10/04/2014
Grève « générale », Buenos Aires ville morte !
Pour le passant non averti, la journée d’aujourd’hui pourrait ressembler à un jour férié… Sauf qu’il n’en est rien. Si les rues de Buenos Aires sont aujourd’hui désespérément vides, c’est parce qu’une grève, initiée par l’omnipuissant responsable du syndicat des routiers, bloque la ville. Et pourquoi donc ? Hugo Moyano est accusé de réaliser une « grève politique ». Qu’en est-il vraiment ?
Photo : La Nacion
L’organisation de la grève
Hugo Moyano s’est allié à Luis Barrionuevo (responsable du syndicat de l’hôtellerie et de la restauration) et Pablo Micheli (responsable du syndicat ouvrier CTA) pour lancer cette grève générale, qui touche avant tout les routiers et les transports publics (bus, métro, trains, avions).
De nombreux « piquetes » (blocages essentiellement au niveau des autoroutes : General paz, le périphérique de Buenos Aires ; Panamericana, route d’accès à Buenos Aires…) rendent également impossible la circulation des voitures.
Résultat : les Porteños n’ont eu aujourd’hui guère d’autres choix que de rester chez eux…
De ce fait, il est fort difficile de dire qu’il s’agit d’une grève générale, dans le sens où elle serait suivie par de très grandes quantités de travailleurs. Dans les faits, quiconque présenterait des velléités d’aller travailler s’en trouve tout simple empêché par l’impossibilité de circuler.
Le pourquoi de la grève
C’est la question centrale… Que réclament donc ces syndicats ? Si certains accusent Moyano de réaliser une « grève politique », c’est parce que la grève a pour objectif essentiel la démonstration de force.
Mais au-delà de ça, la question concerne les augmentations de salaire, en cours de négociation actuellement au sein des réunions paritaires.
D’un côté, le gouvernement tente de freiner les augmentations très fortes demandées (minimum de 30% d’augmentation… montant justifiée par l’inflation) et de convaincre que l’emploi risque d’être menacé si les salaires augmentent autant. Il souligne également qu’après la très forte inflation de janvier et février, les prix commenceraient à trouver un rythme de croisière avec une inflation plus mesurée.
De l’autre côté, les syndicalistes affirment que le gouvernement est en train d’utiliser les salaires comme variable d’ajustement macro-économique. En limitant les augmentations de salaire sous le rythme de l’inflation, il tenterait de freiner l’emballement général des prix auquel on assiste depuis le début de l’année.
Les autres demandes syndicales
Parmi les autres réclamations : l’augmentation du minimum non-imposable ou encore l’augmentation des retraites. Mais pour le chef de Cabinet de CFK, Jorge Capitanich, il s’agit là d’exigences non justifiées dans la mesure où le gouvernement a déjà pris des mesures significatives.
Et cela est tout de même indéniable. A l’heure actuelle, à peine 1,3 million de personnes en Argentine paient l’impôt sur le revenu. En effet, pour y être soumis, il faut gagner plus de 15 000 pesos bruts. Or le salaire moyen argentin actuel se situe autour de 7000 pesos (un chiffre qui devrait nettement augmenter cette année avec les négociations salariales en cours).
En ce qui concerne les retraites, Jorge Capitanich a signalé que la loi sur l’indexation des pensions (“movilidad jubilatoria”) avait déjà été modifiée 11 fois depuis son entrée en vigueur en 2009.
Il est évident que côté syndicalistes et côté gouvernement, chacun cherche à défendre sa position. Une chose est sûre, quel que soit le bien-fondé des revendications salariales, la grève présentée comme une grève nationale est très loin d’emporter l’adhésion de tous les travailleurs !
Bien que chacun souhaite évidemment que son pouvoir d’achat soit protégé à travers des augmentations de salaire notables (et « fidèles » à l’inflation), il va de soi que la grève d’aujourd’hui cherche également à déstabiliser le gouvernement.
Sources :
http://www.iprofesional.com/notas/184442-La-verdadera-pel...
http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-243756-2014-04...
17:36 Publié dans Société argentine - questions sociales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grève générale buenos aires, paro nacional, hugo moyano, augmentation de salaires, inflation, argentine | Facebook | | |
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