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06/02/2014

Shopping à Buenos Aires… Le groupe Irsa en ligne de mire

Des affiches qui crient au loup ont peut-être attiré votre attention… Depuis quelques semaines, les shoppings (centres commerciaux) sont visés par une campagne coup de poing. La cible principale : le groupe IRSA-Elzstain, propriétaire de la plupart des centres commerciaux de Capital Federal. De quoi parle-t-on donc ?

shopping corte de luz buenos aires.jpg


Les messages de la campagne anti IRSA

3 affiches ont été créées et placardées sur les avenues de Buenos Aires. Les messages sont forts et directs.

  • Shopping = coupure de courant
  • Groupe IRSA = monopole et exploitation des commerçants
  • Groupe IRSA = destructeur des normes urbanistiques et environnementales

 

1er argument : + Shopping = + Cortes de Luz

L’argument sur les coupures de courant en théorie devrait faire mouche. Depuis le mois de décembre, la capitale argentine subit une vague de fortes chaleurs, qui provoque dans de nombreux quartiers des coupures de courant, le système électrique national n’étant pas suffisamment performant. Dans certains quartiers (Monserrat, Almagro, Flores, etc.), les coupures ont duré plus d’une semaine ; dans certains cas, elles ont atteint 20 jours. Et quand on sait qu’à Buenos Aires, pas d’électricité signifie souvent pas d’eau, autant dire que la bérézina est parfois totale.

La campagne d’affichage révèle que la consommation électrique d’un centre commercial est équivalente à celle de 60 blocs de maisons (les fameuses manzanas). Soixante ! Les temples de la consommation sont voraces. Et jamais, la question de leur responsabilité n’est posée.

Quand les shoppings prendront-ils symboliquement la mesure de limiter l’utilisation de l’air conditionné ou de l’éclairage façon « pleins phares » ? Jamais, probablement. Notamment parce que les « sinistrés », ceux qui n’ont pas d’électricité plusieurs jours durant, vont se réfugier au shopping pour trouver un peu de fraîcheur. Et si on commençait par leur expliquer qu’il n’y a pas d’électricité chez eux, parce que le shopping consomme trop ?

 

2e et 3e argument : le front anti-IRSA/Elsztain

campagne fecoba groupe Irsa Elsztain.jpg

Les shoppings sont donc incriminés, mais qui se cache derrière ces centres commerciaux où courent les Porteños ? Les affiches donnent un nom : le groupe IRSA-Elzstain. Penchons-nous donc un peu sur cette entreprise.

Le groupe IRSA est la propriété d’Eduardo Elzstain. Cet Argentin a construit son empire à partir de la fin des années 80, avec l’appui de George Soros qui a investi dans ses affaires. Au cours des années 90, le groupe IRSA est devenu l’une des principales entreprises immobilières argentines : plus qu’une entreprise, un véritable empire. Le groupe IRSA possède la quasi-totalité des grands centres commerciaux de Buenos Aires : Abasto, Alto Palermo, Galerias Pacifico, Patio Bullrich, etc.

Une des récriminations de la campagne d’affichage dénonce notamment les tarifs exhorbitants qu’applique le groupe IRSA aux enseignes qui y louent des locaux.

 

Qui coordonne la campagne d’affichage ?

La campagne est commanditée par la FECOBA (Federacion de comercio y industria de Buenos Aires). Cette fédération défend notamment les droits des petits commerçants, qu’elle estime victimes des groupes propriétaires de grands centres commerciaux. Selon la FECOBA, l’impact des shoppings sur l’emploi, le pouvoir d’achat et la vie de quartier est en tout point négatif.

 

Pourquoi la campagne a-t-elle surgi récemment ?

En décembre dernier, le groupe IRSA devait inaugurer un nouveau centre commercial situé sur Juan B. Justo, en plein Palermo. Baptisé Districto Arcos, ce nouvel ensemble avait vu sa construction freinée en septembre, un juge ayant réclamé des documents administratifs que l’entreprise n’avait pas fournis. Les travaux avaient finalement avancé, mais coup de théâtre la veille de son ouverture, la justice a finalement retardé l’ouverture suite à une plainte de la FECOBA.

Toujours en décembre, un collectif s’est mobilisé contre la construction d’un nouveau méga-shopping à Caballito, dont la construction a été autorisée par Mauricio Macri. Les habitants de la zone concernée (Avellaneda 1500) dénoncent une autorisation qui contrevient au plan d’urbanisme, et qui apportera de nombreux effets collatéraux négatifs : fermeture des petits commerces, problèmes d’électricité, de gaz… Contre les accusations du collectif, IRSA s’est défendu en affirmant que ses autres centres commerciaux (Abasto, DOT…) avaient contribué au développement des quartiers où ils sont implantés.

Pour l’heure, la pression exercée par la FECOBA semble fonctionner, mais pour combien de temps ?

 

Qui est donc Eduardo Elsztain ?

Elzstain et CFK.jpg

Tout le monde semble vouloir être ami d’Eduardo Elzstain, dont les réseaux d’influence sont considérables. Très proche de Cristina Kirchner, il l’est tout autant de Mauricio Macri.

Argent, pouvoir, et influence, mieux vaut avoir le patron d’IRSA dans ses petits papiers, et ce même s’il avait été éclaboussé par le scandale de la privatisation de la banque Banco Hipotecario (dont le groupe IRSA détient toujours 30% des parts)

Que la gestion d’IRSA soit marquée par une course effrénée au profit, bien bizarrement, ne semble pas choquer. Quand le gouvernement parle de mouvements spéculatifs visant à diminuer l’économie nationale, peut-être devrait-il commencer par en toucher un mot à monsieur Elsztain ?

 

 

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