22/08/2013
Elections primaires argentine : succès de l'opposition ?
Le 11 août dernier, ont eu lieu en Argentine les élections primaires, également nommées PASO (primarias, abiertas, simultaneas y obligatorias). Ces élections très attendues constituaient la première étape du processus électoral, qui aboutira à l’élection le 27 octobre prochain, de 127 députés et de 24 sénateurs.
En Argentine, les élections primaires visent à sélectionner les candidatures pour les postes de représentation nationale. Les 30 millions d’électeurs argentins devaient donc s’exprimer par leur vote sur leurs candidats préférés… à la candidature.
Ce scrutin est de fait très important, car il ne représente rien d’autre qu’une répétition, un test des élections « réelles ». Toutes les listes qui obtiennent plus d’1,5% de voix lors des primaires, peuvent participer au « second tour » décisif.
Au lendemain du 11 août, les kirchnéristes et leurs opposants ont scruté avec très grande attention les résultats de ces PASO.
Qui est sorti gagnant des primaires argentines 2013 ?
Un nom était sur toutes les lèvres aux lendemains des PASO : Sergio Massa. Ce jeune politicien de 41 ans, maire de la ville de Tigre, a longtemps été très proche des kirchnéristes, allant jusqu’à assumer le poste de chef de cabinet de CFK en 2008.
Il s’en est toutefois distancié à partir de 2009 et a récemment formé une nouvelle coalition politique : le Frente Renovador, qui souhaite se positionner comme force d’opposition majeure face au Frente para la Victoria de Cristina Kirchner.
Dans la province de Buenos Aires, le Frente Renovador de Massa est arrivé en tête avec 35% des voix, devant le groupement kirchnériste, qui a accusé le coup, avec « seulement » 29,65% des voix. Compte tenu de l’importance la province, les médias ont rapidement titré le lendemain « Triomphe de Massa, déroute du kirchnérisme ».
Cependant, les chiffres sont à prendre avec des pincettes. Pour un non-expert, il faut bien avouer que ces élections sont difficilement déchiffrables. Une myriade de partis s’y présente et ceux-ci différent en fonction des provinces. Cette absence d’homogénéité rend les résultats peu lisibles et témoigne du fort régionalisme politique en Argentine.
Alors si la victoire du Frente Renovador à Buenos Aires est un signal fort et une mise en cause certaine du gouverment, il convient toutefois de regarder au niveau national ce qui s’est produit, avant d’enterrer le kirchnérisme.
Javier Zelaznik, professeur de Sciences-politiques à l’Université di Tella, a ainsi étudié au peigne fin les résultats, afin d’avoir une vision claire du paysage politique, en fonction des alliances politiques. Selon lui, le Frente para la Victoria reste en tête au niveau national avec 31% des votes, suivi du « Péronisme opposant », et l’UCR (les radicaux) avec 25%.
Il s’agira donc de voir après le 27 octobre qui entre au Congrés, et comment les forces en présence influenceront les politiques nationales. Il faut avoir en tête qu’il ne s’agit que d’un renouvellement partiel de l’Assemblée, qui compte en tout 257 députés.
Une chose est sûre : Cristina Kirchner, pour la première fois, doit faire face à l’expression d’un ras-le-bol dans les urnes.
Cela étant dit, il manque encore un point essentiel à l’opposition pour vraiment construire : des alliances solides… et un programme ! En tout cas, les difficultés ne manqueront pas de surgir après les résultats d’octobre : depuis le 13 août, les débats sont déjà à couteaux tirés pour savoir qui présidera l’Assemblée.
Le 12 septembre sera publié le nom des listes autorisées à participer aux élections du 27 octobre.
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19/08/2013
Videla, dollar, inflation et pêche: brèves d'Argentine!
L’auteur de ce blog étant tombé dans une faille spatio-temporelle (plus identifiable sous le nom de « séjour prolongé en France »), les mises à jour des Chroniques de Buenos Aires en ont quelque peu pâti.
Dieu sait pourtant qu’il s’en est passé des choses depuis les dernières notes.
Mort du dictateur Videla
Le 17 mai, le dictateur Videla est mort. Ce général, ayant gouverné l’État argentin entre 1976 et 1981 et mis en place le système répressif qui a entraîné la disparition de plus de 30 000 opposants, n’a jamais exprimé de regrets sur ses actes. Condamné à la prison à perpétuité en 2010, Jorge Videla est décédé dans sa cellule à l’âge de 87 ans.
Son nom est à jamais synonyme de barbarie et de vols de bébé.
