28/10/2013
Législatives en Argentine : recul du kirchnérisme
Le kirchnérisme vit-il ses dernières heures ?
Alors que Cristina Kirchner se trouve en congés de la vie politique pour raisons de santé, les élections qui ont eu lieu hier ont donné un léger coup de massue au Frente para la Victoria.
Les primaires (PASO) du mois d’août n’étaient pas de bon augure, et les kirchnéristes ont dû après ce second tour admettre ce qui ressemble à une défaite, derrière un masque de victoire, car il le faut le rappeler : en total de votes, le parti de Cristina Kirchner reste la première force politique du pays.
La sanction est cependant tombée dans les districts les plus importants du pays : à Buenos Aires, Cordoba, Santa Fe, et Mendoza, ce sont les listes d’opposition qui ont gagné et parfois très haut la main.
Sergio Massa
A Buenos Aires, le représentant de Kirchner, Martin Insauralde a dû se contenter de 32,18% des voix, laissant loin devant Sergio Massa (Frente Renovador), qui avec plus de 43% des voix s’est positionné de manière forte dans le combat présidentiel à venir.
Autres gagnants mais sans doute moins bien dangereux adversaires pour les présidentielles de 2015 : Hermés Binner à Santa Fe, Julio Cobos à Mendoza et Juan Schiaretti à Cordoba.
Autre résultat à signaler : les 3 sièges de députés gagnés par le Frente de Izquierda de Jorge Altamira (photo). Après 8 ans d’absence, c’est le retour d’un parti classé trotzkiste dans l’hémycicle argentin. Bien qu’anecdotiques en terme de pouvoir acquis, ces trois sièges représentent toutefois un changement dans l’électorat argentin, où des déçus du kirchnérisme vote désormais pour un programme de gauche plus radical et plus fidèle aux intérêts des ouvriers.
En pleine récupération de son opération d’un hématome au cerveau, Cristina Kirchner se retrouve donc face à un paysage politique modifié : si sur le total des votes, le Frente para la Victoria reste gagnant, le rejet de ses candidats dans les grandes villes est un défi direct adressé à la présidente.
Mauricio Macri, le maire de Buenos Aires et opposant historique à Cristina, a lui aussi du souci à se faire, car son duel envisagé en 2015 s’est transformé en un combat à 3 têtes, avec Massa qui vient chasser désormais sur les terres du PRO (le parti de Macri). Côté programme pourtant, bien des idées similaires et pas des plus enthousiasmantes : de la sécurité, encore et toujours ; de la lutte contre l’inflation ; et pour le reste ??
Binner ou le Frente de Izquierda pourront-ils jouer les trublions ? Il est très tôt pour le dire. Deux années encore pour que les partis affinent leurs stratégies.
15:07 Publié dans Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : législatives argentines, sergio massa, cfk, mauricio macri, hermes binner, frente renovador, jorge altamira | Facebook | | |
01/10/2013
Montevideo – Buenos Aires : 2h12
Une nouvelle star est née hier sur le Rio de la Plata… Baptisé « François », en hommage au pape argentin, le dernier-né de la compagnie Buquebus assurera la liaison entre Buenos Aires et Montevideo, en un temps record d’à peine 2h15.
Si à cette occasion les deux présidents réunis ont célébré l’unité et la fraternité des peuples argentins et uruguayens, la tension restait palpable… Le conflit qui les oppose sur l’usine de papier UPM (ex-Botnia) vient en effet de rebondir.
Alors, Cristina Fernandez de Kirchner et Pepe Mujica : partenaires, rivaux, amis ou ennemis ?
Découvrir nos portraits croisés.
00:50 Publié dans Visiter l'Argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cfk, mujica, buquebus, ferry francisco, pape françois | Facebook | | |
CFK - Mujica : le match
Si l'Argentine et l'Uruguay sont sans aucun doute des pays frères, leurs dirigeants actuels, bien que d'une idéologie initialement proche, n'ont semble-t-il que très peu de points communs...
Portraits à la louche.
