07/04/2012
Argentine: rêve d’autarcie ou navire qui prend l’eau ?
Le vendredi 30 mars, l’Union Européenne, les Etats-Unis et 12 autres pays ont déposé une plainte contre l’Argentine à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), contre les mesures liées aux limitations d’importations. L’Argentine a aussitôt réagi avec un communiqué à l’encontre de ces pays : "Ils souhaiteraient que nous absorbions la crise dont ils souffrent". Encore une fois, le gouvernement Kirchner ne fait pas dans la demi-mesure.
Si de nombreux pays (y compris les pays ayant déposé la plainte) renforcent les mesures de protection de leur industrie nationale dans un contexte de crise, l’Argentine va toutefois beaucoup plus loin. Devant l’OMC, l’Argentine s’est défendue avec 3 arguments :
- La politique commerciale actuelle n’est pas en infraction avec les règles de l’OMC (ce qui reste à prouver !) ;
- Les importations en 2011 ont sensiblement augmenté et ce pour toutes les provenances
- L’Argentine défend son droit à mener une politique de développement.
Le cœur du problème vient des limitations d’importation extrêmement sévères depuis la mise en place de la Declaracion Jurada Anticipada le 1er février 2012. L’objectif argentin : faire cesser la sortie de devises du pays.
De fait, aujourd’hui acheter des produits importés devient une gageure !
Plusieurs boutiques d’entreprises étrangères ont dû fermer leurs portes, comme Calvin Klein Underwear
Autre effet délirant : la fin annoncée de l’importation des livres ! La mesure a provoqué un tollé du monde universitaire et une rebellion très virulente sur facebook et a été rapidement retirée. Toutefois dans les faits, l’Argentine a mis en place une nouvelle norme freinant l’importation de livres, majoritairement en provenance d’Espagne, en raison du problème sanitaire posé par l’encre de certains livres, qui contiendraient du plomb… Délire, on vous le dit ! Et la culture dans tout ça ? Elle l’a dans le baba !
Le secrétaire à la culture Jorge Coscia s’est d’ailleurs fait remarquer en affirmant que le gouvernement avait la souveraineté culturelle sur ce qui s’édite ou non…
Les effets de ces mesures anti-importations sont par ailleurs très négatifs sur l’industrie argentine même, qui ne peut plus s’approvisionner en machines-outils nécessaires notamment pour l’agriculture ; ou pour certaines industries qui ne peuvent se procurer les pièces indispensables au montage de certains produits !
Les Argentins désormais n’hésitent pas à aller faire leurs courses en Uruguay ou au Brésil, notamment pour tout le petit électro-ménager, les produits « technologiques » (Iphone, routeurs wifi, etc.) ainsi que pour les cosmétiques.
Les mesures à l’emporte-pièce du gouvernement Kirchner traduisent la situation économique et budgétaire extrêmement délicate que traverse le pays. Mais une chose est sûre, elles ne font que colmater des brèches, sans prendre compte du fait que derrière, le fleuve gronde de plus en plus…
06:06 Publié dans Economie argentine, Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : limitations, importations, argentine, omc, wto, declaracion jurada anticipada, protectionnisme, autarcie, livres | Facebook | | |
03/04/2012
2 avril 2012 : il y a 30 ans, la guerre des Malouines
Voilà près de 6 mois que le sujet des Malouines est constamment présent dans l’agenda de Cristina Kirchner. Et pourtant aujourd’hui, date anniversaire du début de la guerre, à Buenos Aires, c’est le calme plat.
L’avenue 9 de Julio est encore encombrée des gradins et des barrières installées pour la course de Grand Tourisme qui a eu lieu deux jours plus tôt. Des pneux sont amoncelés devant la Casa Rosada. Et les drapeaux qui flottent au-dessus de l’avenue de mai célèbrent juste le retour d'une grande compétition automobilie dans les rues porteñas.
Finalement, ce sont encore les murs et les journaux qui parlent le plus des îles du Sud-Atlantique. Comme toujours, des affiches réclamant la souveraineté de l’Argentine sur les Malouines sont présentes ici et là. La « perle perdue »fait la Une de tous les quotidiens (mais depuis combien de semaines déjà ?). En passant devant un bar, j’aperçois Cristina sur un écran de télévision, mais la salle est vide.
Il n’y a que sur la place de Mai que les Vétérans non-reconnus de la guerre continue de crier injustice. Ils ont installé sur une des pelouses des croix pour leurs compagnons tombés au combat. Quelques passants viennent discuter avec eux. Mais aujourd’hui les plus nombreux sur la place de mai sont bel et bien les pigeons.
Face à la Casa Rosada, un panneau en anglais vient toutefois rappeler que l’Argentine reste aux abois.
00:05 Publié dans Politique argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guerre, malouines, anniversaire, vétérans, place de mai, 30 ans | Facebook | | |