Coût de la vie en Argentine : ça ne s’arrange pas…
Partir près de 3 mois et revenir en Argentine, c’est forcément se confronter à une sévère hausse de prix. L’inflation, comme à son habitude, n’a cessé de galoper. De fait, juillet semble avoir été un mois charnière avec une inflation de 2,55 % sur le mois ; ce qui reste toutefois conforme aux prévisions d’une inflation annuelle de 25%. Pour l’économiste Carlos Melconian, l’inflation sur juillet aurait même été supérieure à 3%.
Côté Indec, l’institut national des statistiques, on chante la même rengaine « non, non rien n’a changé »… L’inflation, à ses dires, serait à peine au-dessus des 10% (on se demande si les statisticiens de l’Indec vivent réellement en Argentine).
Autrement dit, les mesures de congélation des prix mises en place par le gouvernement n’ont eu aucun effet.
Un simple exemple le prix des taxis à Buenos Aires : il a augmenté de 10% en juillet et connaîtra un nouvel ajustement d’un peu plus de 10% en octobre (soit une augmentation annuelle de 21%... certes un peu en deçà de l’inflation annuelle [selon les économistes non officiels], mais bien au-delà des chiffres de l’Indec).
Euro et dollar blue : en direct des cuevas !
Le prix du dollar au marché parallèle s’est stabilisé en dessous du niveau record de mai, où le dollar avait atteint les 10 pesos. À l’heure actuelle, le billet vert se monnaie autour de 8,60 pesos.
Quant au niveau de l’euro blue, il se situe quant à lui autour de 11,50 pesos.
Et les taux de change officiels ? Au jour d’aujourd’hui : 1 $ = 5,59 et 1€ = 7,49.
Autrement dit, la différence entre le taux officiel et le taux « réel » est aujourd’hui d’un peu plus de 50%.
Pour suivre jour après jour l’évolution des taux de change, consultez la page dolargentino.
Touristes en Argentine ?? Emportez des euros avec vous, et changez sur place dans les « cuevas » : c’est le jackpot…
NB : on parle en Argentine de dollar blue ou d’euro blue, pour désigner la valeur de ces devises au marché noir.
Corruption argentine : la pêche aussi concernée ?
En juin, les garde-côtés argentins ont fait main basse sur un navire chinois, pêchant illégalement dans les eaux territoriales (en particulier du poulpe, dont raffolent les Chinois). Jusque-là, todo bien. Si ce n’est que voici déjà plusieurs années que le journaliste argentin Roberto Maturana a révélé toutes les corruptions au sein de la marine argentine (et du gouvernement). De fait, il semble absolument avéré que les navires chinois naviguant en flottille comptent des complices corrompus au sein de la « Préfecture maritime » argentine. Ceux-ci les informeraient dès qu’une patrouille serait sur le point d’intervenir au cours des pêches illégales (généralement nocturnes).
On détruit bien des ressources halieutiques pour une « poignée » de dollars (certes difficiles à trouver en ces temps de pénurie…).
Et à lire Roberto Maturana, la poignée en question vaut bien quelques millions.
Il y a aussi eu des élections primaires il y a peu… Nous en reparlerons très vite. Cristina Kirchner doit-elle s’inquiéter ?
12:43 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pêche illégale argentine, dollar euro blue, videla, inflation | Facebook | | |
16/08/2013
Martha Argerich, le piano en suspens
Retour en musique… L’auteur du blog s’était absenteé pour quelques mois en France et reprend doucement le pouls argentin !
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Génie du piano, interprète hors-norme, femme de caractère… les qualificatifs ne manquent pas pour designer Martha Argerich. Celle qui dès l’âge de 3 ans impressionnait son monde en jouant au piano des airs entendus une fois, qui s’imposa à l’adolescence comme l’une des pianistes les plus précoces de l’histoire, qui sut éblouir les plus prestigieuses salles de concert, celle-là même est aussi une femme de mystères et d’impulsions sans compromis, capable d’annuler des concerts au dernier instant ou d’interrompre brutalement sa carrière, quand sa carrière (ou sa vie) ne la satisfait pas.
Oiseau nocturne, à la vie intérieure sans doute pleine de détours, de chemins, de contre-allées et autres fugues, Martha Argerich se confie peu. Ce qu’elle nous laisse avant tout, c’est sa musique.
Voici ici la partita n°2 de Bach, magistralement interprétée par Argerich :
Les plus curieux auront sans doute à cœur de se plonger dans deux œuvres qui leur permettront de mieux déchiffrer l’identité de la pianiste argentine :
- Le livre d’Olivier Bellamy, intitulé L’enfant et les sortilèges
- Le documentaire que lui consacre sa fille Stéphanie Argerich : Bloody daughter
Et pour une première découverte, l’interview de Martha Argerich par Bellamy, sur pianiste.fr, donne déjà le ton !
17:52 Publié dans Culture argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : martha argerich, pianiste argentine, bach partita n°2, olivier bellamy, musique argentine | Facebook | | |