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27/01/2015

Chronologie de l'affaire Nisman

L’affaire Nisman est décidément bien obscure et ses rebondissements légion. John Le Carré, Dashiel Hammet ou encore Gérard de Villiers auraient bien eu du mal à imaginer un scénario si compliqué… Encore une fois, la réalité va bien plus loin que la fiction… Voici une chronologie rapide des principaux jalons permettant de comprendre le contexte de la mort de Nisman. Quant à dire que vous y verrez plus clair après avoir lu ce récapitulatif… Je vous laisse juge !

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Septembre 2004 : Nestor Kirchner présente Jaime Stiusso, chef de la contre-intelligence à la SIDE (services de renseignement argentins), à Alberto Nisman, le procureur en charge de l’affaire AMIA. Le « binôme » doit poursuivre la difficile enquête sur l’attentat ayant eu lieu 10 ans auparavant.

2006 : Stiusso apporte à Nisman les « preuves » de la responsabilité iranienne. Selon Horacio Verbitsky, spécialiste du cas AMIA, ces preuves sont transmises (fabriquées ?) par la CIA et le MOSSAD, avec lesquels Stiusso est lié.

Janvier 2013 : Les gouvernements argentin et iranien signent à Addis-Abeba un Memorandum de coopération sur l’enquête liée à l’AMIA. Ce mémorandum est considéré par beaucoup comme une « trahison » ; il semble aller à l’encontre de tous les efforts déployés par Nisman pour valider la responsabilité iranienne dans l’attentat.

Nisman, Jaime Stiusso, Memorandum Iran-Argentin, AMIA

 

Juillet 2013 : Le vice-président de la DAIA (délégation des associations israélo-argentines) affirme dans un discours à l’occasion du 19 e anniversaire de l’attentat contre l’AMIA que « le mémorandum est un projet politique qui cherche à accorder l’impunité aux accusés ».

Décembre 2014 : Jaime Stiusso est débarqué de son poste à la SIDE et remplacé par Oscar Parrilli, partisan de CFK.

12 janvier 2015 : Le procureur Alberto Nisman revient de ses vacances de manière anticipée. Le départ est brusque. Il laisse sa fille à l’aéroport de Madrid, tandis qu’il attrape un vol pour Buenos Aires

14 janvier : Il met en cause Cristina Kirchner et le ministre des Affaires étrangères dans l’affaire AMIA, les accusant de tentative d’étouffement de l’affaire, au bénéfice des accusés iraniens. Il affirme détenir des enregistrements démontrant son accusation. La plupart de ces enregistrements résultent d’écoutes que Stiusso aurait transmises à Nisman

16 janvier : Les officialistes (proches de CFK) affirment que l’attaque de Nisman contre le gouvernement est en fait dirigée par Stiusso, qui aurait été le véritable chef d’orchestre de l’enquête sur l’AMIA. Autrement dit, la mise en cause de la présidente serait une vengeance contre la mise à pied de Stiusso, un mois plus tôt.

18 janvier : 1 jour avant son audition devant le Congrès au sujet de la mise en cause, le procureur Nisman est retrouvé mort dans son appartement de Puerto Madero.

  • Une mort qui ressemble à un suicide : la mère de Nisman le trouve mort dans sa salle de bain, une balle dans la tête

 

  • L’arme trouvée dans la main du procureur appartient à Lagomarsino

 

  • Les premiers rapports disent que la porte était fermée de l’intérieur (avant que l’on apprenne l’existence de deux autres portes)

19 janvier : branle-bas de combat à Buenos Aires

  • Une marche #YosoyNisman rassemble des milliers de personnes devant le palais présidentiel. Réclamant la vérité et mettant très clairement en cause le gouvernement

Nisman, Jaime Stiusso, Memorandum Iran-Argentin, AMIA
Source photo

 

 

  • La présidente réagit par une lettre ouverte… sur Facebook

 

 

20 janvier : La « denuncia » de Nisman est rendue publique

21 janvier : Plusieurs spécialistes du dossier AMIA - c’est le cas notamment d’Horacio Verbitsky - estiment que la « denuncia » connue la veille n’apporte aucun nouvel élément probant à l’enquête..

22 janvier : L’informaticien (spécialiste du hacking) Lagomarsino explique qu’il a prêté l’arme à Nisman le 18 janvier car celui-ci se sentait menacé

22 janvier (toujours) : une caméra de sécurité de l’aéroport d’Ezeiza est dévoilée. On y voit le procureur à sa sortie de l’avion. L’attend un dénommé « Martin », qui serait membre des services de renseignement argentin et proche de Jaime Stiusso.

24 janvier : Les premières « écoutes » sont diffusées, notamment par Lanata. Il y apparaît de manière claire que la Casa Rosada était en contact permanent avec des représentants du gouvernement iranien. Les personnes impliquées via ces écoutes sont Yussuf Khalil et Luis d’Elia.

24 janvier : Damian Pachter, le journaliste du Buenos Aires Herald qui avait été le premier à connaître et révéler la mort de Nisman sur Twitter, quitte le pays se sentant menacé.

25 janvier : La Casa Rosada au mépris des lois sur la vie privée publie sur son fil Twitter une capture d’écran du voyage entrepris par Pachter

25 janvier : Pachter, exilé en Israel (après être passé par Montevideo et Madrid) signe une tribune dans Haaretz qu’il termine par les mots suivants : « Argentina has become a dark place led by a corrupt political system. »

26 janvier : Cristina Fernandez de Kirchner annonce la dissolution de la SIDE et la création d’une « Agence fédérale d’Intelligence »; elle rappelle également que Lagomarsino est un féroce opposant du gouvernement et que son frère travaille chez Clarin. Tadam! Il ne manquait vraiment plus que mettre Clarin dans la boucle.

Nisman, Jaime Stiusso, Memorandum Iran-Argentin, AMIA

 

Entre le rôle probablement central de Jaime Stiusso, personnage au parcours particulièrement obscur (il commence sa carrière dans le renseignement pendant la dictature), les interventions plus que crédibles de la CIA et du Mossad, et la gestion très hiératique et donc très suspecte de l’affaire par le gouvernement, il est bien difficile de se faire une idée sur la vérité concernant cette affaire.

Il est probable toutefois que Nisman ait été un pantin entre les mains de quelqu’un d’autre… Un pantin devenu très gênant ?

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