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07/10/2015

Les Qopiwini auront-ils gain de cause ?

Ils sont là depuis déjà 6 mois dans leurs tentes de fortune. Ils occupent un point stratégique de la ville, l’intersection Avenida de Mayo et 9 de Julio ; meilleure visibilité ils pourraient difficilement avoir. Qui sont-« ils » ? Ce sont les représentants des communautés indigènes de Formosa,  Qom, Pilagá, Wichi et Nivacle, réunies dans l’organisation « Qopiwini ».

A une semaine de la journée de la diversité (jour férié célébré le 12 octobre), et quelques jours après leur dernier feu de camp ayant bloqué la 9 de Julio, voici quelques clés pour comprendre leurs revendications et les problèmes auxquels ces communautés indigènes du Nord de l’Argentine sont confrontées.

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Campement Qopiwini, 9 de Julio

Photo : Isabelle Laumonier

 


Les revendications de Qom, Pilaga, Wichi et Nivacle à Formosa

La situation des communautés « Qopiwini » dans cette province méconnue de l’Argentine est depuis 2010 particulièrement critique. A partir de cette date, ont commencé à éclater des heurts réguliers avec les forces de l’ordre, suite à des expropriations considérées comme illégitimes par les Qoms et autres communautés locales. Pour ceux-ci, les terres sont en effet celles de leurs ancêtres et la propriété leur revient donc de droit, mais bien évidemment les potentats locaux ne voient pas cela du même œil ! Toute terre expropriée signifie des hectares en plus pour la culture du soja

En l’espace de 5 ans, du fait des violences policières, près de 12 membres de la communauté « La Primavera » (qui regroupe les Qoms, Pilas, Wichi et Nivacale) ont été tués. Le premier fut le Quom Roberto Lopez en novembre 2010 et le dernier en date l’adolescent de 17 ans, Esteban Medina, retrouvé mort en janvier 2015.

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Source photo

 

Les revendications de La Primavera concernent aujourd’hui :

-ce droit sans cesse clamé à la propriété (et restitution) de leurs terres. Ce droit se fonde l’article 75° 17 de la Constitution Nationale, qui « reconnaît la préexistence ethnique et culturel des peuples indigènes argentins […] et la possession et propriété communautaires des terres qu’ils occupent traditionnellement »

-justice et vérité pour les personnes assassinées

-l’abandon des poursuites engagées contre le cacique Qom Felix Diaz

 

Cristina Kirchner, la grande absente 

Afin de se faire entendre et de voir leurs droits respecter, la communauté Primavera s’est regroupée au sein de l’organisation Qopiwini, qui a installé ses tentes en plein cœur de Capital Federal. L’objectif final : parvenir à se faire recevoir par Cristina Kirchner et son gouvernement, pour pouvoir trouver des solutions au conflit… 

Mais voilà que 6 mois sont passés, qu’aucune porte de la Casa Rosada ne s’est ouverte… et que les élections présidentielles ne sont plus que dans 3 semaines. Autrement dit, la possibilité d’une réception par le chef de l’Etat relèverait désormais presque du miracle… Le cri de ralliement « Presidenta, no se vaya sin recibirnos » va semble-t-il rester lettre morte.

 

 

La non-application des lois, un problème majeur pour les communautés indigènes argentines

De fait, La Primavera a pourtant la loi de son côté. 

Elle dénonce ainsi la non-application des lois internationales suivantes :

  • La déclaration des Nations Unies sur les Droits indigènes
  • Les instruments juridiques et la jurisprudence du Système inter-américain de l’OEA
  • La Convention américaine des droits humains (art 75. 22)
  • etc.

Ainsi que des lois argentines suivantes :

  • Les constitutions provinciales argentines + constitution nationale
  • La loi des Forêts  (> que nous avions déjà mentionnée dans un article sur la forêt primaire en Argentine)
  • La loi des Glaciers
  • La Loi Générale de l’Environnement

 

>> Consulter la liste complète des lois non-appliquées sur le site de la « Résistance Qom » (article reprenant la Déclaration du Sommet des Peuples Indigènes). Ces revendications rejoignent ainsi celles des Mapuche, que nous avions déjà évoquées ici.

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Formosa, une province pauvre, où tout semble permis

L’un des problèmes majeurs de ces communautés s’explique par la géographie… Comme la plupart des provinces éloignées de Buenos Aires et peu peuplées, la province de Formosa se trouve entre les mains d’une élite politique et économique qui dirige le gouvernement local comme bon lui semble… et surtout de manière à en récupérer le plus de pouvoir et d’argent possible. 

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Formosa se situe à la frontière avec le Paraguay. Selon les projections de l’INDEC, elle compte en 2015, 579 000 habitants.

 

Le gouverneur en place Gildo Insfrán (aujourd’hui considéré comme ultra Kirchnériste « ultra K ») a été élu gouverneur pour la première fois en 1995… 20 ans d’un règne que rien ne semble pouvoir arrêter. Partisan de Menem pendant les années 90, puis de la Rua, puis de Kirchner, voilà un politique qui paraît indéboulonnable. 

Selon le journal « La vaca », Insfran serait à la tête d’un système féodal. Il contrôle tous les médias, et lutte inlassablement contre les peuples originaires pour étendre l’économie du soja. Parmi ces autres faits d’arme, il placerait au sein de la cour provincial (de justice) d’anciens fonctionnaires de la dictature.

En mars 2015, « La Izquierda diario » a fait part d’un  vaste scandale d’espionnage illégal orchestré par le gouverneur et révélé par l’UCR (parti radical). Principalement visé par cet espionnage : les communautés indigènes, des journalistes et des politiques du parti radical.

 

Alors qu’une vaste campagne de promotion touristique vante depuis plusieurs mois les beautés de « Formosa Hermosa »*, ce sont surtout opacité, violence et corruption qui semblent le mieux caractériser le gouvernement de la Province.

 

*sur ce site dédié à la promotion touristique, une des dernières « actus » visibles en date d’octobre 2014, annonce l’implantation d’une usine de purification de l’uranium… Encore un business juteux à mettre au compte du gouverneur ?  

 

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