traversé la Patagonie aura entendu parler des revendications mapuches, au cours de son périple.

 

Qui sont les Mapuches ?

Les Mapuches sont originaires du Chili, mais commencent dès le 15e s. à faire des incursions de l’autre côté de la Cordillère des Andes et à s’y installer peu à peu. Leur situation va connaître une dégradation significative avec le début de la conquête espagnole.

Mapuche 19e.jpg

Le tournant majeur a lieu à partir de la fin du 18e s. À cette époque, les « Argentins » prennent conscience des considérables richesses de la Patagonie. De nouvelles villes se créent où émigre une population d’origine européenne. Dans de nombreuses zones, les Mapuches se retrouvent exilés de leur territoire, et partent vivre dans les provinces de Cordoba, San Luis, Santa Fe et Buenos Aires. On parle alors de « mapuchizacion de la pampa ».

Malgré ces déplacements, c’est près de la Cordillère que vivent encore aujourd’hui le plus grand nombre de Mapuches.


Pourquoi existe-t-il une lutte mapuche ?

Comme dans le cas de tous les peuples originaires, les droits des Mapuches ont systématiquement été bafoués depuis l’arrivée des Espagnols en Amérique du Sud. Les terres où vivaient ces peuples ont été considérées par les colons européens comme des « terra nullius », des terres n’appartenant à personne. C’est ainsi que les Mapuches ont subi de nombreuses spoliations et expulsions, et ce, sans parler des milliers de morts de la campagne « Conquête du désert » menée par Roca entre 1879 et 1881.

Or près d’un siècle et demi après cette opération belliqueuse, qui permit à l’Argentine de dominer la Patagonie, les droits de la communauté Mapuche sont encore loin d’être réellement respectés.

drapeau mapuche.pngComme tous les peuples indigènes, les Mapuches sont extrêmement attachées à leurs terres ancestrales. Or les spoliations n’ont jamais cessé. Aujourd’hui, les luttes concernent des terres convoitées par les producteurs de soja, par l’industrie forestière, par des promoteurs immobiliers dans les régions touristiques (c’est notamment le cas à Bariloche), ou bien sûr par l’industrie minière et pétrolière.

Focus

Le 19 décembre 2012, Miguel Galuccio (YPF) et Ali Moshiri (Chevron) ont signé un accord évalué à 1 Md de dollars, pour que la compagnie américaine investisse dans l’exploitation d’hydrocarbures de schiste, dans la zone de Vaca muerta (Neuquen). Ce faisant YPF a cédé un territoire de 290 km2. L’accord prévoit qu’à terme Chevron pourrait creuser jusqu’à 2000 puits sur une surface totale de 600 km2. Les Mapuches ont aussitôt dénoncé cet accord, non seulement pour les problèmes fonciers qu’il représente, mais également pour tous les dommages qu’il ferait subir à l’environnement et aux populations implantées dans les zones concernées. Pour rappel, la technique d’exploitation des hydrocarbures de schiste, appelée en anglais « fracking », a été interdite dans plusieurs pays (France, Bulgarie ; moratoire en Angleterre).

La signature de l’accord est actuellement remise en question, du fait d’une décision de justice argentine imposant un gel des biens de Chevron, en lien avec un procès concernant des dégâts environnementaux en Équateur. Le ministre de l’énergie, Guillermo Coco, s’est empressé de dire que la situation serait rapidement débloquée en faveur de Chevron

 

Les institutions de lutte pour les droits des peuples originaires et les avancées constitutionnelles

Des progrès ont cependant été faits à partir de la fin des années 1990. En effet, les droits des peuples originaires ont commencé à être reconnus à partir de la réforme constitutionnelle de 1994 et de la ratification par l’Argentine de la convention n° 169 sur les peuples indigènes et tribaux de l’Organisation internationale du travail en 2000 (convention luttant contre la discrimination).

La réforme constitutionnelle reconnaissait notamment le droit de propriété des peuples originaires sur leurs terres ancestrales.

Toutefois, l’ensemble de ces réformes ne semble pas avoir de traduction claire, visible et systématique dans l’ensemble des provinces argentines.

