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15/01/2014

Mort du poète argentin Juan Gelman

De sa vie, on peut dire qu'elle fut faite de drames, de larmes, d'exils, mais aussi d'amour et d'engagements. Juan Gelman est mort hier 14 janvier au Mexique, où il vivait depuis de nombreuses années.

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C'est quand on regarde son parcours et les tragédies qu'il a pu subir, qu'on se dit que la force de vie du poète était colossale et ses luttes jamais achevées. Né en 1930 d'un couple de juifs ukrainiens immigrés à Buenos Aires, Juan Gelman fait montre dès son plus jeune âge de ses talents pour la poésie.

Il fait partie dans les années 50 d'un groupe de jeunes poètes, tous militants des jeunesses communistes. Poésie et engagement ne font qu'un. Les mots doivent changer le monde, et pour cela, il ne faut pas hésiter à changer les mots. Transformer la langue, révéler des formes cachées, innover pour réveiller... Le poète est l'homme du peuple, il en dit les désarrois, les tourments, les passions.

Au début des années 1970, Gelman se signale en tant que journaliste et rédacteur en chef du journal péroniste "Noticias de los Montoneros". Résolument marqué à gauche, Gelman doit fuire lorsque la junte militaire prend le pouvoir en 1976. Débute alors un exil qui ne cessera jamais : Rome, Madrid, Paris, New York, Mexique... Juan Gelman vit loin de sa terre natale, où s'abat une sinistre dictature.

La tragédie le touche personnellement puisque son fils et sa belle-fille comptent parmi les Disparus de la dictature. Ce n'est qu'en 2000 qu'il connaîtra enfin sa petite-fille (née en captivité) adoptée par un couple de policiers uruguayens (le vol de bébés est l'une des particularités de la dictature argentine).

Juan Gelman a dû attendre 1988 avant de rentrer librement en Argentine, puisque jusque-là un mandat d'arrêt pesait sur lui, du fait de ses liens dans les années 70 avec les Montoneros, considéré comme une organisation violente, coupable d'atteinte aux droits de l'homme.

Primé à maintes reprises pour son oeuvre, Juan Gelman avait choisi de rester vivre au Mexique. Il était collaborateur régulier du journal argentin Pagina 12.

 

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Una mujer y un hombre

Una mujer y un hombre llevados por la vida,
una mujer y un hombre cara a cara
habitan en la noche, desbordan por sus manos,
se oyen subir libres en la sombra,
sus cabezas descansan en una bella infancia
que ellos crearon juntos, plena de sol, de luz,
una mujer y un hombre atados por sus labios
llenan la noche lenta con toda su memoria,
una mujer y un hombre más bellos en el otro
ocupan su lugar en la tierra.

Juan Gelman

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