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15/11/2014

Bienvenue à Epecuen, la ville ressurgie des eaux

Amateurs de tourisme « alternatif », cette destination argentine est faite pour vous ! Située à quelque 500 kilomètres au sud-ouest de Buenos Aires, au bord du Lac éponyme, Epecuen a connu un bien étrange destin

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Pendant 60 ans, Epecuen se l’est coulée douce

La ville fut créée en 1920 et bénéficia d’une part, de la particularité des eaux du lac, présentant un taux de salinité considérable (10 fois supérieur à celui de la mer) et favorisant ainsi le développement d’un tourisme thermal à ses abords, et d’autre part du développement des chemins de fer. Desservie par la ligne « Ferrocaril Oeste », Epecuen se convertit peu à peu en lieu de villégiature populaire, attirant les Porteños souhaitant profiter des bienfaits et du cadre agréable de cette bourgade en bordure de lac.

Entre les années 50 et 70, près de 25 000 touristes se rendaient chaque été à Epecuen où les infrastructures touristiques s’étaient développées.

 

Et pourtant… À peine née, condamnée !

Si bien sûr, c’est la proximité du lac qui fit le succès d’Epecuen, c’est lui aussi qui en signa la fin. Le lac d’une superficie de 160 m2 fait partie d’y complexe système lacustre appelé « Encadenadas del Oeste », 6 lacs et lagunes qui s’ « enchaînent » au fond d’une cuvette. Dès le 19e siècle, on constata que pendant les époques sèches le niveau des lacs, en particulier de l’Epecuen, baissait considérablement. Pour résoudre ce problème, il fut décidé de canaliser une rivière située dans la même zone géographique, pour permettre la circulation de l’eau d’un lac à l’autre par un effet de vases communicants.

encadenadas del oeste.jpg

Le lac Epecuen figurant tout au bout de la chaîne, il a toujours été sujet à de relativement importantes variations de niveaux, ce qui expliqua la construction d’une digue de protection dans la jeune bourgade d’Epecuen.

Puis en 1979, la construction d’un nouveau canal collecteur plus important fut décidée. Faute de moyens et d’entretien, ce canal allait signer la mort d’Epecuen. En effet, dès le début des années 80, les habitants constatèrent que les inondations se multipliaient en cas de fortes pluies… jusqu’à ce qu’en 1985, suite a une période de très fortes intempéries dans la Province de Buenos Aires, la digue de la ville cède provoquant un envahissement progressif des rues par les eaux.

Epecuen coucher du soleil.jpg

 

Tous les habitants de la ville avaient alors fui, ayant anticipé le drame à venir. Commença alors pour Epecuen une lente plongée sous-marine qui culmina en 1993, année où la ville se retrouva a 10 mètres sous la surface du lac.

 

L’Atlantide inversée

Mais c’était sans compter sur les alternances climatiques de la région. Au cours des 15 dernières années, un niveau moyen de précipitations annuelles beaucoup plus bas, contribua peu à peu à la baisse du niveau des eaux dans les Encadenadas del Oeste. Et dès 2009, Epecuen commença doucement à ressurgir des eaux pour faire découvrir un spectacle étrange et inquiétant de maisons en ruines, d’arbres pétrifiés, de rouille… et d’os, puisque suite à l’inondation du cimetière de Carhue situé à quelques encablures d’Epecuen, des cranes se sont retrouvés exposes, catacombes a l’air libre.

Epecuen auto abandonnee.jpg

 

L’extrême salinisation de l’eau a contribué à l’effondrement des maisons et à la mort de toutes les espèces végétales précédemment englouties.

Aujourd’hui Epecuen se visite comme une rareté, un cabinet de curiosités et devient un décor formidable pour les directeurs de la photo cherchant des cadres insolites. Difficile d’imaginer que 40 ans plus tôt, les rues bruissaient encore des rires des estivants.

 

Dans cet article que j’ai posté en 2012, intitulé « Une vision française de l’Argentine en 1937 », j’ai intégré une petite photo du réseau ferré argentin en 1937. Les chemins de fer connaissaient leur âge d’or et avaient permis le développement de nouvelles destinations touristiques.

 

Photos de l’article : Juan Mabromata (AFP)

Reportage de Viajes Ocultos

Photos de Villa Epecuen sur Tumblr

 

En 2014, la ville a été utilisée comme décor pour le tournage d'un court-métrage sponsorisé par RedBull avec le VTTiste Danny MacAskill. A voir !! Y témoigne Pablo Nowak, le seul habitant d'Epecuen à y être revenu. 

 

 

 

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