Le site Pueblos originarios en America explique notamment que la plupart des terres « en litige » sont considérées comme des terres « fiscales »… autrement dit les gouvernements locaux ont seul le pouvoir de dire à qui elles reviennent. Et personne ne sera surpris de savoir qu’en cas de litige, les peuples autochtones sont presque toujours perdants. Comment lutter contre des millions de pesos, voire de dollars ?


Des droits humains et sociaux encore très fragiles

Pour lutter contre un système leur étant encore très souvent défavorable et faisant parfois preuve d’une extrême violence à leur égard, les peuples originaires se sont eux-mêmes organisés. La Confederación Mapuche del Neuquén a ainsi créé en 2009 l’Observatoire des droits humains des peuples indigènes, qui effectue un monitoring régulier sur les décisions de justice, ainsi que sur les évolutions constitutionnelles, concernant les peuples « originaires ».

Mapuche Bariloche.jpg

 

 

En savoir plus :

- Le blog de Leslie Cloud (EHESS) qui contient de très nombreuses infos sur les droits des populations autochtones d’Argentine

- Le projet de co-gestion mis en place à Bariloche et visant à donner une place aux Mapuche dans la prise de décisions concernant les aménagements du parc national Nahuel Huapi. « Actuellement, le blocage majeur provient du fait que les communautés ne peuvent pas, seules, faire face aux pressions économiques et au lobbying de grands groupes, sur des terres jugées économiquement exploitables. C’est ici que la gestion participative du territoire et les coopérations créées avec le parc national prennent sens. »

 

 

03/02/2012

Qui est l’Argentin ?

(suite de la synthèse de l'ouvrage de Pierre Kalfon, Argentine)


Qui est-il cet individu d’Amérique latine qui se présente souvent comme Européen ? Dans un schéma amusant, Pierre Kalfon résume très bien les mélanges nombreux qui ont donné naissance à l’Argentin et à son tempérament sans pareil (cliquez sur l'image, pour la voir en grand).

DSCN9423.JPGS’y croisent les influences indiennes, espagnoles, françaises, italiennes, juives, le caractère du gaucho...

Le rêve du président Sarmiento (1868-1874) de  faire venir en Argentine une colonisation anglo-saxonne et nordique a bien échoué ! Car à la fin du XIXe, ce sont les Napolitains qui arrivent en masse et font apparaître le « type italo-argentin »

« Tournant le dos à ses voisins [avec la cordillère], orientée vers un Sud qui ne conduit nulle part, tendue, splendide et sourde aux confins du monde, l’Argentine est une île »... et ses insulaires, très souvent d’une étonnante superbe, pour ne pas dire arrogance ! Pierre Kalfon, souligne à raison (c’est encore le cas) que l’ "Indio" est méprisé par l’Argentin de souche européenne.

Au-delà du métissage qui donne naissance au « criollo », l’Argentin dispose de traits de caractères spécifiques. Kalfon le dit pragmatique et nonchalant, un trait qui n’a point changé ! L’Argentin de 2012 est toujours aussi débrouillard et orienté vers les solutions pratiques ; quant à sa nonchalance, Kalfon la fait remonter à l’accès "simplisimo" à la nourriture. Pendant très longtemps, l’Argentin pour ainsi dire n’a qu’à se pencher pour trouver à manger… de la viande par kilo !

Mais l’Argentin est un « type » complexe. Pierre Kalfon parle d’une inquiétude métaphysique, qui engendre une certaine paresse, symbolisée par  l’expression « Total, par qué ? » au final, ça sert à quoi ?

Il s’appuie notamment sur le fameux livre de Raul Scalabrini Ortiz El hombre que esta solo y espera
 (L’homme qui est seul et attend/espère). Cet ouvrage paru e 1931 connut un extraordinaire succès et trace un très intéressant portrait psycho-social du porteño. Car parmi tous les Argentins, l’habitant de Buenos Aires est un cas particulier. Le porteño (qui représente aujourd’hui 1/3 de la population) a un comportement distinct.

C’est un homme foncièrement urbain mais marqué par « l’esprit de la terre », par l’esprit de cette pampa, immense territoire aux horizons et aux cieux sans fin, qui lui font prendre conscience de la finitude face au passage du temps, et ont tendance à l’inciter à l’inaction.

