04/10/2011
La belle et la dette
Cristina Kirchner (photo) doit en rêver : cette dette de 173 milliards de dollars, que l’Argentine doit aussi bien à des entreprises privée, à des organismes internationaux, qu’à des agences du secteur public argentin.
Le lundi 26 septembre, le réveil a dû être un peu plus agité que d’habitude, car les Etats-Unis ont décidé de taper du point sur la table et annoncé qu’à partir de maintenant ils s’opposeraient à tout nouveau prêt accordé à l’Argentine, au sein de la Banque Interaméricaine de développement (BID) et de la Banque Mondiale.
Il faut dire que l’Argentine a un lourd passif derrière elle avec la crise de 2001 qui l’avait mise à terre et rendue incapable d’honorer ses paiements. Mais depuis la situation s'est toutefois améliorée, notamment en ce qui concerne la dette extérieure qui s'est stabilisée à 38% du PNB, contre 71% en 2005 (source). L'agence Standard's & Poors a, mi-septembre, qualifié cette dette de stable.
Mais ce que l’on sait moins, c’est que de nombreux litiges perdurent en matière de règlements de dettes: les Etats-Unis ont ainsi fait remarquer que l’Argentine détenait le record des litiges non réglés (18 sur 42) auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI ou ICSID). De plus, elle refuse toujours de régler trois versements auxquels elle a été condamnée (notamment dans un contentieux qui l'opposait à Vivendi).
Si la posture américaine n’a pas d’impact véritable au niveau de la BID (cette décision prise unilatéralement ne peut entraîner l’arrêt des prêts, dans une institution où l’Argentine détient une participation de 11,18%), mais au niveau de la Banque Mondiale où les pays développés sont bien plus représentés, cette décision pourrait avoir plus de poids.
D’autant plus que l’Argentine a mauvaise presse ces derniers temps auprès des institutions de Bretton Woods. La semaine précédente, le FMI de Christine Lagarde, a de manière publique précisé qu’elle ne pouvait faire confiance aux statistiques économiques transmises par le gouvernement argentin, en particulier en ce qui concerne les chiffres de l'inflation.
Face à cette accusation, le gouvernement argentin avait vite fait de s’emporter contre le FMI et critiquer une nouvelle fois ses prévisions. A un moins à peine des prochaines élections présidentielles, où Crisitina F. Kirchner est donnée largement gagnante, si celle-ci peut défendre son bilan en matière de dettes (de nombreux Argentins la soutiendront sur les questions litigieuses de non-remboursement), l'ombre de l'inflation pourrait-elle, quant à aller, jouer un rôle décisif ?
Banque Mondiale et FMI : deux structures honnies
La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire international sont bien connus en Argentine… et surtout bien détestés ! Les plans d’ajustement structurels qu'ils ont imposés dans les années 80-90 ont en effet contribué à une détérioration de la situation économique à travers une politique de privatisations, de dérégulation financière et commerciale, etc. qui ont abouti à la crise dramatique de 2001.
19:56 Publié dans Economie argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
03/10/2011
Microcrédit : le grand inconnu argentin
Il fallait être très attentif à la presse de ces deux dernières semaines pour trouver des échos de la manifestation organisée le 13 septembre dernier par la Banque Provincia, et plus précisément son entité Provincia Microempresas. Pourtant la manifestation était de taille : 10 000 personnes rassemblées au Luna Park (l’équivalent de Bercy ou du Zénith), pour fêter l’octroi du 20 000e microcrédit à une petite entreprise.
La banque n’a pourtant pas lésiné sur l’événement : remise du prix par le gouverneur de la province (Daniel Scioli, soutien de CFK), show de Valéria Lynch (site officiel de la chanteuse, très élégant ;-) etc .
Source photo : Tres lineas
Et si l’on en croit les chiffres et les témoignages, Provincia Microempresas est un beau succès : lancée en 2009, avec 8 succursales, elle en compte aujourd’hui 62, et les clients semblent tous satisfaits. Un comité des clients a même été monté sur facebook (pour l'instant, il se félicite uniquement du spectacle du 13 septembre!)
