Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/10/2012

La danse sublimée au Teatro Colon

Les corps s’élèvent, glissent, bondissent, les membres se font plumes ; une armée organisée s’avance, des corps synchronisés et vibrants remplissent l’espace ; des étreintes sensuelles et mystiques, des femmes papillons au bord de l’abîme, des couples dans la ronde… Le Teatro Colon offre avec sa Trilogie Néoclassique une performance saisissante de sa troupe de ballet.

 

margarita y armando.jpg

Pourtant, a fortiori, le pari paraissait osé : inclure dans une même représentation 3 œuvres sans lien aucun, sinon le néoclassicisme !, Margarita y Armando (musique de Franz Liszt ; Choréographie de Frederick Ashton) ; FugA_technic@ (musique de Alexander Balanescu ; choréographie de Eric Frédéric) et Before Nightfall (musique de Bohuslav Martinu, choréographie de Nils Christe)… Il fallait un certain sens de l’audace pour tenter l’enchaînement. Car certes, les œuvres rentrent toutes dans un courant « néoclassique », de pas et d’expressions rénovés, mais aux spectateurs elles pouvaient paraître comme absolument distinctes.  

Et de fait, les pièces séparées par un entracte n’étaient que très peu reliées entre elles, si ce n’est par la persistance rétinienne de la grâce exaltante des danseurs du Colon.

La première œuvre « classique » pouvait surprendre par une entrée en matière quelque peu abrupte et peu compréhensible. Mais dès que Margarita et Armando se mirent à danser de concert, il fallut déjà céder à l’émotion de ces corps en dialogue tout en délicatesse et en passion. La danseuse Natalia Pelayo bouleverse par sa fragilité et une élégance qui touche au surnaturel.

 

fuga_tecnica_Balanescu_Frederic.jpg

Après le premier entracte, changement total d’atmosphère ; à la musique de Lizst dans la fosse d’orchestre, succèdent sur un podium dominant la scène les notes fougueuses et virtuoses d’Alexander Balanescu et de ses musiciens. Le corps de ballet prend parfois des airs d’armée de robot ; une chute et une cheville un peu retournée viennent malgré tout rappeler que ces danseurs sont bel et bien humains. La chorégraphie du Belge Eric Frédéric ne cède pas en inventivité et en percussion à la musique qui entraîne les spectateurs dans un rythme effréné et exaltant. Les corps sont tendus comme des arcs brûlants.

 

Before Nightfall_Nils Christe_Colon.jpgEt pour finir, nous voici à l’approche du crépuscule, le décor est envahi de formes géométriques sombres et peut-être inquiétantes. Les danseuses portent des robes si aériennes qu’on en sent presque sur soi leur frôlement, l’un des danseurs hypnotise avec un corps dont tous les muscles vibrent, les couples se cherchent à pas de deux ou pas de six. Si l’on ignorait l’extraordinaire performance physique que représente la danse, on serait ébloui par ce qu’elle véhicule d’évanescence.

Le Colon n’a pas fait mentir sa réputation : danse et musique ont encore créé une soirée d’exception !

 

Photos: Teatro Colon