C’est aussi un homme seul (et comment peut-on se sentir plus seul que dans la pampa), mais qui cherche constamment à échapper à la solitude et au silence. C’est pour cela, selon Pierre Kalfon, pour oublier cette condition, que la radio [et aujourd’hui, on peut rajouter la télé !] est partout à bloc, y compris dans les lieux publics. C’est aussi pour cela que le porteño a tendance à vouloir partout se fondre dans la foule, celle de la Ville, celle des vacances. Mar del Plata surgit comme paroxysme de ce comportement grégaire : s’agglutiner pour ne plus sentir sa solitude.

C’est un homme d’improvisation et non de plan, un homme qui suit son instinct. Le porteño ne pense pas, il sent. Il méprise la vanité de l’intellectuel.

Ce que ne dit pas Kalfon, c’est l’analyse faite par Scalabrini Ortiz de l’influence des capitaux étrangers sur le caractère porteño. L’habitant de Buenos Aires a développé une méfiance instinctive face au capitalisme mondial, et Scalbarini Ortiz n’hésite pas à dénoncer les hommes politiques argentins qui s’y associent en pensant que le pays leur appartient. Ce trait est particulièrement intéressant, car il est toujours aussi vif aujourd’hui. Il suffit de voir l’opinion générale des Argentins, vis-à-vis des Etats-Unis et d’institutions, tels que le FMI et la Banque mondiale.

Le porteño se présente ainsi comme un nationaliste anti-impérialiste… et c’est peut-être aussi pour cette raison que le sujet des Malouines reste aussi sensible auprès de la population.

Au final, le porteño est un homme conscient de la fragilité de ce qui l’entoure, et qui malgré sa solitude, porté par el « esperitu de la tierra », se réconforte dans le bavardage amical dans un café ; il réhumanise la vie grâce au langage.

N’est-ce pas exactement ça le charme argentin ? Cette parole tendue en permanence ?
*

Autre trait distinct de l’Argentin : c’est une personne qui s’en remet souvent au hasard. Pierre Kalfon pointe ainsi le nombre extraordinaire de kiosques de loterie… toujours visibles aujourd’hui ! Une attitude qui peut s’expliquer notamment par les multiples soubresauts du pays ; demain est imprévisible, incalculable. Il faut juste espérer (que les choses s’arrangent)
Peut-être en raison des multiples troubles qu’a connus le pays, « personne ne fait confiance à personne », ce qui ne simplifie pas forcément les relations de business !  Kalfon qui anticipe là les questions interculturelles soulignent l’importance pour les entreprises étrangères, d’avoir leur avocat argentin pour « faciliter » les négociations !


Selon l'auteur, l’Argentin souffre de ce que le pays aurait dû être et qu’il n’est pas devenu. Et à dire vrai, nombreux sont les Argentins que j’ai rencontrés (ceux des générations anciennes toutefois) qui se montrent assez amers sur l’histoire de leur pays.
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Evidemment, la vision de Kalfon sur l’Argentin ne pouvait éviter le dimanche, consacré à l’asado ou au football, deux « passions » si ancrées dans l’âme argentine.


Finalement, la seule analyse du livre qui ne tient peut-être plus aujourd’hui, c’est celle qui concerne la relation de l’Argentin à l’Eglise. Kalfon décrit l’Argentine comme un « pays païen ». Sans doute n’avait-il pas prévu l’extraordinaire essor des Eglises évangélistes.

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40 ans après sa sortie, on peut estimer que le portrait tiré par Kalfon est toujours d'actualité, l'Argentin fidèle à son essence !

01/02/2012

Argentine, gens et histoire

4e de couverture "Argentine", Pierre KalfonQu’est-ce que l’Argentine ? Qui est l’Argentin ?
C’est à ces deux questions que Pierre Kalfon a essayé de répondre en 1967 dans un ouvrage baptisé sobrement Argentine, que m’a fait découvrir un lecteur* du blog.

1967 direz-vous, voilà un document qui doit être périmé. Vous feriez là une erreur. L’ouvrage pertinent et parfois impertinent de Pierre Kalfon donne une vision d’une étonnante modernité sur le pays. 40 ans d’ailleurs, ce n’est pas toujours le temps suffisant pour qu’un pays connaisse des changements significatifs, surtout lorsque l’histoire s’en mêle, et celle de l’Argentine n’est pas la plus simple loin de là.

