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07/05/2015

Rodeo ou la malédiction de l’or

Un voyage dans la Cordillère, c’est aussi un voyage au pays des « méga-mines ». La Cordillère des Andes recèle de richesses fabuleuses en ressources naturelles : or, argent (ah Potosi !), cuivre… Les montagnes ici sont dignes du « Diamant gros comme le Ritz » de Fitzgerald. Depuis déjà longtemps, ces ressources ont attiré les convoitises de très nombreux investisseurs, presque toujours étrangers. Il suffit de rappeler l’exploitation intensive du cuivre chilien par les entreprises Braden Copper Company ou encore Andes Copper Mining au tournant du XXe siècle.

Si des auteurs, tels qu’Eduardo Galeano, ont dénoncé dès les années 70 ce qu’on peut appeler un véritable « pillage » des ressources naturelles andines par les pays riches, ceux-ci seraient sans doute dépités de voir que la situation actuelle n’a pas changé d’un iota. De Famatina à Rodeo, nous vous emmenons sur des routes où l’or finit par devenir la véritable malédiction des territoires et populations.

lingots d'or.jpg

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14/04/2013

La réserve San Guillermo face à Barrick Gold

 

Difficile d’y échapper depuis quelques semaines… Les affiches de Greenpeace « Sauvons la réserve de San Guillermo » ont envahi les rues de Buenos Aires. Très grosse opération de comm’, assez inhabituelle pour une ONG... De quoi retourne-t-il donc ?

Greenpeance San Guillermo.JPG

 

La réserve de biosphère de San Guillermo

Située dans la province de San Juan, le long de la Cordillère des Andes, la réserve représente une superficie très importante de presque 1 million d’ha. Une partie de la réserve, d’environ 150 000 ha, forme le Parc National San Guillermo.

Classée au patrimoine de l’UNESCO en 1980, la réserve comporte deux régions phytogéographiques : le Chaco (forêts humides) et la région andine (montagnes sèches et steppes). Elle est l’habitat naturel de la vigogne et du guanaco, et plus marginalement du puma et du renard doré.

Une campagne qui vise la multinationale Barrick Gold

La campagne coup de poing de Greenpeace vise à arrêter les projets de mine d’or, menés par la multinationale canadienne et géant de l’exploitation aurifère Barrick Gold.

Projet Pascual Lama.jpgLe projet baptisé Pascua-Lama est en gestation depuis 2000, date à laquelle Barrick Gold acquiert les terrains concernés. La zone d’extraction se situe au niveau de la frontière chilo-argentine, dans les montagnes andines, et à 10 km de la mine Veladero dont Barrick est également propriétaire.

Pascua-Lama est considéré comme l’un des projets aurifères les plus rentables du monde, compte tenu de la quantité d’or attendue et des faibles coûts liés à son extraction. Les réserves sont estimées à 18 millions d’onces d’or et 676 millions d’onces d’argent.

Les projets miniers de Barrick Gold se trouvent à l’extérieur du « cœur » de la réserve (ce fameux noyau de 150 000 ha), dans les zones dites de « transition ». Du côté de Barrick Gold, il a été affirmé lors du lancement du projet que les zones d’extraction se situeraient hors de la réserve, point contesté depuis le début par les opposants à la mine.

Les précédents à la campagne de Greenpeace

De nombreuses associations ont déjà dénoncé par le passé les dommages environnementaux et sociaux liés aux activités de Barrick Gold. Cela a notamment été le cas pour les activités minières menées en Tanzanie, ou en Papouasie Nouvelle Guinée.

Concernant le projet de San Guillermo, le Centro de Derechos Humanos y Ambientes (CEDHA) avait publié dès 2011 un communiqué à l’attention des éventuels partenaires financiers de Barrick Gold, pour signaler que le financement du projet de la Barrick contrevenait aux « Equator principles ».

 Dans ce rapport, le CEDHA dénonçait l’impact qu’auraient les activités minières sur les glaciers de la région (Coconta, Toro1, etc.), et par ricochet sur l’eau potable et l’irrigation dans les territoires dépendant des glaciers, ainsi que sur les écosystèmes de la réserve.

 

En juillet 2012, la Barrick Gold avait subi un revers après un arrêté de la Cour suprême de justice qui l’enjoignait à respecter la loi de protection des glaciers.

 

Que Greenpeace dénonce-t-il à travers la campagne ?


Malgré ce revers, la mise en place du projet reste toujours à l’ordre du jour. La mine de Pascua-Lama est censée entrer en activité mi-2014.

Dans son rapport, Greenpeace demande à ce que la Réserve soit restructurée de sorte qu’un territoire plus grand soit considéré comme cœur de la réserve, et en tant que tel, intouchable.

La plupart des impacts dénoncés par Greenpeace reprennent ceux déjà dénoncés par la CEDHA :

  • La question fondamentale de l’eau (système lié aux glaciers, eaux souterraines et système lacustre)
  • Impact sur les agricultures en dépendant
  • Impact sur la faune et la flore de la réserve
  • Impact sur le tourisme
  • Impact sur le patrimoine archéologique (plusieurs sites précolombiens concernés).