Il faut préciser que le service de microcrédit proposé par Provincia Microempresas se concentre, comme son nom l’indique sur les entreprises, et n’accorde pas de microprêt à la consommation (ces prêts qui au cours des derniers mois ont provoqué de profonds scandales dans l’univers de la microfinance).
Ce qui est étonnant, c’est que malgré le succès apparent de cette manifestation, la microfinance en Argentine reste un sujet très largement méconnu. Interrogeant les personnes de mon entourage sur leurs connaissances à ce sujet, aucune ne connaissait le terme-même de microfinance.
Doit-on y voir le reflet de :
1° la jeunesse des structures actives en microfinance en Argentine ? La microfinance est bien plus développée dans les pays plus pauvres du continent latino-américain (Bolivie, Pérou, Nicaragua… A noter toutefois que le secteur de la microfinance est très développée au Mexique)
2° la méfiance générale des Argentins à l’égard du secteur bancaire et financier ? La crise de 2001 n’en a pas fini de laisser de traces. Les banques restent considérées la plupart du temps comme des « voleuses ».
Le chemin est donc encore long avant de faire éclore un secteur mature, disposant d’une bonne visibilité, et efficaces dans son appui aux clients.
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Quelques autres acteurs de la microfinance en Argentine :
> Red Argentina de instituciones de microcredito (RADIM)
> PlaNetFinance Argentina
20:40 Publié dans Economie argentine, Société argentine - questions sociales | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
02/10/2011
Mais où sont les pumas ?
Ce samedi, alors que l’équipe de France venait de se faire battre par les Tonga, l’équipe d’Argentine connue sous le nom des Pumas, remportait son match contre la Géorgie (25-7) et accédait ainsi pour la troisième fois de son histoire aux quarts de finale d’une coupe du monde de rugby.
Historique ... mais quasi inaperçu !
Depuis mon arrivée, j’essaie de suivre tant bien que mal ce qui se passe en Nouvelle-Zélande, mais voilà une activité peu aisée à Buenos Aires. Un peu la faute au décalage horaire (les matchs de l’après-midi à Auckland sont vus ici à 21h, quant aux matchs de soirée, ils passent à 4h du matin ; il faut être amoureux du rugby !), mais surtout la faute à un certain manque d’intérêt des porteños pour ce sport aux racines ô combien européennes.
Pourtant ils en ont des joueurs de haute-volée, de leur capitaine Felipe Contepomi au 3e ligne Leguizamon, en passant par le talonneur Mario Ledesma…
Malgré cela, les Pumas sont surtout présents sur des panneaux publicitaires et dans quelques vitrines de magazins sportifs, et beaucoup moins dans les conversations !
© Isabelle Laumonier
Il faut dire que leurs joueurs évoluent presque tous à l’étranger (les 3 précédemment cités jouent par ordre de citation au Stade Français, au Lou Rugby (Lyon), et à Clermont) pour une raison finalement assez simple : il n'existe pas de ligue professionnelle.
Et pour cause, comment faire percer le rugby dans un pays où le football est si absolument monarque ?!
Il ne semble pas encore arrivé le rugbyman qui saura faire vibrer les foules comme Maradona ou le divin Messi.
En attendant, rendez-vous est donné le dimanche 9 octobre pour un redoutable quart de finale contre les All Blacks !
18:49 Publié dans Culture argentine | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
01/10/2011
Ouvrir une nouvelle fenêtre
Buenos Aires a tout d’une ville européenne, dit la légende. Et pourtant…
Société, économie, politique, la capitale argentine présente aujourd’hui au contraire tous les traits d’une ville sud-américaine.
A travers des chroniques, parfois légères, parfois sérieuses, je vous propose de découvrir avec moi le Buenos Aires quotidien.
A suivre sans modération !
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