L’auteur qui a été directeur des Alliances françaises de Mendoza, Rosario, et Mar del Plata parle en connaisseur et cela se sent. Je livre ici une synthèse de l’ouvrage en deux parties, aujourd’hui, qu’est-ce que l’Argentine ? Demain, qui est l'Argentin ?

Pierre Kalfon  est l’auteur du roman Pampa, paru en 2007

Qu’est-ce que l’Argentine ?
pampa-pierre-kalfon.jpg
L’Argentine, c’est avant tout la Pampa. C’est elle qui a fait de l’Argentine ce qu’elle est aujourd’hui. La pampa, c’est cette région immense qui s’étend de Buenos Aires jusqu’à la Patagonie. Des milliers de km2 entièrement plats, un désert de pâturage. En 1536, Pedro de Mendoza introduit le cheval en Argentine ; cet animal sera l’un des héros de la pampa, en donnant naissance aux mythiques gauchos.

Environ 20 ans plus ans, en 1556, un autre animal débarque de la lointaine Europe : la vache (introduite par les Frères Goes via le Brésil). L’histoire de l’Argentine est lancée. Le ruminant prend bientôt ses quartiers dans la pampa. Il se multiplie sans cesse, la viande devient l’aliment le plus accessible, et la folie de l’exportation bovine peut commencer, parallèlement au commerce du cuir.

Les colons espagnols rêvaient d’une terre où l’argent coulait à flot (l’Argentine et le Rio de la Plata tiennent leur nom du précieux métal qui en fait venait de Bolivie), ils découvrent que la vraie richesse c’est ce terrain immense où paissent les bovidés.

Mais finalement, ce qu’il faut se demander c’est si ce développement considérable de l’élevage, et l’afflux de devises qui allait avec, n’a pas représenté une « malédiction » pour le pays ?

A la fin du XIXe, alors que l’Europe s’est industrialisée à marche forcée, l’Argentine reste un producteur agricole et devient importateur des biens manufacturés européens. Le pays est certes développé, mais « mal développé ».

La société argentine, elle aussi, se structure autour des richesses liées à l’élevage. Les immigrés de la première heure s’accaparent les terres ; des latifundias gigantesques font leur apparition, et des fortunes considérables se font jour. Lorsque les grandes vagues d’immigration débutent (1880), c’est déjà trop tard pour acheter des terrains. Les nouveaux venus s’installent dans les villes (c’est l’essor de Buenos Aires qui sera bientôt tentaculaire) et occupent des postes dans l’administration et les « services ». La classe moyenne argentine émerge.

En 1914, alors que la 1ère guerre mondiale ravage l’Europe, l’Argentine est, en comparaison avec le reste de l’Amérique latine le pays le plus urbanisé, le plus alphabétisé,  et le plus fortement capitalisé ; son réseau ferroviaire compte parmi les 7 meilleurs du monde, MAIS elle n’a pas d’industrie.

Ainsi quand la crise de 1929 survient, le système d’un coup s’effondre. Les Etats-Unis et l’Europe, principaux importateurs de viande et de céréales locales, ne sont plus en mesure d’acheter argentin.
Le pays entre dans une ère de fortes turbulences, qui ne cessera pas vraiment jusqu’à l’avénément de la démocratie en 1982. Pierre Kalfon parle des années 30, comme le début du « golpismo » (de golpe : coup). Coup d’Etat, coup de force, coup de main, la prise du pouvoir se fait désormais de manière le plus souvent illégitime, quand ce n’est pas tout simplement violent.

Cette période coïncide toutefois avec la naissance progressive d’une industrie argentine, pour faire face à la crise mondiale. Une classe ouvrière se développe, c’est le terrain parfait pour l’arrivée du général Perón, en 1946. Aux côtés de sa femme Evita, il fait vivre le mythe d’une Argentine puissante et prospère.

Mais à la chute de Perón en 1955, l’Argentine doit constater qu’elle ne dispose toujours pas de l’industrie lourde, des transports, et de l’énergie suffisante pour revendiquer un statut de puissance industrielle. Elle reste bel et bien dépendante des exportations pour de nombreux biens et équipements.

En 1966, après une décennie tumultueuse, prend le pouvoir le général Ongania. C’est le début d’une vraie dictature, avec chasse aux communistes, dissolution de tous les partis, suppression de l’autonomie des universités. Parallèlement, une économie libérale se met en place, avec le retour en grande force des capitaux américains. Le pétrole est privatisé, tout comme les banques commerciales. 