Cristina Fernandez de Kirchner
60 ans
Présidente de l’Argentine depuis 2007
Ancienne : avocate, première dame (épouse du feu président Nestor Kirchner)
Tendance politique : péroniste - kirchnériste
En conflit avec : le FMI, la Banque Mondiale, les fonds vautours, Clarin, le pape François (mais en voie de réconciliation !)…
Chevaux de bataille : l’égalité, les Malouines, le peso argentin, l’approfondissement du modèle
Fortune personnelle : 14 millions de dollars
Principal conflit avec l’Uruguay : las papeleras… Usines de papier UPM sur le Rio Uruguay
Pepe Mujica
79 ans
Président de l’Uruguay depuis 2009
Ancien : guérillero, otage de la dictature militaire, fleuriste
Tendance politique : ancien anarchiste, converti à une forme de « socialisme »
Chevaux de bataille : l’égalité, l’éducation, la sécurité publique et la lutte contre la drogue
En conflit avec : les grands propriétaires terriens uruguayens, les écologistes, … quien mas ?
Fortune personnelle : des clopinettes (Pepe Mujica reverse 90% de son salaire à des projets d’aide contre la pauvreté).
Principal conflit avec l’Argentine : on vous le donne en 1000 ! La pollution provoquée par l’usine de papier UPM
Qu’a dit Mujica de CFK ? « Esta vieja es peor que el tuerto. El tuerto era mas politico, esa es terca » (cette vieille est pire que le borgne [Nestor Kirchner]. Le borgne était plus politicien, elle, est têtue)
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Avec tout ça, regardent-ils vraiment dans la même direction ?
00:38 Publié dans Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cfk, mujica, conflit uruguay-argentine, fortune cfk, salaire mujica, upm, fonds vautours | Facebook | | |
12/01/2013
Cristina Kirchner au chevet de Chavez
Cristina Kirchner était aujourd’hui à Cuba pour rendre visite au président vénézuélien, qui a subi une nouvelle opération le 11 décembre. Atteint d’un cancer depuis 2011, Hugo Chavez est pour quatrième fois hospitalisé à l’hôpital militaire de la Havanne.
Réélu le 7 octobre 2012 (il est au pouvoir depuis 1999), Hugo Chavez devait prêter serment le 10 janvier devant l’assemblée. Son état de santé, visiblement préoccupant, ne lui a pas permis d’assurer le déplacement.
En Amérique latine, ses soutiens se mobilisent et souhaitent ainsi démontrer à l’opposition vénézuelienne que Chavez n’est pas encore enterré. Evo Morales (Bolivie) et Pepe Mujica (Uruguay) se sont rendus à Caracas pour rappeler leur soutien inconditionnel au leader de gauche. L’intention de Cristina en se rendant à Cuba était bien la même.
Il faut dire que le pouvoir de Chavez est d’ores et déjà remis en cause, la constitution n’étant selon les opposants pas respectée. Celle-ci prévoit en effet que le président soit sur le territoire vénézuélien au moment de prêter serment. En tout état de cause, si l’absence de Chavez venait à se prolonger, de nouvelles élections seraient très prochainement organisées… si tant est que les institutions fonctionnent. Chavez avait de son côté fait savoir que s’il ne parvenait pas à vaincre son cáncer, il invitait les Vénézuéliens à élire comme nouveau président, l’actuel vice-président Nicolas Maduro.
CFK s’envolera quant à elle dans la foulée pour une “tournée commerciale” qui la conduira aux Emirats Arabes Unis, au Vietnam et en Indonésie. Objectif : vendre, vendre coûte que coûte, la balance commerciale argentine en a besoin, et au passage négocier pour un peu de pétrole…
Photo : Cristina Kirchner et Hugo Chavez
18:15 Publié dans Divers Amérique latine, Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cfk, hugo chavez, élections vénézuela, tournée commerciale cfk | Facebook | | |
22/05/2012
Revue de presse "Argentine"
A noter dans l’actualité de la semaine dernière :
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· Le voyage de Cristina Kirchner en Angola
· L’Argentine et le continent africain n’ont que des liens très ténus. Toutefois, depuis quelques années, l’Argentine suivant l’exemple des grands émergents (Brésil, Chine, Inde, Russie) s’intéresse de près à l’Afrique, continent avec lequel elle souhaite développer des liens économiques. La visite de Cristina Kirchner à Luanda s’explique essentiellement par la question énergétique. L’Angola est au coude à coude avec le Nigeria, comme 1er pays producteur de pétrole en Afrique. Or, l’ « affaire YPF » l’ayant montré récemment, l’Argentine a un besoin important d’énergie fossile. 400 hommes d’affaires argentins étaient par ailleurs du voyage… L’Argentine semble-t-il compte bien exporter sa viande, ses vins, ses céréales et son miel à l’Angola. Pétrole contre nourriture… la version argentine !
