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01/03/2015

Ouverture de l’année législative et démonstration du kirchnérisme

A grands renforts de pétards, de canonnades, de musique à plein, de tambours et de chants militants, l’année législative s’est ouverte ce matin au Congrès, en présence de la présidente argentine. A cette occasion, le kirchnérisme a réalisé une véritable démonstration de force.

Discours-fleuve de Cristina Kirchner aux députés et foule considérable sur la Place du Congrès. De Buenos Aires et des provinces, les kirchnéristes ont fait savoir qu’ils représentaient toujours un pouvoir incontournable. La présidente a quant à elle fait un bilan détaillé de son action ; oratrice hors pair –quoi qu’on pense d’elle-, elle a provoqué l’enthousiasme de ses partisans à travers ses différentes annonces et sa capacité à susciter le rire et l’émotion. 

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Réaction du kirchnérisme après le #18F

Suite à la grande marche silencieuse organisée par les procureurs de l’opposition le 18 février dans le cadre de l’affaire Nisman, la première réaction de Cristina Kirchner est arrivée sous forme d’une lettre ouverte publiée sur son site internet. Outre un rappel de l’action de son gouvernement pour faire la lumière sur l’attentat de l’AMIA, la présidente argentine a surtout fait un bilan de son action au pouvoir.

L’enjeu est évidemment considérable : l’année est présidentielle. Face à la montée en puissance de l’opposition, pour qui l’affaire Nisman paraît du pain bénit, CFK doit bien sûr défendre son bilan, autant que se défendre de toutes les accusations qui l’entourent dans le cadre de l’affaire Nisman. Sur ce dernier point, les « soucis » se sont quelque peu éloignés cette semaine, la justice ayant décidé de ne pas retenir les mises en accusation du procureur défunt.

Toutefois, le pouvoir kirchnériste est mis à rude épreuve et les grandes manœuvres pour préparer les élections présidentielles et la succession de Cristina Kirchner sont d’ores et déjà en branle. Jeudi dernier, le directeur de cabinet, Jorge Capitanich a ainsi été débarqué pour être remplacé par Anibal Fernandez, un des principaux dirigeants de la Campora. Capitanich qui était au front depuis plus d’un an, donnant des conférences de presse tous les matins (rappelons que Cristina Kirchner ne donne pas de conférence de presse) a sans doute joué le rôle de fusible dans un contexte particulièrement tendu, où les attaques n’ont cessé de pleuvoir.

Ce 1er mars est donc l’occasion pour CFK et le kirchnérisme de réaffirmer leur puissance après un #18F qui a fait beaucoup parler de lui en Argentine et à l’étranger.

 

Cristina somos todos.jpg

 

Une foule compacte, des milliers de drapeaux, un enthousiasme populaire évident, des gens de tous âges et de toutes classes. Le rassemblement organisé ce premier mars, en soutien à CFK, a été un succès considérable. Comme toujours, on a retrouvé dans les messages et les banderoles brandis des références à Nestor et à Evita. L’émotion qui entoure le personnage de Cristina Kirchner est évidente. Mais de là au culte de la personnalité... Une chose est sûre, la foule réunie affirmait avec force le "Somos patria" (slogan de CFK).

 

Unidos y organizados.jpg

 

Dernier discours de Cristina Kirchner au Congrès

Tous les ans, le président argentin inaugure l’année législative au Congrés. Le mandat de Cristina Fernandez de Kirchner prenant fin cette année, ce 8e discours devant l’Assemblée est particulièrement symbolique… d’autant plus dans un contexte actuel d’opposition renforcée.

Si certains ignoraient encore la « modernité » de CFK et sa passion pour les réseaux sociaux, ils auront appris aujourd’hui ce trait caractéristique du gouvernement de la présidente. Celle-ci a en effet ouvert son discours de 4h par la lecture d’un tweet de Joseph Cotterill, du Financial Times en date du 27 février sur la valeur en hausse des bons du Trésor argentins*.  

L’économie a constitué un pan fondamental de son discours : fin de la dette externe argentine, lutte contre les fonds vautours, capacité du pays à éviter la catastrophe économique annoncée par tant d’observateurs et par l’opposition, amélioration récente des réserves de la Banque Centrale…

Une véritable avalanche de chiffres à donner le tournis ! Et difficile sans avoir de connaissance fine de l’économie argentine de mesurer le vrai sens de tous les chiffres transmis par la présidente.

De nombreux exemples détaillés sur la bonne santé économique argentine s’en sont suivies :

  • Tourisme interne en forte hausse (rien de surprenant quand on sait qu’il devient très compliqué pour les Argentins de sortir du pays).

  • Bonne santé de Aerolineas Argentinas

  • Développement de l’industrie argentine (qui représente 20% du PIB selon CFK)

  • Fort soutien aux PME (PYMES)

  • Développements technologiques en particulier avec : lancement du premier satellite argentin (Arsat) en octobre 2014.

  • Meilleure indépendance énergétique avec développement de l’énergie nucléaire avec l’atteinte de 100% d’efficacité d’Atucha II et accord récent avec la Chine pour lancer prochainement la 4e centrale nucléaire argentine ; amélioration des performances d’YPF…

La présidente a provoqué des cris de joie de ses partisans lorsqu’elle a annoncé que le gouvernement allait prochainement reprendre la gestion du réseau ferroviaire.

 

Autres sujets sur lesquels Cristina est revenue, les avancées sociales du pays :

  • Amélioration de la situation des travailleurs, avec un salaire minimum qui a cru de 2000% depuis 2003 (Salaire minimum le + haut d’Amérique latine), et un ensemble de lois votées par le Congrès et toutes favorables aux travailleurs

  • Amélioration de la situation des retraités (meilleure retraite de toute l’Amérique latine)

  • Plan de santé publique gratuite, en progrès permanent

  • etc.

 

La présidente n’a pas manqué tout au long de son discours de s’en prendre aux « ennemis internes » (ceux qui cherchent à déstabiliser le pouvoir, elle a particulièrement pointé du doigt le « parti judiciaire ») et les ennemis externes (secteur financier international, États-Unis, etc.).

À travers une harangue extrêmement ferme, elle s’en est par ailleurs prise à ceux qui l’accusent de vouloir freiner l’enquête AMIA.

 

Reste maintenant à savoir si son discours long de 4H résistera aux analyses et aux mises en perspective, et si son bilan permettra au candidat de l'officialisme de remporter les élections présidentielles de 2015.

 

[edit 02 mars 2015 : pour voir une analyse critique sur les chiffres données par Cristina tout au long de son discours, voir l'article d'Iprofesional]

 

Foule Callao 1er mars.jpg

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*Le journaliste a rapidement réagi en remerciant la présidente pour la mention, mais où il précisait que cette amélioration de la valeur des bons était probablement aussi liée au peu de temps qu’il reste à CFK à la tête de l’Argentine.

 

Photos : Isabelle Laumonier

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