L’ouvrage de Pierre Kalfon s’achève sur cet épisode historique. L’Argentine qu’il dépeint est une Argentine très divisée ; en 1973, elle élira de nouveau Perón dans un contexte tendu. Un an après, il meurt, laissant sa femme Isabel Perón au pouvoir. Bientôt une junte militaire dirigée par Videla fait un coup d’Etat. C’est le début d’une tragique dictature qui fera disparaître près de 30 000 opposants et  qui ne s’achèvera qu’en 1982, avec la défaite lors de la guerre des Malouines. S’ouvre alors une nouvelle page démocratique, qui en 2001 connaîtra une crise très profonde et ménera à l'avénement des Kirchner.


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Demain, le portrait de l’Argentin !

 

* Merci Patricio !

08/01/2012

Les Malouines/ Falklands : d’une guerre à une autre ?

30 ans après la guerre des Malouines, les tensions restent vives entre la Grande-Bretagne et l’Argentine, qui continue de revendiquer la souveraineté sur ces îles situées à 480 km de ses côtes. Les derniers mois ont été émaillés de nombreux incidents et Cristina Fernandez de Kirchner ne semble pas prête à abdiquer. La possibilité d’un nouveau conflit armé est-elle tout à fait exceptée ?

Les Malouines ont une histoire singulière. Découvertes en 1592 par John Davis, elles ont porté presque autant de noms que le nombre de navigateurs qui passèrent au large ou y posèrent le pied ! En 1690, le capitaine Anglais John Strong les baptise Falklands, nom qu’elles conservent aujourd’hui pour les Britanniques. Toutefois, c’est le nom que lui donna en 1764 Louis-Antoine de Bougainville , en référence à Saint-Malo (port d’attache de l’expédition), qui s’imposa dans le monde hispanophone sous la forme « Malvinas ».

carte - malouines.gifAprès une histoire tumultueuse –les Malouines sont tour à tour françaises, espagnoles, anglaises, puis argentines- le 3 janvier 1833, la souveraineté britannique est déclarée sur ces îles sans résistance argentine (le capitaine José Maria Pinedo alors en poste, ne s’estimant pas disposer des ressources nécessaires pour lutter contre l’armée britannique).

Depuis lors, la question des « Malvinas » a occupé l’espace public argentin jusqu’au « point culminant » de 1982, lorsque les militaires au pouvoir à Buenos Aires décidèrent de prendre d’assaut les Malouines. La guerre  ne dura que quelques semaines ; elle fit 635 victimes du côté argentin, 255 du côté anglais, et se solda par une victoire britannique.

30 ans après, les slogans pro-Malouines fleurissent sur les murs, les « Malvinas argentinas » sont un nom de rue répandu, et les « vétérans de la guerre » non-reconnus continuent de réclamer des indemnités à travers une occupation très visible de la Plaza de Mayo.

Au plan diplomatique, les derniers mois de 2011 ont été tendus entre l’Argentine et le Royaume-Uni.
Courant novembre, la nouvelle annoncée de l’arrivée du prince William sur le sol des Falklands (en février-mars 2012) a constitué un premier incident de taille,  la présidente argentine, considérant que la venue du futur roi n’était rien d’autre qu’une provocation.
malvinas_argentinas (Daniel Marie).jpg
Puis en décembre, lors du sommet de la CELAC, CFK a reformulé ses revendications sur les Malouines, soutenues en cela par la plupart des dirigeants latino-américains. Quelques jours plus tard, le 20 décembre, les pays membres du Mercosur ont annoncé qu’ils refuseraient désormais l’entrée de leur port à tout bateau battant pavillon des Falklands.

                                                                            source photo : Daniel Marie

Enfin, le Ministères des Affaires Etrangères argentin, Hector Timmerman, écrivait le 3 janvier dans une tribune de Pagina 12 que "la question des Malouines est un  cas particulier d’usurpation de la souveraineté, qui mutile l’intégrité territoriale de l’Argentine". Comme CFK, lors du sommet de la CELAC, il présentait les Malouines comme l’un des derniers relents de la colonisation. De fait, les Malouines font partie des 16 territoires non-autonomes qu’étudie annuellement le Comité des 24 des Nations-Unies (dédié à la décolonisation).