· Toutefois, le président angolais Dos Santos a de son côté surtout fait valoir les échanges culturels et éducatifs qui découleraient des accords issus de cette visite (quelle vision bucolique…) - photo AFP
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· La désaccélération avouée de l’économie argentine
· L’institut des statistiques argentin, le fameux INDEC, a admis que l’économie argentine avait connu en mars son plus faible taux de croissance depuis 2009. A 4%, un taux que les pays développés souhaiteraient toutefois connaître, l’Argentine est donc confronté à un ralentissement économique… Cette réalité est notamment constatée dans les supermarchés et les centres commerciaux où les ventes ont nettement baissé. Les freins majeurs à l’importation sont une autre cause de ce ralentissement de la croissance argentine au cours du 1er semestre 2012.
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· La foire ArteBA fait un carton à Buenos Aires
Depuis le 18 mai se tient au Parc des Expositions de Buenos Aires (la Rural), la grande feria d’art contemporain ArteBA. Ce WE, les Porteños s’y bousculaient malgré le prix élevé d’entrée (50 pesos). A scruter et découvrir, de nombreuses peintures, installations, et sculptures d’artistes latino (essentiellement argentins). Parmi les grands noms présents, Julio Le Parc, Antonio Ségui ou encore Eugenio Cutica.
Photos : Isabelle Laumonier
06:12 Publié dans Culture argentine, Economie argentine, Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cfk, angola, pétrole, argentine, indec, baisse de la croissance argentine, arteba, eugenio cuttica, antonio segui, julio le parc | Facebook | | |
08/01/2012
Les Malouines/ Falklands : d’une guerre à une autre ?
30 ans après la guerre des Malouines, les tensions restent vives entre la Grande-Bretagne et l’Argentine, qui continue de revendiquer la souveraineté sur ces îles situées à 480 km de ses côtes. Les derniers mois ont été émaillés de nombreux incidents et Cristina Fernandez de Kirchner ne semble pas prête à abdiquer. La possibilité d’un nouveau conflit armé est-elle tout à fait exceptée ?
Les Malouines ont une histoire singulière. Découvertes en 1592 par John Davis, elles ont porté presque autant de noms que le nombre de navigateurs qui passèrent au large ou y posèrent le pied ! En 1690, le capitaine Anglais John Strong les baptise Falklands, nom qu’elles conservent aujourd’hui pour les Britanniques. Toutefois, c’est le nom que lui donna en 1764 Louis-Antoine de Bougainville , en référence à Saint-Malo (port d’attache de l’expédition), qui s’imposa dans le monde hispanophone sous la forme « Malvinas ».
Après une histoire tumultueuse –les Malouines sont tour à tour françaises, espagnoles, anglaises, puis argentines- le 3 janvier 1833, la souveraineté britannique est déclarée sur ces îles sans résistance argentine (le capitaine José Maria Pinedo alors en poste, ne s’estimant pas disposer des ressources nécessaires pour lutter contre l’armée britannique).
Depuis lors, la question des « Malvinas » a occupé l’espace public argentin jusqu’au « point culminant » de 1982, lorsque les militaires au pouvoir à Buenos Aires décidèrent de prendre d’assaut les Malouines. La guerre ne dura que quelques semaines ; elle fit 635 victimes du côté argentin, 255 du côté anglais, et se solda par une victoire britannique.
30 ans après, les slogans pro-Malouines fleurissent sur les murs, les « Malvinas argentinas » sont un nom de rue répandu, et les « vétérans de la guerre » non-reconnus continuent de réclamer des indemnités à travers une occupation très visible de la Plaza de Mayo.