L’étude de l’ONG précise qu’en février 2013 « la commission d’évaluation environnementale [comision de evaluacion ambiental – CEA] d’Atacama [Chili] a décidé à l’unanimité une amende 100 millions de pesos chiliens, compte tenu des irrégularités détectées dans la gestion du projet en matière d’environnement ».

De fait, on apprend le 10 avril sur le site de la Barrick Gold que les opérations côté chilien sont suspendues… Côté argentin, le projet se poursuit

Le petit puma choisi pour être l’emblème de la campagne (et pourquoi pas une vigogne ? moins mignonne ? Greenpeace s’y connaît en marketing !) saura-t-il arrêter le géant minier ?

 

 

En savoir plus :

Ø         ** Le rapport de Greenpeance sur la réserve San Guillermo

Ø        **  Protest Barrick : Site d’une ONG qui lutte contre les projets de la Barrick Gold

         

 

        Crédit photos : Affiche dans les rues de BA (Isabelle Laumonier); Plan des Mines (Barrick Gold)

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26/12/2011

Le soja en Argentine : turbo économique… mais à quel prix ?

S’il est bien connu que l’Argentine est un pays dont l’économie est en partie tirée par la puissance de son secteur agricole (incluant l’élevage) , on imagine le plus souvent d’immenses étendues de terre où paissent tranquillement des vaches.

Pourtant, si la viande bovine reste effectivement un produit d’exportations de première importance, ces dernières années c’est le soja qui est devenu la priorité du secteur agricole.

Les surfaces cultivées avec du soja représentent aujourd’hui environ 18 millions d’hectares (soit plsu de 50% de l’ensemble des terres cultivées). Les provinces où la culture d’oléagineux est la plus développée sont : Buenos Aires, Cordoba, Santa Fe, Entre Rios et la Pampa.

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Champ de soja à Corboba (Source)



Le ministère de l’agriculture a récemment confirmé que ses prévisions pour la campagne 2011-2012 étaient de 19 millions d’hectares de terres dédiées à la culture du soja, et ce malgré un niveau de pluviométrie peu satisfaisant au cours des derniers mois.

En 2011, d’après les chiffres de l’INDEC, institut des statistiques argentines, les exportations liées au soja représentent 19 milliards de dollars, soit 25% du montant global des exportations, c’est dire tous les enjeux portés par la culture de ces oléagineux (source : tableau des exportations de l’INDEC. Dans le tableau, les lignes qui concernent le soja sont les lignes 9, 13, et 19). Parmi les plus grands importateurs de soja argentins, les deux géants asiatiques : Chine et Inde.

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Si la culture du soja s'est aujourd'hui particulièrement intensifiée, c'est que cet oléagineux possède de nombreux usages :
- l’énergie : le soja est un agrocarburant
- l’alimentaiton humaine (huile de soja, lait de soja, tofu, etc.) ;
- l'alimentation animale (tourteaux de soja avec haute teneur en protéines)



La question de la culture massive du soja en Argentine appelle bien sûr un autre sujet, celui des OGM. Car le soja planté ici est transgénique. L’Argentine se positionne d'ailleurs juste derrière les Etats-Unis, comme 2e pays plus gros producteur d’OGM destinés au commerce.

Quant à l’entreprise qui a implanté le soja transgénique en Argentine, pas de surprise, il s'agit de l’incontournable Monsanto. Toutefois, ne disposant pas d'un brevet valide sur le territoire argentin, la multinationale américaine ne bénéficie pas des énormes gains engrangés par l'industrie du soja argentine (Monsanto a intenté plusieurs procés à l'Argentine à ce sujet; pour plus d'infos, cliquer ici + commentaires) 

En 2006, un article édifiant du Monde diplomatique faisait le bilan du développement du soja transgénique : si la réussite économique est bien au rendez-vous, et à quel point, les conséquences sanitaires et écologiques sont dramatiques.
(Lire l’article « Argentine, un cas d’école »)

 

Et les critiques ou scandales liés au soja ne semblent pas prêts de s'arrêter.

Il y a un peu plus d'un mois, la section danoise de Greenpeace a dénoncé avec vigueur la culture du soja transgénique en Argentine, créant un incident diplomatique entre les deux pays.

Plus récemment encore, ce lundi 26 décembre, le quotidien Pagina 12 rapportait un nouveau scandale lié à la culture du soja. Dans la ville de Esteban Echevarria, située à 30 minutes de Buenos Aires, la société immobilière Creaurban S.A. (qui utilise une partie de ses terrains pour la culture du soja) a répandu du Glisofato, un puissant herbicide, sur un terrain situé à l’orée d’un quartier résidentiel (propriété de la même Creaurban S.A…. scrupules, vous avez dit scrupules ?).

S’en sont suivies une invasion de cafards, ainsi que des réactions dermatologiques quasi-immédiates chez certains habitants du quartier. Faut-il préciser que l’utilisation de cet herbicide est interdite proche des zones habitées ?

Quant à l’entreprise Creaurban S.A., a-t-elle vraiment du souci à faire ? Elle est directement liée à Mauricio Macri, actuel gouverneur de Buenos Aires.
Ethique et pouvoir….