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06/10/2011

Une vision macro : l’inégalité en Amérique latine

Dans un supplément du dimanche 2 octobre du quotidien Pagina 12, l’économiste argentin Bernardo Kliksberg revient dans un article intitulé « Scandale éthique de notre temps » sur un phénomène qui gangrène l’Amérique latine : l’inégalité.

Il y a en effet dans ce continent une distorsion très importante entre les plus pauvres et les plus riches, ce que mesure le coefficient de Gini. La carte accessible à ce lien traduit en couleur les niveaux de coefficient : plus le coefficient est élevé, plus l’inégalité est importante (couleurs : violette, rose, orange, rouge). On constate que l’Amérique latine présente des niveaux d’inégalité particulièrement élevés (tout comme les Etats-Unis, par ailleurs).

L’une des faces les plus visibles de l’inégalité est la grande pauvreté qui touche une partie non-négligeable de la population sud-américaine. Les statistiques révèlent ainsi que :
- 53 millions de personnes en Amérique latine souffrent de sous-nutrition (sur une population totale d’environ 600 millions), alors même que les caractéristiques géographiques et naturelles du continent devraient lui permettre de nourrir jusqu’à trois fois sa population
- 50 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable
- Seuls 49% des garçons et 55% des filles terminent le niveau secondaire (au Nicaragua, au Honduras et au Guatemala, seuls 30% des enfants finissent le secondaire)

Il faut toutefois noter que,  conscients de l’importance de l’éducation, quelques pays latino-américains ont mis en place des lois, voire des articles dans leur Constitution, pour fixer un budget plancher à l’éducation : le Costa-Rica et l’Argentine se sont ainsi engagés à y  consacrer 6% de leur PNB.


Le partage des richesses est bien sûr au cœur des inégalités. D’après les données du professeur Klinksberg, les 10% les plus riches gagnent en moyenne, en Amérique latine, 30 fois plus que les 10% les plus pauvres (la différence va jusqu’à 60, en Colombie). En Norvège, ce coefficient est de 6.

L’inégalité a une autre dimension, celle du genre. Un seul chiffre suffit : les femmes, à niveau de responsabilité égale, gagnent 30% de moins que les hommes. Ce qui n’empêche cependant pas les femmes d’avoir une visibilité publique. Aujourd’hui, 3 pays d’Amérique du Sud sont présidés par des femmes : l’Argentine de Cristina F. Kichner, le Brésil de Dilma Roussef et enfin le Costa-Rica de Laura Chinchilla.

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Focus Argentine


L’inégalité en Argentine s’est particulièrement creusée suite à la crise financière de 2001, qui a plongé
dans la banqueroute un grand nombre de foyers argentins et provoqué une explosion de la pauvreté, visible dans l’apparition des cartoneros ou le développement des « villas » (bidonvilles en plein centre ville : le plus connu, la villa 31, mais voir également la villa de Chacarita). Cependant, l’inégalité était déjà présente auparavant, attribuable à une présence trop faible de l’Etat, aux crises économiques récurrentes, à une société civile souvent mal organisée et ne disposant pas de moyens suffisants pour se faire connaître.

villa31.jpg
photo:Villa 31



En matière de société civile, la situation a beaucoup évolué, comme en témoigne l’organisation à la Rural (le palais des expos de Buenos Aires) de la manifestation Exposolidaria la semaine passée. Meilleure coordination, meilleure visibilité, la société civile semble désormais prête à jouer un véritable rôle de levier social.

Parmi les raisons qui expliquent le maintien d’un niveau d’inégalité élevé en Argentine, on peut citer :
- une corruption qui reste étendue
- un système judiciaire peu efficace
- un marché du travail, miné par le travail au noir (40% du marché total), d’où une faible couverture sociale.

Il est à noter qu’aujourd’hui le salaire minimum argentin est de 2300 pesos (env.385 euros) en inadéquation, avec les niveaux de prix actuels (à noter cependant que ce salaire minimum a été augmenté en 2011 de 25% pour faire face à l’inflation, et qu’il est aujourd’hui  le salaire minimum le plus élevé d’Amérique latine.) 

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