26/12/2011
Le soja en Argentine : turbo économique… mais à quel prix ?
S’il est bien connu que l’Argentine est un pays dont l’économie est en partie tirée par la puissance de son secteur agricole (incluant l’élevage) , on imagine le plus souvent d’immenses étendues de terre où paissent tranquillement des vaches.
Pourtant, si la viande bovine reste effectivement un produit d’exportations de première importance, ces dernières années c’est le soja qui est devenu la priorité du secteur agricole.
Les surfaces cultivées avec du soja représentent aujourd’hui environ 18 millions d’hectares (soit plsu de 50% de l’ensemble des terres cultivées). Les provinces où la culture d’oléagineux est la plus développée sont : Buenos Aires, Cordoba, Santa Fe, Entre Rios et la Pampa.
Champ de soja à Corboba (Source)
Le ministère de l’agriculture a récemment confirmé que ses prévisions pour la campagne 2011-2012 étaient de 19 millions d’hectares de terres dédiées à la culture du soja, et ce malgré un niveau de pluviométrie peu satisfaisant au cours des derniers mois.
En 2011, d’après les chiffres de l’INDEC, institut des statistiques argentines, les exportations liées au soja représentent 19 milliards de dollars, soit 25% du montant global des exportations, c’est dire tous les enjeux portés par la culture de ces oléagineux (source : tableau des exportations de l’INDEC. Dans le tableau, les lignes qui concernent le soja sont les lignes 9, 13, et 19). Parmi les plus grands importateurs de soja argentins, les deux géants asiatiques : Chine et Inde.
Si la culture du soja s'est aujourd'hui particulièrement intensifiée, c'est que cet oléagineux possède de nombreux usages :
- l’énergie : le soja est un agrocarburant
- l’alimentaiton humaine (huile de soja, lait de soja, tofu, etc.) ;
- l'alimentation animale (tourteaux de soja avec haute teneur en protéines)
La question de la culture massive du soja en Argentine appelle bien sûr un autre sujet, celui des OGM. Car le soja planté ici est transgénique. L’Argentine se positionne d'ailleurs juste derrière les Etats-Unis, comme 2e pays plus gros producteur d’OGM destinés au commerce.
Quant à l’entreprise qui a implanté le soja transgénique en Argentine, pas de surprise, il s'agit de l’incontournable Monsanto. Toutefois, ne disposant pas d'un brevet valide sur le territoire argentin, la multinationale américaine ne bénéficie pas des énormes gains engrangés par l'industrie du soja argentine (Monsanto a intenté plusieurs procés à l'Argentine à ce sujet; pour plus d'infos, cliquer ici + commentaires)
En 2006, un article édifiant du Monde diplomatique faisait le bilan du développement du soja transgénique : si la réussite économique est bien au rendez-vous, et à quel point, les conséquences sanitaires et écologiques sont dramatiques.
(Lire l’article « Argentine, un cas d’école »)
Et les critiques ou scandales liés au soja ne semblent pas prêts de s'arrêter.
Il y a un peu plus d'un mois, la section danoise de Greenpeace a dénoncé avec vigueur la culture du soja transgénique en Argentine, créant un incident diplomatique entre les deux pays.
Plus récemment encore, ce lundi 26 décembre, le quotidien Pagina 12 rapportait un nouveau scandale lié à la culture du soja. Dans la ville de Esteban Echevarria, située à 30 minutes de Buenos Aires, la société immobilière Creaurban S.A. (qui utilise une partie de ses terrains pour la culture du soja) a répandu du Glisofato, un puissant herbicide, sur un terrain situé à l’orée d’un quartier résidentiel (propriété de la même Creaurban S.A…. scrupules, vous avez dit scrupules ?).
S’en sont suivies une invasion de cafards, ainsi que des réactions dermatologiques quasi-immédiates chez certains habitants du quartier. Faut-il préciser que l’utilisation de cet herbicide est interdite proche des zones habitées ?
Quant à l’entreprise Creaurban S.A., a-t-elle vraiment du souci à faire ? Elle est directement liée à Mauricio Macri, actuel gouverneur de Buenos Aires.
Ethique et pouvoir….
20:16 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : soja, argentine, soja argentin, soja transgénique, monsanto, exportations de soja, superficie cultivée, greenpeace | Facebook | | |
Commentaires
Certes, le soja argentin est transgénique. Et comme vous le dites sans trop insister sa production a réellment permis de sortir l'Argentine du marasme économique du début des années 2000 et de payer ses dettes. Cela a profité d'ailleurs a une grande partie de la société argentine.
Par contre, cette phrase est fausse: "Quant à l’entreprise qui a implanté le soja transgénique en Argentine, pas de surprise, il s'agit de l’incontournable Monsanto." Renseignez-vous, les argriculteurs argentins, soutenus par l'Etat, n'ont jamais payé de royalties à Monsanto qui n'a pas développé la culture... Par contre c'est l'Etat argentin, suivi par tous les acteurs économiques agricoles, qui, voyant la manne incroyable du soja (taxé de 30-40% sur les exportations, si je me souviens bien) a favorisé cette culture ainsi que d'autres en rotation: blé, maïs etc.
Écrit par : yaours | 30/12/2011
Bonjour Yaours,
Merci pour cet éclairage complémentaire. En ce qui concerne Monsanto, j'ai bien revérifié les sources; l'entreprise a de fait introduit le soja transgénique en Argentine. Toutefois comme vous le précisez, Monsanto ne dispose pas en Argentine du brevet sur le soja RR, et ne touche donc pas un dollar de "royalties" (malgré les procés qu'elle a intentés).
Voici quelques liens complémentaires sur la question du soja transgénique en Argentine :
- http://www.monografias.com/trabajos82/mosanto-y-soja-argentina/mosanto-y-soja-argentina2.shtml
- http://www.alterinfo.net/Monsanto-et-le-soja-argentin_a157.html
- http://old.clarin.com/diario/2007/09/06/elpais/p-02101.htm
Le site de Monsanto lui-même présente le conflit qui l'oppose à l'Argentine :
- http://www.monsanto.com/newsviews/Pages/argentine-soy-meal-imports.aspx
Je vais apporter la précision à l'intérieur de l'article, pour que les choses soient plus claires !
N'hésitez pas à réagir si vous avez d'autres éléments d'infos sur ce sujet !
Cordialement, isabelle
Écrit par : isabelle | 31/12/2011
Les commentaires sont fermés.