Au plan diplomatique, les derniers mois de 2011 ont été tendus entre l’Argentine et le Royaume-Uni.
Courant novembre, la nouvelle annoncée de l’arrivée du prince William sur le sol des Falklands (en février-mars 2012) a constitué un premier incident de taille, la présidente argentine, considérant que la venue du futur roi n’était rien d’autre qu’une provocation.
Puis en décembre, lors du sommet de la CELAC, CFK a reformulé ses revendications sur les Malouines, soutenues en cela par la plupart des dirigeants latino-américains. Quelques jours plus tard, le 20 décembre, les pays membres du Mercosur ont annoncé qu’ils refuseraient désormais l’entrée de leur port à tout bateau battant pavillon des Falklands.
source photo : Daniel Marie
Enfin, le Ministères des Affaires Etrangères argentin, Hector Timmerman, écrivait le 3 janvier dans une tribune de Pagina 12 que "la question des Malouines est un cas particulier d’usurpation de la souveraineté, qui mutile l’intégrité territoriale de l’Argentine". Comme CFK, lors du sommet de la CELAC, il présentait les Malouines comme l’un des derniers relents de la colonisation. De fait, les Malouines font partie des 16 territoires non-autonomes qu’étudie annuellement le Comité des 24 des Nations-Unies (dédié à la décolonisation).
Dans cette même tribune, Hector Timmermann faisait une allusion rapide à la question pétrolière et s’attardait sur l’usage militaire fait des Iles Malouines, les Britanniques y pratiquant des tirs de missile d’après ses dires.
Il faut savoir que l’un des enjeux principaux qui réside aujourd’hui autour des Malouines est lié aux gisements pétroliers situés dans ses eaux territoriales. Ainsi les revendications argentines ne sont-elles pas seulement une forme de déclaration d’amour pour ces quelques km2 carrés de terres battues par les vents.
De son côté, le Royaume-Uni a toujours mis en avant au cours des discussions concernant les Malouines/ Falklands la volonté des habitants de rester sous le drapeau britannique.
En 2013, l’"occupation" britannique des Malouines atteindra son 180e anniversaire. Ce chiffre tout rond, et sinistre pour l’Argentine, pourrait-il être l’occasion d’une percée belliqueuse ?
Car il n’aura évidemment pas échappé au gouvernement de Cristina Kirchner que le gouvernement Cameron a effectué des coupes budgétaires sévères en matière de défense*, ce qui pourrait constituer une véritable tentation d'attaque...
*Le 30 décembre 2011, le Royaume-Uni a rendu public des documents jusque-là classés confidentiels, qui montrent que des mises en garde contre une possible invasion argentine avaient été adressées à Margaret Thatcher, dans un contexte de diminution budgétaire pour la défense navale britannique (source : Buenos Aires Herald 31 décembre 2011)
Sources d'info sur les Malouines/ Falklands
> Lire la page en espagnol de Wikipedia sur les Malouines (très clairement orientées pro-britanniques : "Luego de la guerra, los isleños obtuvieron la plena ciudadanía británica, su estilo de vida fue mejorando por las inversiones que hizo Gran Bretaña y la liberalización de las medidas económicas que habían estado paralizadas para evitar conflictos con la Argentina. En la Argentina el resultado de la guerra tuvo entre sus efectos evitar definitivamente una eventual guerra con Chile y desencadenó el fin de la dictadura militar y el regreso a la democracia."
> Film de Peter Kominsky (1987), « La guerre des Malouines » disponible en 4 parties sur dailymotion :
(très intéressant documentaire avec des images d’époque et de nombreux témoignages de personnes ayant pris part à la guerre)
> La guerre des Malouines sur le Forum « Au militaire »
> Pour une vision des Malouines / Falklands par ceux qui y vivent (le site n’est plus mis à jour, mais donne de nombreuses infos sur l’histoire des îles)
> Site argentin sur les « Malvinas argentinas »
> Autre site argentin : Malvinense (bien à mis à jour)
> Fondation des Vétérans des Malouines
20:55 Publié dans Histoire argentine, Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guerre des malouines, faklands, celac, mercosur, comité des 24, cfk, hector timerman, prince william | Facebook | | |