Dans cette même tribune, Hector Timmermann faisait une allusion rapide à la question pétrolière et s’attardait sur l’usage militaire fait des Iles Malouines, les Britanniques y pratiquant des tirs de missile d’après ses dires.

Il faut savoir que l’un des enjeux principaux qui réside aujourd’hui autour des Malouines est lié aux gisements pétroliers situés dans ses eaux territoriales. Ainsi les revendications argentines ne sont-elles pas seulement une forme de déclaration d’amour pour ces quelques km2 carrés de terres battues par les vents.

falkland islands.jpgDe son côté, le Royaume-Uni a toujours mis en avant au cours des discussions concernant les Malouines/ Falklands la volonté des habitants de rester sous le drapeau britannique.

En 2013, l’"occupation" britannique des Malouines atteindra son 180e anniversaire. Ce chiffre tout rond, et sinistre pour l’Argentine, pourrait-il être l’occasion d’une percée belliqueuse ?

Car il n’aura évidemment pas échappé au gouvernement de Cristina Kirchner que le gouvernement Cameron a effectué des coupes budgétaires sévères en matière de défense*, ce qui pourrait constituer une véritable tentation d'attaque...

*Le 30 décembre 2011, le Royaume-Uni a rendu public des documents jusque-là classés confidentiels, qui montrent que des mises en garde contre une possible invasion argentine avaient été adressées à Margaret Thatcher, dans un contexte de diminution budgétaire pour la défense navale britannique (source : Buenos Aires Herald 31 décembre 2011)



Sources d'info sur les Malouines/ Falklands

> Lire la page en espagnol de Wikipedia sur les Malouines (très clairement orientées pro-britanniques : "Luego de la guerra, los isleños obtuvieron la plena ciudadanía británica, su estilo de vida fue mejorando por las inversiones que hizo Gran Bretaña y la liberalización de las medidas económicas que habían estado paralizadas para evitar conflictos con la Argentina. En la Argentina el resultado de la guerra tuvo entre sus efectos evitar definitivamente una eventual guerra con Chile y desencadenó el fin de la dictadura militar y el regreso a la democracia."

> Film de Peter Kominsky (1987), « La guerre des Malouines » disponible en 4 parties sur dailymotion :
(très intéressant documentaire avec des images d’époque et de nombreux témoignages de personnes ayant pris part à la guerre)

> La guerre des Malouines sur le Forum « Au militaire »

> Pour une vision des Malouines / Falklands par ceux qui y vivent (le site n’est plus mis à jour, mais donne de nombreuses infos sur l’histoire des îles)

>  Site argentin sur les « Malvinas argentinas »

> Autre site argentin : Malvinense  (bien à mis à jour)

> Fondation des Vétérans des Malouines


28/10/2011

Les démons argentins (1)

Dans un livre sorti la semaine passée  « Grey Wolf : the escape of Adolf Hitler », deux auteurs britanniques reviennent sur une thèse très répandue en Argentine, et déjà soutenue par le journaliste argentin Abel Basti: Hitler ne serait pas mort en 1945, mais aurait atteint le littoral argentin en sous-marin, avec Eva Braun, et  serait ensuite installé en Patagonie (à Bariloche).

Dans « Grey Wolf », les auteurs affirment que les témoignages de personnes ayant vu Hitler en Argentine, ainsi que certains documents historiques (plans de fuite, etc), ne laissent pas de place au doute. Hitler serait mort à 67 ans après avoir tranquillement élevé ses deux filles…

De fait, contrairement à ce qu’on a pu voir récemment avec les cas Ben Laden et Khadafi, jamais il n’a été retrouvé de traces tangibles du corps d’Hitler, et le crâne possédé par l’armée russe et présenté comme celui d’Hitler, a révélé dans une analyse récente qu’il était celui d’une jeune fille.

Qu’Hitler ait ou non survécu en Argentine, cette théorie s’appuie toutefois sur un fait réel et bien connu : celui de la présence de très nombreux Nazis en Argentine (spécialement en Patagonie), où ils purent s’installer grâce à la « bienveillance » de Péron.


Les ouvrages d’Abel Basti sur ce thème :
> Bariloche Nazi (2004)
> Hitler en Argentina (2006)
> El exilio de Hitler

casahitlerargen.jpg
Maison de Bariloche où aurait vécu Hitler selon Basti